3. Ça va s'arranger

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Après une journée de cours, mon sac sur le dos et les yeux levés vers le ciel, j'aimais rêvasser. Parce qu'on nous l'interdisait au lycée et que nos rêves n'étaient pas pris au sérieux, je me plaisais à me retrouver avec un paysage paisible, calme et silencieux.

A l'écoute.

Le couché du soleil était quelque chose que j'avais appris à apprécier et lorsque mon monde semblait s'écrouler, c'est sur le banc, au bord d'une rivière peu fréquentée à cette heure que je permettais un repos. Là où personne ne me verrait.

La brise du début de soirée caressait mon visage, soulageait mes maux, balayait mes cheveux qui n'avaient pas manqué d'attirer l'attention, aujourd'hui. Perchés sur les branches des arbres, les oiseaux chantaient et par moment, j'entendais le bourdonnement imposant des ailes des abeilles passagères.

Ce qui me berçait toutefois, restait le bruit des vagues du lac que rejoignait la rivière. Le clapotis de l'eau sur le rivage allait, puis venait. Et sur la surface de l'eau, au loin, les rayons du soleil se reflétaient dans des éclats de lumières agréables.

Puis lorsque le soleil avait disparu derrière l'horizon que je n'avais pas cessé de contempler, j'avais dû me lever, quitter le banc pour prendre le chemin de chez moi, là où ma mère m'attendait sûrement.

Une cigarette au bout des lèvres et mes cheveux verts valsant avec le vent, c'est les mains dans les poches de mon gilet que j'avais foulé le sol caillouteux. Et parmi mes idées hasardeuses, je m'étais demandé si quelqu'un avait pris le temps d'admirer le soleil d'une fin de journée, aujourd'hui. Si la chaleur de cette journée avait pu en aider certain.








***






Lorsque mon monde s'était écroulé, que la douleur n'avait plus quitté mon corps et que les cris de mon père avaient cessé, c'est dans ma chambre que je m'étais précipitée. Les coups n'avaient plus cessé, la violence dont il avait fait preuve n'avait même pas semblé l'affoler. Tout était normal pour lui.

Il ne faisait rien de mal après tout.

Il m'apprenait la vie, non?

Allongée sur mon lit, enveloppée dans l'obscurité d'une chambre que je ne considérais plus comme la mienne, je n'avais pas su empêcher mes larmes de dévaler mes joues rougies par la punition. J'étais sur le ventre, parce que mon dos avait encaissé. Dans le noir, je faisais attention à ne pas pleurer trop fort, de peur qu'il m'entende. Alors j'étouffais mes sanglots dans mon oreiller.

J'étais certaine d'avoir des côtes de brisées, une de mes jambes harassée et la mâchoire en piteux état. La douleur était difficilement supportable et je savais déjà qu'une fois encore, cette nuit ne me servirait pas à dormir.

Là, les joues rougies par les coups, puis les larmes, j'aurais pu vendre mon âme pour rien qu'une fois, échanger ma place. Pour qu'une fois, une seule, je puisse vendre ma tristesse, ma peine, hurler ma rancoeur et vomir ma colère.

Mais j'avais si mal.

Mais j'avais si peur.











***








Le lendemain, alors que j'avais cru pouvoir rattraper quelques maigres heures de sommeil, j'avais à nouveau dû supporter les propos d'EunAe.

Et si j'avais espéré que l'altercation de la veille l'aurait dissuadé de revenir m'embêter, j'avais vite compris que je m'étais trompée. Le corps douloureux et ma tête prête à exploser, j'avais une fois encore subi.

Je suis làOù les histoires vivent. Découvrez maintenant