Je suis là

#42 Ignorer

Je pense que je la méritais. Oui. Je méritais cette gifle.

Elle n'avait pas été forte, mais elle m'avait tout de même fait mal. Parce qu'à travers cette gifle, ma mère m'avait transmis son désarroi. Sa tristesse.

Et je m'en voulais.

Quel genre d'enfant faisait pleurer sa mère? Quel genre de gosse faisait souffrir la seule personne qui avait toujours été à ses côtés.

- Tu ne te rend pas compte du mal que tu fais autour de toi Yoongi. Elle cracha à travers ses larmes. Tu n'es qu'un égoïste. Regarde toi.

Elle avait raison. Je ne pensais qu'à moi. Je ne me souciais pas de ce qu'elle aurait pu ressentir en me voyant débarquer chez moi à trois heures du matin. Je ne m'étais pas préoccupé de ce qu'elle aurait pu penser en me voyant ainsi, les vêtements sales et déchirés. L'arcade explosée, le nez en sang et ma lèvre complètement enflée.

Non. Je ne m'étais soucié de rien. Ni de mon état, ni de celui de ma mère.

- Je ne sais plus quoi faire pour t'aider Yoongi. Je... Sa voix s'était brisée sous les sanglots. Elle craquait, et à cette vue, mon cœur se décomposait. Tu ne te rend pas compte à quel point tu me fais me sentir misérable. Je suis tellement impuissante.

J'allais répliquer. Mais elle avait quitté le salon pour s'enfermer dans sa chambre, prenant bien soin de claquer la porte.

J'avais mal. Au cœur comme au corps.

Je m'étais fait tabasser comme jamais. J'avais voulu oublier ma peine. J'avais voulu l'oublier elle. Une fois de plus. J'avais provoqué ces brutes, les avais insulté et nargué ouvertement. Alors je méritais amplement mon état.

Ma mâchoire décolorée témoignait malgré elle, de la violence dont elle avait été victime. J'avais légèrement mal aux côtes, et mon bras me faisait atrocement souffrir.

Ma main toujours blessée dû au choc du verre sur la table et mon œil que je ne parvenais pas à fermer à cause du cocard que je venais de me faire tatouer. J'étais dans un état déplorable.

Trois heures du matin. J'avais cours le lendemain.

La journée promettait d'être longue.

***

Sur ce coup là, cet imbécile avait fait fort. Pas de masque, pas de lunettes, pas de casquette. Non. Il s'était pointé au bahut avec un visage complètement déformé et je n'étais pas sûre, mais l'apercevant, j'avais cru voir une risette au bout de ses lèvres.

Était il si fier de son état pour oser se montrer ouvertement aux autres?

Et là, accoudée sur ma table, je l'observais monter les marches de l'amphithéâtre.

Il ne me porta aucune attention. Pas de "bonjour", ni de quelconque forme de politesse, juste un don pour ignorer les gens qui me mis légèrement hors de moi.

- Eh vieux! Je levais les yeux vers son ami. Qu'est ce qui t'es arrivé? T'es passé à la guillotine ou quoi?

- Ferme la Taehyung. Et dégage à ta place, tu me soûle.

Le noiraud me toisait.

- Sun Hee? Il demanda.

- C'est moi.

- Désolé, j'étais pas sûr. La dernière fois que je t'ai vu tu portais ton masque.

Il avait raison.