Mai.
M-2.
L'échéance se rapprochait, pas à pas. Lentement, elle s'insinuait en nous, dans nos esprits à Jimin, moi et les autres, et elle ne nous quittait plus.
Deux mois. Trois, selon les médecins parisiens.
Il flottait tout autour de moi un sentiment de bien-être étrange durant ces derniers mois. Depuis notre départ à Paris, c'est comme si je vivais dans une espèce de flou total, comme si tout ce qui se passait autour de moi n'était pas réel. Bien sûr, j'avais eu des rappelle à l'ordre comme mon malaise à l'Opéra Garnier, ou bien ma crise d'épilepsie, mais je ne les voyais que comme des incidents de parcours, des petits désagréments à côté de tout le reste.
Paris, le Kenya, les soirées, Yeondaebong...
Pourquoi, alors que je commençais à vivre, devais-je mourir ?
Il y avait encore tellement à faire, tant à accomplir...
La liste des rêves de Jimin commençait à être complète, et pourtant je mourrais d'envie de lui demander d'en rajouter. Je crevais de lui faire vivre encore et encore les plus grandes folies de ce monde. Je pensais avoir encore un peu le temps. La liste était presque finie, et je pensais vraiment pouvoir la rallonger encore un peu.
Et puis, il y a eu ce jour du 5 Mai.
Il faisait beau, pourtant. Nous avions décidé de sortir le chien avec Jimin pour le balader le long du fleuve Han. Les rives étaient bondées de passants, de touristes, d'enfants et de parents, et le doux air de Mai nous offrait comme une dernière heure de sérénité avant la tempête.
Il paraît que rien ne peut prévoir un AVC, c'est bien pour ça qu'on l'appelle « accident vasculaire cérébrale ». C'était un accident, rien de plus. Je m'étais effondré au beau milieu des quais en hurlant, avec la sensation que l'on avait déchiré mon cerveau en fines lamelles, par accident.
En réalité, il n'y avait rien d'accidentel à ça. J'avais une tumeur, et il ne me restait que deux mois. Logique que mon corps fasse des siennes.
Contrairement au malaise ou à la crise d'épilepsie, j'étais toujours alerte de ce qu'il se passait autour de moi, je ne m'évanouissais pas malgré la douleur insurmontable. Je pu donc distinctement entendre après mon hurlement celui de Jimin, encore plus déchirant que le cirque qui obstruait ma cervelle.
Et une nouvelle fois, hôpital. Examens sur examens, comme si cela pouvait encore changer quelque chose. Comme si un médecin allait débarquer dans ma chambre et me dire « Mr Jeon, on s'est trompé sur les scans ! Vous n'avez pas de cancer, y'avait juste une poussière sur votre radio. Tout va bien ! » Rien de tout cela n'est arrivé, et il n'y a pas eu de bonnes nouvelles. Seulement des mauvaises.
50 % de perte de vision.
J'avais cru cela normale, en me réveillant dans mon lit d'hôpital, de voir les choses autour de moi de façon floue mais ce n'était pas le cas. J'avais bien perdu une grande partie de mes capacités visuelles.
Cela aurait pu être pire, m'avait dit mon médecin. J'aurais pu perdre l'usage de mes jambes, la mémoire, j'aurais pu être incapable de parler.
J'aurais pu mourir, aussi. Un peu en avance, certes, ce qui aurait été très fâcheux.
Il allait sans dire que, pour Jimin, la décision avait été prise : Nous partions à Jeju dans deux semaines, le temps de dire au revoir – ou adieu – aux garçons.
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» Better Than Me. [j.kook] - Tome I
General Fiction- 7 mois... Ce n'est rien, 7 mois! - Faisons-en une vie entière. Quand Jungkook a un dernier cadeau à offrir à Jimin. Jungkook, 22 ans, est condamné. Pourtant, réfutant toute envie de se laisser abattre, il décide de s'engager dans la plus grande a...