Amy Shayks, une adolescente de seize ans, doit emménager chez Madame Devis et son fils Dylan en raison du travail de ses parents. Bien qu'elle soit initialement réticente à l'idée de vivre pour une durée indéterminée avec une famille qu'elle ne conn...
Cela fait trois semaines qu'Amy est plongée dans un coma artificiel. Chacun de nous s'accroche à l'espoir ténu qu'elle finira par se réveiller, même si la douleur de la voir dans cet état est presque insupportable. Amy n'a pas été dans nos vies depuis très longtemps, mais elle a su marquer nos cœurs. Même Aiden et Jason, qui ne laissaient jamais transparaître leurs émotions, ont versé quelques larmes en apprenant la tragédie.
Je suis en train d'enfiler une veste, me préparant mentalement à lui rendre visite à l'hôpital. C'est difficile, presque intolérable, de la voir allongée, reliée à ces machines qui la maintiennent en vie. Chaque fois que je pose les yeux sur ces fils et moniteurs, la scène du soir où ce camion l'a percutée me hante à nouveau.
Ma mère m'interrompt alors que je sors de ma chambre, sa voix douce mais pleine d'hésitation :
— Dylan, il y a une fille en bas. Elle dit qu'elle est la meilleure amie d'Amy.
Je soupire profondément et hoche la tête. Manon. Je descends les escaliers, déjà crispé à l'idée de la confronter. Devant l'entrée, je la vois, les yeux rivés au sol, l'air fragile. Sans un mot, je lui fais signe de me suivre dehors. Nous nous installons sur un banc en face de la maison, le silence pesant entre nous, chargé de tout ce qui n'a pas encore été dit.
— Qu'est-ce qui t'amène ? je demande finalement, brisant le silence.
— Je suis allée voir Amy ce matin... murmure-t-elle d'une voix faible, le regard fuyant.
Je hoche la tête, l'observant sans mot dire, puis je continue :
— Tu t'en veux ? Je fais référence à ce jour où elle s'est emportée contre Amy, alors que cette dernière voulait simplement la protéger, la mettre en garde contre ce type.
Manon mord sa lèvre inférieure, évitant toujours mon regard. Je l'entends renifler, ses larmes trahissant ses émotions.
— Elle n'a rien fait de mal, et pourtant, tu lui as dit des choses terriblement blessantes. Je soupire, mon ton se faisant plus lourd. Tu as préféré croire un gars que tu connaissais à peine plutôt que ta meilleure amie, qui a toujours été là pour toi.
— Je sais... Elle laisse échapper, la voix brisée. J'ai été tellement bête... je ne sais pas ce qui m'a pris... Elle tourne finalement son regard vers moi. Et toi... tu tiens le coup ?
Je laisse échapper un soupir, levant les yeux vers le ciel gris.
— Est-ce que je tiens le coup ? Je répète doucement, presque pour moi-même. Non, pas vraiment... mais il le faut bien...
Manon baisse les yeux un instant, l'émotion la submergeant.
— On m'a dit que tu étais là, le soir où elle... Elle ne finit pas sa phrase, sa main venant couvrir sa bouche pour étouffer un sanglot.
— Oui, j'étais là. Je confirme dans un souffle, les images de cet accident revenant inlassablement me tourmenter. Je m'en veux... de ne pas avoir pu la protéger.
— Ce n'est pas ta faute, Dylan, souffle-t-elle en essuyant ses larmes. Tu n'aurais jamais pu prévoir une chose pareille. On a tous l'impression de n'avoir rien pu faire pour la protéger. Mais tu sais... Amy doit s'en vouloir elle aussi. Elle déteste savoir qu'on souffre par sa faute. Si elle le pouvait, elle nous taperait tous, juste pour nous voir comme ça. Manon tente un sourire malgré ses larmes. Elle espère sûrement, là où elle est, qu'on continue à sourire, qu'on continue à vivre. Elle ne supporte pas de voir ses proches tristes, surtout pas toi... Elle t'apprécie plus que tu ne le penses. Si elle savait ce que tu traverses, ça lui briserait le cœur.
Je la regarde, surpris par la sincérité de ses mots. Manon se lève doucement, un faible sourire flottant sur ses lèvres tremblantes.
— Il faut qu'on garde espoir, Dylan. Amy est forte... tellement forte, murmure-t-elle avant de s'éloigner, laissant ses mots suspendus dans l'air.
Et même si tout paraît sombre, quelque part, je me raccroche à cette lueur infime. L'espoir.
— De l'eau... je murmure, ma voix à peine audible alors que mes paupières lourdes s'ouvrent avec difficulté.
La lumière me frappe de plein fouet, m'aveuglant un instant, et je tente de me redresser, mais un gémissement s'échappe de mes lèvres. La douleur est fulgurante, partant du haut de mon crâne, irradiant tout mon corps. Instinctivement, je porte une main tremblante à ma tête et sens un bandage chaud, épais, qui enserre mon front.
Je tourne la tête, cherchant à appeler quelqu'un, mais mon regard tombe sur un miroir à côté du lit. Mon souffle se bloque en découvrant mon reflet. Je ne me reconnais presque pas. Des ecchymoses, ce bandage... Pourquoi est-il là ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
— J'ai mal... je gémis, la voix tremblante, mes yeux se refermant dans une vaine tentative d'échapper à la douleur qui pulse dans ma tête, presque insoutenable.
Je n'ai même pas le temps de réagir. Tout devient flou, la douleur s'intensifie jusqu'à me submerger. Mon corps cède sous son poids, je sens le sol froid contre ma peau alors que je m'effondre, incapable de lutter. La femme se précipite vers moi, mais tout s'efface, et je sombre à nouveau dans l'obscurité.
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