Amy Shayks, une adolescente de seize ans, doit emménager chez Madame Devis et son fils Dylan en raison du travail de ses parents. Bien qu'elle soit initialement réticente à l'idée de vivre pour une durée indéterminée avec une famille qu'elle ne conn...
— Ma fille ?! Où est-elle ?! La voix de la femme déchire l'air, pleine de panique, et je lève la tête pour voir un couple s'avancer précipitamment. Ils ont l'air d'avoir la trentaine, leur visage marqué par une angoisse que je reconnais immédiatement. Ce sont les parents d'Amy.
Ma mère, en pleurs, leur fait signe de venir, mais la détresse dans ses yeux n'échappe à personne. Ils se rapprochent, la mère d'Amy au bord des larmes, l'air dévasté. Ils étaient venus à San Francisco pour lui faire une surprise, pour la voir avant de retourner à leurs obligations, sans savoir qu'un simple coup de fil allait tout changer. Sans savoir qu'ils allaient recevoir cet appel déchirant, celui de ma mère, en pleurs, leur demandant de venir d'urgence.
— Stéphanie, qu'est-ce qui se passe ? demande la femme d'une voix tremblante, sa question suspendue dans un silence lourd de crainte.
Ma mère essaie de répondre, mais ses sanglots l'étouffent. Je détourne les yeux, mes poumons serrés, l'air me manque ici, dans cet hôpital où tout semble s'effondrer.
— Amy... commence ma mère en luttant contre ses larmes, elle a été percutée par un camion... elle est en soins intensifs.
Le choc traverse le visage de la mère d'Amy comme une onde brutale. En un instant, ses jambes se dérobent sous elle et elle s'effondre, brisée. Son mari se penche immédiatement vers elle, criant son prénom, secoué par la panique. Ma mère, les larmes toujours ruisselant sur ses joues, se précipite à ses côtés, et des infirmiers accourent pour les aider.
Je les regarde tous s'agiter autour d'elle, mais je suis déjà loin, intérieurement. Mes jambes se mettent en mouvement sans même que je le réalise, et avant que je m'en rende compte, je cours. Je cours, je fuis cet hôpital, je fuis cette douleur qui me submerge, cette scène qui ne cesse de se rejouer dans ma tête. Le moment où Amy a été percutée par ce camion, le regard de terreur sur son visage, ma course désespérée pour la sauver... tout cela me hante.
Je n'ai pas pu la protéger.
Je m'arrête finalement, à bout de souffle, au milieu d'un trottoir désert. Le ciel est clair, les étoiles brillent, la lune me regarde, indifférente à ma détresse. Les larmes commencent à couler, je ne peux plus les retenir. Le poids de la peur me fait plier, et je tombe à genoux sur le bitume, anéanti.
C'est maintenant que je comprends vraiment ce que cela signifie. La peur de perdre quelqu'un qu'on aime. C'est viscéral, c'est étouffant, et cela vous dévore. J'ai nié mes sentiments pour Amy pendant si longtemps, les ai enfouis, refusé de les admettre, mais maintenant... maintenant que je suis face à la possibilité de la perdre, je réalise que je ne peux pas vivre sans elle. Elle est devenue bien plus que ce que je voulais accepter.
Je n'ai jamais eu aussi peur.
— Dylan ?
Je relève doucement la tête, mes yeux embués de larmes, et aperçois Kia qui s'approche, le visage empli de compassion et d'inquiétude.
— Oh mon dieu, Dylan ! Elle lâche son sac à main sur le sol, sa voix brisée par l'émotion. Elle court vers moi, s'accroupit à mes côtés, et avant même que je ne puisse dire quoi que ce soit, elle m'entoure de ses bras.
Je m'effondre contre elle, incapable de retenir les sanglots qui déchirent ma poitrine. Tout mon corps tremble, je ne suis plus que douleur, peur, regrets.
— Je... je n'ai pas pu la protéger, je parviens à articuler entre deux sanglots. Je n'ai pas pu...
— Tout ira bien, murmure-t-elle, sa voix douce essayant de percer le brouillard de ma détresse. Amy est forte, elle va s'en sortir...
— Je l'aime, Kia... Les mots sortent comme une confession, une vérité que j'ai trop longtemps niée. Je l'aime tellement...
Kia me serre plus fort, son cœur battant contre le mien, et dans son étreinte, je cherche un réconfort que je n'arrive pas à trouver. Parce que même si elle me dit que tout ira bien, même si elle essaye de me convaincre que je ne vais pas la perdre, une part de moi sait que l'amour ne suffit pas toujours à tout réparer.
Et j'ai si peur que cette fois-ci, ce soit trop tard.
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