Lucas

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" _ Tu es l'amour de ma vie.

_ moi aussi je t'aime. "

Églantine pleure comme une madeleine. J'essaye de contenir mes émotions. Ce film est vraiment l'antithèse d'un porno. Il transpire de sentiments à chacune des images qui défilent. Quelle idée pour des cancéreux en phase terminale de vouloir s'aimer ? Ça y'est, j'ai la gorge nouée et mes yeux se remplissent d'eau. Églantine me sert très fort. Elle est complètement immergée dans l'histoire. Je crois qu'elle s'identifie bien au personnage principal. Elle m'a lancé en début de projection : « on a la même coupe de cheveux ! ». Moi, j'ai eu du mal à entrer dans ce film, notamment parce que les acteurs sont frère et sœur dans une autre série de longs métrages... mais on finit par l'oublier. Aussi, je suis resté focalisé sur cette séquence où le jeune homme avoue avec humour qu'il est puceau. Sauf que lui, il a une bonne raison !

En tout cas, la télé marche bien. Un bel écran payé en quatre fois sans frais sur Internet. J'ai hésité à la prendre. C'était surtout pour faire plaisir à Églantine. Pour une fois, c'est moi qui pollue le bâtiment avec le son de « ma » télé. J'en éprouve un certain plaisir.

_ Tu l'as trouvé comment ? Dit-elle en se tournant vers moi. T'as les yeux qui brillent ! Se marre-t-elle.

_ C'est triste... dis-je démasqué.

_ J'adore ce film !!! J'ai l'ai vu une dizaine de fois et je ne m'en lasse toujours pas ! Ils sont tellement mignons tous les deux.

_ C'est particulier.

_ Particulier ?

_ Je ne sais pas. Je me suis dit tout au long du film que les gens ne parlent pas comme ça. Comment dire... on sent que c'est écrit, que ça manque de naturel.

_ Il ne faut pas oublier qu'ils ont un cancer ! Tu ne vois plus les choses de la même manière lorsque tu sais que tu vas peut-être mourir du jour au lendemain. Leur manière de parler s'adapte aussi à cette situation.

_ Je ne sais pas...

_ Ah... t'es bien un mec toi ! Tu parles qu'avec tes hormones.

_ Non.

_ Des fois quand j'ai très mal, je me dis que j'ai un cancer que les médecins n'ont pas décelé.

_ Les cancers ne font pas mal. Ils ne produisent pas de terminaisons nerveuses. A moins qu'ils ne touchent une zone sensible du corps ou se soient généralisés, mais ce ne serait pas bon signe... dis-je en en me grattant la tête.

_ Merci ! Tu me rassures ! S'écrie Églantine en me frappant du poing contre mon torse.

_ J'ai un point commun avec Augustus !

_ Hum... T'as un cancer ? T'as été amputé d'un membre ?

_ Non, c'est plus trivial que ça.

_ Trivial ?

Je prends une grande inspiration.

_ Je suis puceau !

Elle se met à rire alors que moi, je suis complètement prostré.

_ T'es sérieux ?!

_ Oui...

Elle me sert fort dans ses bras.

_ Je m'en doutais. D'habitude, les mecs n'attendent pas plus de trois jours pour se jeter sur moi ! Je me suis même demandé si tu n'avais pas une MST ou un autre problème de ce côté-là. Dans un sens, tu me rassures ! Dit-elle en ricanant.

_ Non. Je n'ai aucune MST. Du moins, pas à ma connaissance.

_ C'est mignon. Tu es mon Augustus à moi. Je suis très contente à l'idée de te dépuceler, dit-elle marquée d'un grand sourire.

Je suis un peu mal à l'aise. J'ai l'impression d'avoir perdu le contrôle. Qu'est-ce qui m'a pris de lui dire ça ?

_ Ne le répète pas à tes copines. Je t'en supplie...

_ Ne t'inquiètes pas, ce sera notre petit secret. Je sais que pour l'ego d'un mâle, ce doit être difficile à gérer.

_ Très !

_ Je ne dirais rien, mon petit puceau à moi, dit-elle amusée en cachant sa tête sur mes genoux.

_ Pétasse !

Je me sens soulagé d'un poids. Je suis content de lui avoir dit la vérité. Au moins, elle sait maintenant à quoi s'attendre...