𝐒𝐄𝐄𝐒𝐀𝐖 | ʲʲᵏ⁺ᵏᵗʰ

TROIS

« Arrête, tu me fais mal ! »

« Namjoon s'il-te-plaît... »

« Stop ! »

Repoussant bien plus violemment Namjoon qu'il ne l'aurait souhaité, ce dernier fit tomber le désinfectant par la même occasion tandis qu'il soupira, grognant : « Ça te ferais beaucoup moins mal si t'arrêtais de bouger dans tous les sens ! ».

— Mais ça brûle..., tenta vainement de se défendre Taehyung qui sentait sa fierté en prendre un coup.

— Fillette.

Évitant de justesse le coup de pied du châtain, Namjoon vint ramasser la bouteille bleutée tombée au sol. Et c'est seulement après avoir imbibé un nouveau morceau de coton vierge qu'il recommença à tapoter délicatement le nez de Taehyung avec. « Tu t'es bien amoché là... », souffla-t-il.

Le châtain ne répondit rien, rabaissant les yeux vers le sol. Le carrelage vieilli était passé de blanc à gris, recouvert de saletés que les élèves avaient laissés trainer au cours des ans alors que les joints avaient, eux, totalement noircis. Continuant de balader son regard à travers la pièce, Taehyung essayait durement de détourner son attention des picotements incessants que provoquait le coton imbibé contre sa peau abîmée. Les cabines des WC étaient restées vulgairement ouvertes, laissant libre court aux odeurs nauséabondes qui en sortaient tandis que la peinture verte des portes s'était craquelée avec le temps. Les verrous étaient cassés et le bois était tagué de part et d'autre, parfois même gravé.

Et malgré lui, le châtain se focalisa sur une de ces gravures : « Kim Taehyung suceuse de bite au 06xxxxxxxx ».

Il serra les poings une nouvelle fois, ne sachant que faire de plus. C'était son vrai numéro, ils avaient gravé son putain de vrai numéro. Repoussant alors une nouvelle Namjoon qui cette fois-ci manqua de trébucher, Taehyung se pencha pour attraper son sac. Il n'en pouvait plus... L'ouvrant en un long bruit métallique, il fouilla à l'intérieur pendant quelques secondes avant de finalement en sortir ses ciseaux. Il était à bout... Il s'approcha de la porte et vint enfoncer, dans une violence qu'il ne se connaissait pas, les lames dans le bois vieilli pour barrer les quelques chiffres notés. Pourquoi s'en prenaient-ils à lui ? Et pourquoi maintenant ? Taehyung recula de quelques pas, juste assez pour vérifier que ni son nom ni son numéro ne soient encore visible. Puis, comme instinctivement, il vint replanter une nouvelle fois ses ciseaux contre la porte, venant graver ces quelques mots. De simples mots qu'il aimerait crier à en perdre la voix : « Kim Taehyung vous emmerde. ».

— T'occupe pas d'eux, ils ne le méritent pas, se tournant vers le plus vieux, Taehyung fixa pendant quelques seconde la main qui venait de se poser sur son épaule comme pour essayer de le calmer, de le rassurer.

— Ce n'est pas aussi facile, je t'assure... J'ai déjà essayé, mais malgré tout, Taehyung lui offrait le sourire le plus sincère qu'il pouvait, tentant vainement de rassurer l'unique personne qui avait toujours été là pour lui. Et, baissant son regard légèrement humide, il recula d'un pas, puis d'un deuxième, fuyant le visage inquiet de Namjoon.

— Tae, je...

— Ça va, je vais bien !, accentuant davantage son sourire, le châtain lui dévoilait à présent ses dents tandis qu'il s'empressa de changer de sujets. S'il y a bien une chose qu'il n'acceptera jamais, c'est de la pitié.

— Au fait, tu m'as pas répondu tout à l'heure, reprit Taehyung d'un air distrait, « Comment je peux me faire pardonner ? ».

Relevant soudainement la tête à son tour, Namjoon planta son regard dans celui du châtain tandis qu'un sourire revenait déjà illuminer son visage : « Viens à ma soirée vendredi soir. », articula-t-il comme si ses mots n'étaient pas lourds de sens. Mais ils l'étaient.

Peinant à avaler sa salive, Taehyung s'étouffa presque sous sa demande. Il était fou, oui, c'était ça, il était complètement taré. « Tu te fou de ma gueule, hein ? », arriva-t-il durement à articuler tant il trouvait l'idée ridicule.

— Mais non... T'es toujours pas venu dans mon nouvel appart, c'est une bonne occasion.

— Je viendrais dans ton appart un autre jour alors, souffla-t-il d'un air agacé.

— Juste pour une fois, Tae, je te promets que ça va bien se passer.

— J'ai dit non, me casse pas les couilles !, se retourna brusquement, Taehyung attrapa son sac au vol et s'empressa de claquer la porte qui résonna le long du couloir vide.

Il avait laissé Namjoon derrière lui.
Encore.