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Voilà plus d'une semaine que j'ai cessé tout contact avec Églantine. Elle a arrêté de m'appeler et de m'envoyer des messages d'excuses. Je me sens bizarre, absent. Je me suis remis à regarder la télé, sans envie. Je tente de contenir mes émotions, chaque jour qui passe. Ça va un peu mieux, mais j'ai très envie de voir Églantine. La connaissant, je pensais qu'elle aurait tenté de venir à l'appartement.

Je ne me suis pas rendu au dernier cours de théâtre car j'avais peur de la croiser. Je me demande si elle y est allée ?

Je me promène en ville. Sans me l'avouer, j'espère croiser Églantine. J'arrive près d'un ruisseau. Il y a un banc. Je m'assieds et regarde l'eau s'écouler. Les arbres s'agitent dans le vent. J'entends des bruits de toute part. Plus loin, il y a un gymnase. Je ne l'avais jamais remarqué. Tout est bien calme. Je prends des cailloux et les jette dans l'eau. Le vent secoue la pointe de mon écharpe. 

Elle me manque... 

Je me lève et poursuis un sentier qui longe le courant. Je croise un homme avec une casquette. Je lui fait un timide salut mais il ne me le rend pas. Depuis que j'ai travaillé en tant que vendeur, je me sens bêtement obligé de saluer toutes les personnes que je croise. Devant moi, une rangée d'arbre se déploie en perspective jusqu'au bout du chemin. Je m'arrête devant l'un d'entre eux. Je fixe les aspérités de son écorce. Je le frotte avec le bout des doigts. Est-ce qu'il me sent quand je le touche ? Je continue ma route. Je tombe sur un parc. Une mère pousse un enfant sur une balançoire. Plus loin, des jeunes sont réunis en cercle. J'entends des pas écrasés derrières moi. Deux femmes courent ensemble en tenue de sport et manquent de me bousculer. Je trouve un nouveau banc et m'assieds. Un homme s'approche et me fixe. Il porte un sac. Il ralentit un moment puis continue sa marche le regard vide. Je prends de grandes inspirations. L'air est plus agréable ici que chez moi. J'essaye de me détendre. Des oiseaux se posent sur l'eau. Ils me donnent presque envie de patauger avec eux. 

L'homme au sac revient vers moi et s'arrête. Il me fixe à nouveau. Qu'est-ce qu'il me veut ?

_ Tu en veux ? Me demande-t-il en ouvrant son sac.

_ Pardon ?

_ Tu en veux ?

Il vend de la drogue ? Je n'ose regarder ce qu'il a dans son sac.

_ Non, non.

Il s'en va. Il m'a dissuadé de rester. Je me lève et m'en vais.

A la réflexion, peut-être que j'aurais dû lui en acheter...

LucasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant