Je suis là

#146 Avec elle

Aujourd'hui, je l'avais emmené sur le bord de la plage, là où le monde se faisait rare. Là où le bruit était réduit au silence. Je pense qu'elle en avait besoin. Se rafraîchir les idées, s'aérer l'esprit, et se vider la tête.

Ce matin, elle n'avait pas mangé. La première fois depuis sa sortie d'hôpital. La faim ne l'avait pas habité aujourd'hui, son rêve ne le lui avait pas permis. Ces images l'en avaient empêché.

J'ignorais combien de temps, elle était restée dans mes bras au réveil. Je n'avais pas voulu le savoir. Je n'avais pas cherché à comprendre. Je ne lui avais pas non plus demandé de me raconter son rêve, trouvant cette pensée plutôt déplacée mais surtout ridicule.

Elle voulait oublier, pas en parler. Elle voulait s'évader, pas s'enfoncer.

Le bruit des vagues s'échouant sur le sable clair et brillant nous berçait, dans une douce mélodie accueillante et rassurante. Parfois, quelques trois bateaux chevauchaient les rives, à la quête de trouvailles certainement inexistantes. Et les personnes sur les bordures, là où cette poudre disparaissait en se laissant emporter par la mer, se regardaient avec amour et tendresse. Les coquillages décoraient le rivage, dans des formes gracieuses et indomptables. 

Apaisée. C'est ce qu'elle était. Sun Hee semblait un peu plus sereine depuis quelques instants.

Ses doigts entrelacés aux miens me firent sourire, tandis que son corps cherchait toujours plus de contact avec le mien. Alors elle s'arrêta, là, devant moi. Et en la regardant dans les yeux, je crus m'y noyer. Plus intense que les profondeurs de l'océan, mais pourtant, elle était à portée de main. Plus dense que ces va et viens, mais pourtant, je parvenais à la saisir. Plus abstraite que n'importe quelle oeuvre d'art, mais je parvenais très clairement à la lire.

En fait, je n'avais pas besoin de me retrouver face à un océan pour pouvoir m'évader. Parce que je n'avais qu'à observer ce bleu dans ses yeux, et alors là, j'avais l'impression, d'avoir le monde à mes pieds.

- Qu'est ce qui se passe? Je demandai dans un souffle.

Mon regard plongé dans le sien, je sentais la douce brise balayer nos cheveux. Ses mèches couraient sur son visage, jouant à qui se ferait capturer, pour s'enfuir rapidement la seconde d'après.

Elle était belle. Plus belle que n'importe qui. Plus belle que n'importe quoi.

- Rien... Elle répondit en esquissant un sourire. Je voulais juste te regarder.

Mes lèvres s'étirèrent, probablement parce que j'étais fier de ce que j'entendais. Elle m'élevait plus haut que le ciel. Me mettait en valeur, comme si j'étais la plus précieuse des merveilles. Mais la vérité, c'est qu'elle me surpassait.

- Tu me regarde chaque moment de la journée, Hee... Je souris en la serrant contre moi. 

Doucement, ses mains glissèrent sur ma peau, sous mon ample T-shirt, à la recherche de chaleur. Sa poitrine rencontra la mienne, et j'enroulai mes bras autour de son cou.

Sa joue se posa lentement sur mon épaule et je savais qu'à ce moment là, elle respirait mon odeur, sans doute dissimulée par l'effluence des algues. Faussée par l'arôme salée de cette atmosphère bienveillante.

- Je t'aime, Yoongi.

Certainement, mon cœur avait redoublé d'effort sous ces mots pourtant communs mais si significatifs. Certainement, Sun Hee dû l'entendre battre un peu plus fort qu'à la normale. Parce qu'il respirait le bonheur et la légèreté. Il dansait, exprimant sa joie et son ivresse.

Elle ne me l'avait jamais dit. Pas dans ces circonstances en tout cas. Pas de manière aussi sincère. Jamais avec autant d'émotion dans sa voix.

La vérité, c'est que je ne voulais pas lui répondre. Parce que ces simples mots, n'exprimaient pas ce que je ressentais. Ils n'étaient pas assez fort pour décrire cette euphorie qui m'envahissait à chaque moments passés à ses côtés.

Non, un simple je t'aime, ne suffirait jamais à lui faire comprendre, ô combien elle avait fait de mon monde, un pur et agréable bonheur. Ça ne suffirait jamais à lui faire parvenir mes rires intérieurs et mes ravissements quotidiens. Elle ne pourrait jamais prendre entièrement conscience de l'importance qu'elle avait désormais pour moi, à tel point, que je ne voulais même plus imaginer ma vie passée, sans elle.

Comment avais je pu passer à côté d'une perle aussi rare? Comment n'avais je pas pu me rendre compte, qu'elle était là, depuis toutes ces années.

Alors, plutôt que des mots, je préférais les gestes.

C'est la raison pour laquelle j'avais tendrement scellé nos lèvres. C'était un doux baiser. Un baiser, où j'avais pris mon temps pour lui transmettre tout  ce que je ressentais. Un baiser, qui traduisait ma fébrilité à son égard, parce que je n'allais pas me mentir, elle me rendait faible. 

En fait, plus j'y pensais, et plus je me disais que les seules fois où je me sentais vraiment, être moi, c'était lorsque j'étais avec elle. Il n'y avait qu'elle qui me chuchotait ces mots qui me faisaient tourner la tête. Il n'y avait qu'avec elle que je me sentais important. Et ce n'était que lorsque je l'embrassais, que je me sentais entier. Vivant.

Mes lèvres effleuraient les siennes, en quête de contact, pour se retirer tout de suite après. Elles se cherchaient, jouaient ensemble, sans jamais se toucher. Je m'amusais... J'étais heureux.

- Yoongi... Elle gémit en quémandant ma bouche.

Alors doucement, je coinçai sa lèvre inférieure, la faisant prisonnière de mes dents qui la mordillaient sans lui faire mal. Ses doigts agrippèrent mes hanches, toujours par dessous mon T-shirt, et ses caresses me firent tourner de l'œil malgré ce geste naturel.

Depuis le début, Sun Hee n'embrassait pas comme ces filles. Elle ne l'avait jamais fait. Avec elle, c'était différent. A chaque fois, une nouvelle sensation s'ajoutait au tableau, et c'était tout simplement plaisant et jouissif. Je suçotais sa lèvre, l'aspirant avec envie, mais surtout, avec amour et tendresse.  Aussi, ma langue s'immisça dans sa bouche lorsqu'elle l'entrouvrit légèrement, me donnant inconsciemment l'autorisation d'aller plus loin.

Et à présent, c'était  mon tour de chercher plus de contact. Je pressai mes lèvres contre les siennes, toujours plus fort, en quête de cette chose que je ne saurai définir. J'adorais. Clairement, j'adorais ce que je ressentais. Ce mélange de passion, de douceur et de réjouissance. Cette allégresse et ce sourire qui ne la quittait plus depuis que j'avais commencé à l'embrasser. 

Alors je continuais. Jusqu'à en oublier mon prénom. Jusqu'à en perdre la raison. Je continuais parce que j'en avais besoin. Parce qu'avec elle, je voyais mon lendemain. 

Parce qu'avec elle, j'étais moi.

Parce qu'avec elle, j'étais là.

***

/Pfiou il était dur celui là. Ca fait longtemps que j'ai pas galéré à écrire ptn. Enfin bref, êtes vous satisfait de ce chapitre. Je ne peux pas savoir donc je vous le demande, est ce que vous avez des frissons ou des sensations quand vous lisez les scène de baisers?/