Je n'imaginais pas que la maladie avancerait à ce point, et je pensais sincèrement que l'arrivée du fauteuil roulant dans ma vie n'y était pas pour rien.
Si avant ça j'avais l'impression de conserver un peu de ma dignité, il était désormais difficile pour moi de me voir encore comme indépendant, et non pas invalide. Je pouvais marcher oui, mais force m'étais d'avouer que petit à petit, au fils des jours, l'utilité du fauteuil devenait complètement indispensable.
Pourtant, Jimin lui ne semblait pas y voir d'inconvénients, du moins en surface. Au contraire, il n'avait jamais rechigné à me conduire, chaque jour, à notre cabane dans les bois qui prenait de plus en plus d'ampleur.
Comme l'avait ordonné ma mère, je n'étais plus autorisé à apporter mon aide de manière trop intense. C'est donc à contre coeur que j'avais légué ma perceuse et mes outils de bricolage à Jimin, héritant de la lourde tâche de confection de collier en feuille, assis sur mon pauvre fauteuil alors que mon petit ami suait sang et eau pour finir notre chez nous fictif. C'était malheureusement dans l'ordre des choses, je savais que ça se passerai comme ça un jour ou l'autre mais je ne m'étais pas préparé à ce que ce soit si soudain.
Jimin m'avait autorisé à quitter mon fauteuil pour reposer dans l'herbe, en tailleur contre l'un des murs de notre cabane pour confectionner mes colliers. Ce nouveau handicape physique avait déclenché quelque chose de nouveau chez moi : la fascination pour les petites choses simples. Assis dans l'herbe, je prenais soin d'enregistrer au plus profond de moi chaque bruissement des feuilles autour de moi, de la sensation de l'écorce de l'arbre dans mon dos, de la texture de l'herbe sèche sous mes jambes nues et je me dis que chacun devrait être amené un jour à se retrouver dans une situation de privation physique, simplement pour pouvoir concevoir la chance qu'il a d'être valide, et en bonne santé.
Je venais de finir mon quatrième collier de feuille de l'après-midi, et je posais mon œuvre sur le tas à côté de moi avant de lancer un regard sur Jimin, accroupie au-dessus d'une planche en bois qu'il clouait pour fabriquer des étagères.
- Jimin, j'en ai marre des colliers... Bougonnais-je en m'amusant à arracher des touffes d'herbes à côté de moi.
Ledit Jimin leva les yeux vers moi, passant ses doigts dans ses cheveux qui lui retombaient devant les yeux pour me sourire tendrement, haussant les épaules.
- Arrête alors bébé, de toute façon on ne va pas tarder.
Je le vis sortir son téléphone de sa poche, et regarder l'heure avant de le ranger de nouveau.
- Ma mère n'a pas appelé ?
Jimin secoua la tête en reprenant son activité là où il l'avait arrêté.
- Tu veux qu'on rentre ? Me demanda-t-il en me jetant un rapide coup d'oeil.
Rapidement, je secouais la tête en désignant du menton la future étagère.
- Non, faut qu'on finisse la cabane avant.
- Je ne pense pas qu'on aura fini aujourd'hui Kook...
Pour ponctuer sa phrase, Jimin me désignait d'un geste l'ensemble des planches au sol et des manquements dans l'agencement de la cabane. Je grimaçais et me redressais pour me mettre sur mes pieds et le rejoindre, haussant les épaules.
- J'peux aider, non ? J'en ai marre de rien faire depuis 1 semaine bébé. Puis, faut que ce soit fini avant-
- T'as entendu ta mère ? Me coupa Jimin en se levant à son tour pour me faire face, recoiffant une de mes mèches folles avec tendresse. Pas d'efforts. Puis, depuis que t'as ralenti t'es moins fatigué le soir alors on continu comme ça. Les autres attendront un peu.
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» Better Than Me. [j.kook] - Tome I
General Fiction- 7 mois... Ce n'est rien, 7 mois! - Faisons-en une vie entière. Quand Jungkook a un dernier cadeau à offrir à Jimin. Jungkook, 22 ans, est condamné. Pourtant, réfutant toute envie de se laisser abattre, il décide de s'engager dans la plus grande a...