Je suis là

#67 Dépendance

J'étais complètement pétée.

Assise sur mon lit, le dos contre la tête du lit, mais complètement pétée.

Tout. Je me souvenais absolument de tout.

Yoongi. Ses pleurs. Notre étreinte. Le toit. Le rendez vous. Mon père. La baignoire. La boîte noire.

Tout.

Et inconsciemment, j'en voulais au monde entier.

J'en voulais à ma mère, de ne plus être là. J'en voulais à mon frère de mener sa petite vie tranquille. J'en voulais à mon père d'être devenu un pur toxico. J'en voulais à Neula d'avoir toujours eu ce qu'elle voulait. J'en voulais à Taehyung de les avoir aidé à me retrouver. J'en voulais à Yoongi de m'avoir accorder sa confiance un peu trop facilement. J'en voulais à sa mère, qui m'avait sauvé la vie.

Je les détestais.

Je les détestais tous tellement fort, que j'aurai voulu les tuer tous, un par un. Jusqu'au dernier.

Ils me répugnaient. Tous. L'un comme l'autre. 

Je les haïssais.

Qu'est ce que je foutais encore ici... Pourquoi ne m'avaient ils pas simplement laissé pour morte?

Tout aurait été tellement plus simple.

J'aurai quitté ce monde. Mon père serait débarrassé de moi. Mon frère ne serait même pas au courant de ma disparition. Neula se serait trouvée une autre amie. Taehyung... Ça ne lui ferait ni chaud ni froid. Et Yoongi, il aurait fini par s'y faire.

Mais non. J'étais là. Dans ce lit aux draps blancs.

J'étais là. Enfermée entre ces quatre putains de murs peints de blanc.

J'étais là. A quelques centimètres du sol, putain de blanc lui aussi.

Je détestais le blanc. Je détestais les lits. Je détestais les murs.

Je haïssais tout. Tout le monde. N'importe qui. N'importe quoi.

Je les détestais tous.

***

- Comment tu te sens?

Qu'est ce que ça peut te foutre? T'es en bonne santé donc ne vient pas me contaminer avec ton corps merveilleux.

- On t'as retrouvé chez toi.

Super. Mais je m'en foutais royalement. T'aurais juste dû me laisser là où j'étais.

- T'es restée inconsciente pendant plus d'une semaine.

Et j'aurai voulu ne plus me réveiller. Ta mère n'aurait jamais dû me réveiller.

- Et j'ai eu peur pour toi.

Ça te serait passé. La peur, ça dure un certain temps, et puis ça part. Pof... Jamais vu. 

La peur, c'est comme les gaz. Ça vient puis ça se dissipe.

T'aurais pas fait exception à la règle.

- Tu ne veux pas me parler?

- Non.

- Je comprend... Il baissa la tête, observant ses mains croisées entre elles.

- Dégage. Je crachai.

- Je peux pas faire ça.

- Si. C'est simple. Tu te lève, t'ouvre la porte, puis tu disparais.