𝐒𝐄𝐄𝐒𝐀𝐖 | ʲʲᵏ⁺ᵏᵗʰ

TRENTE-SEPT

— Il n'y a personne chez toi ?

Taehyung vint doucement secouer la tête, la tournant de droite à gauche tandis que ses mèches caramel suivaient le mouvement, collant à sa joue, puis à l'autre.

— Tes parents travaillent tard ?, avait alors repris Jungkook en captant cette fois-ci le regard quelque peu intimidé du châtain.

— Ils..., Taehyung se stoppa, attendit quelques secondes et racla sa gorge asséchée avant de se corriger : « Elle est partie... ».

— Partie... ?, répliqua le noiraud au tac-au-tac, les traits de son visage trahissant sa soudaine inquiétude. « Comment ça elle est partie ? », avait-il repris sans quitter Taehyung des yeux.

Le châtain avait facilement pu sentir que le ton du noiraud s'était durci, ses sourcils s'étant légèrement froncés, froissant l'harmonie de son visage. Et Taehyung ne put s'empêcher de faire un pas en arrière, sur ses gardes.

— P-pour son travail..., le châtain se maudit lui-même lorsque sa voix se brisa, le faisant bégayer sous le regard du brun qui continuait de le dévisager.

— Et elle est quand même partie ?, la voix de Jungkook était particulièrement froide alors qu'il claqua nerveusement sa langue contre son palet, sentant l'agacement se propager à l'intérieur de sa tête. Comment une mère pouvait-elle est aussi irresponsable ? Aussi insensible ? Comment une mère pouvait-elle laisser son fils seul après ça, après que -

— Je ne lui ai rien dit.

Et le sang de Jungkook se sembla faire qu'un tour.

— Quoi ? Mais Taehyung, c'est important, tu dois en parler !, ses doigts se resserrèrent automatiquement autour de ceux du châtain qui se crispa, son souffle accélérant par automatisme alors qu'il vint tirer sur sa main, essayant de la ramener contre lui, de se défaire de cette emprise qui se resserrait toujours plus. Il transpirait à grosses gouttes sans même s'en rendre compte, entrouvrant la bouche pour tenter de mieux respirer alors que Jungkook continuait de débiter des paroles qu'il entendait à peine.

— Tu dois voir un médecin, aller à l'hôpital !

Son cœur accélérait toujours plus, battant toujours plus vite alors que la peur revint brusquement faire trembler son corps déjà fatigué, épuisé, totalement exténué.

— Tu dois prévenir la police !

Mais c'est à ce moment-là, à cet instant précis que la peur l'a complètement paralysé. Il retira brusquement sa main de celle de Jungkook dans un élan d'adrénaline et se recula de quelques pas, terrifié, manquant de trébucher sur quelques babioles qui traînaient au sol.

— N-non !, s'était-il d'abord écrié, hurlant presque alors que sa gorge le brûlait, le suppliant de se taire. « Surtout pas, pas ça... », il balbutiait, bafouillait, bégayait mais recommencer quand même, murmurant presque, « S'il-te-plaît... ».

Il ne voulait pas, il ne pouvait pas.
Il ne supporterai pas ça.

Son corps, sa tête, absolument chaque parcelle de son être le refusait, réfutant la simple idée de devoir l'imaginer. Il ne voulait pas le dire, il ne voulait pas en reparler, il voulait seulement oublier. Le dire la police c'était avouer, approuver, consentir, c'était admettre l'évidence, accepter cette réalité.

Oui, c'est ça.
Le dire c'était rendre cette nuit réelle.

Alors non, c'était hors de question. Personne ne devra jamais savoir, personne ne devra jamais connaître la vérité, cette atrocité. Son atrocité. Garder ce secret c'était nier, renier, refuser. C'était réfuter cette idée, rejeter cette peine, démentir cette douleur. C'était cacher, oublier. C'était faire disparaitre cette nuit. Et Taehyung s'était promis de ne plus jamais y repenser, se le cachant alors à lui-même.

— Taehyung...

Mais les promesses sont faites pour être rompues, et les secrets pour être découverts.