#30 Je suis là

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/Mélodie à mettre lorsque je vous le dirai. Faites un clic droit si vous lisez sur ordi et sélectionnez "tourner en boucle"./

***

"Oublie ce que je viens de dire. Fais ce que tu veux."

Ces mots tournaient en boucle dans ma tête, encore et encore. Je n'arrivais pas à les sortir de mon esprit.

Et j'étais là, sur le chemin du retour, regardant constamment derrière moi. Je n'espérais pas qu'il me rattrape. Je n'avais pas non plus espéré qu'il me dise de rester. Je n'avais pas espéré qu'il me prenne dans ses bras et qu'il y pleure toute sa tristesse.

Mais qui essaie tu de convaincre au juste?

Et j'étais là, sur mon chemin, à quelques minutes de son appartement, me torturant l'esprit après la dernière vision de lui qu'il m'avait offert.

La vision d'un enfant en détresse. La vision d'un jeune garçon coincé dans sa propre misère. J'avais vu ce désespoir dans ses yeux. J'avais vu le supplice sur son visage. J'avais vu le manque à travers ses gestes. Mais surtout, j'avais vu cette perte.

Cette perte qu'il avait subi et qu'il essayait maladroitement de combler.

J'avais vu cette lueur dans son regard. Un brin de souhait. Une miette d'imploration. Comme s'il m'avait silencieusement, en l'espace de quelques secondes offert son monde.

/musique./

Ce monde dans lequel il était enfermé et duquel il ne parvenait pas à sortir. Ce monde que beaucoup croirait merveilleux, était devenu, au fil des années, sa cage. Sa prison. Cet univers que certain pensait utopique, était devenu sa chaîne. Et il ne parvenait pas à se défaire de ses liens. Il n'arrivait pas à briser le fer qui entourait son cœur. Il ne pouvait pas forcer la serrure. Il ne savait pas comment faire. Il ne savait plus comment faire. Parce que toute volonté l'avait quitté. Parce qu'il ne voulait plus sortir de ce monde. Parce qu'il n'avait plus le courage de s'offrir de nouveaux espoirs, il ne faisait aucun effort pour forcer la serrure. Et même s'il le pouvait, il n'y parviendrait pas. 

Parce que Min Yoongi n'avait pas les clefs. Parce qu'il ne faisait rien pour les trouver et que les chercher lui demander beaucoup trop d'acharnement. Alors, Min Yoongi, avait abandonné.

Et l'espace de quelques secondes. Ce court moment où ses mains s'étaient posées sur mes épaules. En l'espace d'un instant et à travers ses yeux, il m'avait montré son monde. Il m'avait dévoilé une partie de lui que personne n'avait certainement jamais vu.

Et là, sur mon chemin, je me rongeai les ongles, la tête baissée, ne regardant aucunement la direction que je prenais. Il était dix sept heures. Je devais rentrer au risque de me faire une nouvelle fois tuer.

Mais pourquoi est ce que mon inquiétude pour l'état de ce garçon m'importait il plus que mon propre sort? Pourquoi la peur de me faire frapper m'avait elle quitté, ne me laissant l'occasion de m'en délecter pour une seule et unique chose. Yoongi.

Et pourquoi mes pieds ne m'obéissaient ils plus? Pourquoi est ce que je faisais demi-tour? Je ne le connaissais pas. Je ne savais rien de lui, rien de sa personne. Alors pourquoi merde est ce que je m'obstinais à vouloir y retourner?

***

Je l'avais entendu claquer la porte d'entrée. Et elle était partie. Sans rien me dire, sans rien faire. Elle ne m'avait pas adressé de regard en franchissant la porte de ma chambre. Elle ne m'avait pas demandé si ça allait. Elle ne s'était pas inquiétée.

Mais inquiété de quoi?

Et je ne l'avais pas retenu. Elle n'avait rien fait mais je n'avais rien fait non plus. Elle ne m'avait pas regardé mais je ne l'avais pas retenu. Elle n'avait rien dit mais je n'avais pas réagi.

Au final, j'étais comme elle. Sans réaction, sans conviction, sans objection.

Pourtant, je voulais. L'idée de lui saisir le poignet quitte à lui faire mal, m'avait traversé l'esprit. Lui demander de rester avec moi m'avait effleuré avec légèreté. Et l'envie de lui dire qu'elle ne s'en aille pas, m'avait caressé le bout des lèvres.

J'avais besoin de réconfort. Qu'on me dise que tout allait s'arranger. Même si j'allais définitivement vivre dans un mensonge si on me disait que tout irait bien. Au final j'étais lâche avec moi même. Je demandais aux autres de rester sincère, mais j'étais un pure hypocrite avec ma propre personne.

Je voulais vivre dans le mensonge. Je ne voulais pas affronter ces personnes. Je ne voulais plus rien affronter. Ni moi, ni mes problèmes, ni mes peurs. J'était fatigué de lutter. Je ne savais plus pourquoi j'existais depuis qu'elle était parti. Je n'avais plus de raison de sourire. Plus de raison pour crier. Je n'avais plus de raison pour pleurer.

Mais en avais je une pour mourir?

Et doucement, couché sur mon lit, mon avant bras couvrant mes yeux, mes larmes roulèrent sur mes tempes. Sans ma permission, sans mon consentement. Elles dévalèrent lentement mon faciès avant de ne s'échouer sur le matelas.

Et je fus secoué par mes soubresauts qui vinrent m'habiter sans que je n'ai eu à les inviter. Et mon avant bras sur mes yeux, laissa place à mes mains, qui vinrent recouvrir mon visage et je respirais bruyamment, tentant d'étouffer mes gémissements de faiblesse. 

Et je pleurais. Je pleurais en silence, puis plus tard, mon silence laissa la place à des sons rauques et bientôt je criais. Je criais parce que même si je n'avais plus de raison de le faire, je savais que j'en avais besoin. Je criais parce que ce n'était pas en retenant mes larmes que j'allais me sentir mieux. Et je finis par hurler, mes mains toujours sur mon visage, comme si, même seul, j'essayais de me cacher.

Et alors que j'allais pousser un énième cri, je sentis de petits bras m'entourer. Et ma tête fut collée à une poitrine, et des mains encerclèrent mon cou, me faisant me redresser.

Et j'entendis cette phrase. Cette phrase qui sonnait si faux. Cette phrase qui n'était que pure mensonge. Mais pourquoi sonnait elle si vrai lorsque ça venait de sa bouche?

- Ça va aller.

Ça n'était qu'un murmure, une petite voix que personne n'aurait certainement jamais entendu. Et pourtant, ce simple murmure. Ce si faible chuchotement avait, en moins de quelques secondes brisé mes chaînes. En un instant, il avait délivré mon cœur de sa prison.

Et alors que j'avais vainement tenté de retenir mes larmes, elles redoublèrent, me rendant encore plus faible que je ne l'étais déjà.

- Ça va aller Yoongi. Je suis là...

***

/J'espère que j'ai bien décrit. "Je suis là". Le titre prend donc tout son sens.

Dites moi si des choses vous ont gêné./

Je suis làOù les histoires vivent. Découvrez maintenant