Je suis là

#55 Déléguée

Depuis combien de temps j'étais là? Allongée lamentablement au sol.

Mes yeux peinaient à rester ouverts. Ma bouche était tellement sèche que même ma langue n'arrivait plus à humidifier mes lèvres. J'avais mal au nez. Quelque chose me gênait à l'intérieur. Comme si j'avais cette envie d'éternuer mais que ça ne sortait toujours pas. Il était certainement cassé. Mes tempes étaient colorées par le sang qui ne s'était pas fait prier pour sécher et ma mâchoire ne parvenait plus à s'ouvrir, même lorsque je devais bailler. Mes cheveux étaient mélangés à cette substance rougeâtre qui continuait de s'écouler de mon crâne et mon bas ventre continuait de me supplier de le soigner.

J'étais au sol, mais étrangement, je n'avais pas l'impression d'avoir les pieds sur terre. J'étais ailleurs.

Dans ce monde duquel je voulais sortir. Dans ce monde qui me semblait imaginaire et irréel.

Quelques heures? Une journée? Trois jours?

Depuis quand j'étais là? 

Depuis quand mon estomac me criait il famine?

Depuis quand mon corps me hurlait son besoin d'eau?

De l'eau... N'en avais je pas eu assez avec la baignoire?

Une chose était sûre, j'étais là depuis suffisamment longtemps pour que mes cheveux n'aient eu le temps de sécher entièrement.

Mes côtes me martyrisaient, me rappelant où j'étais et pourquoi.

Il avait bien dû me péter une jambe étant donné que je ne parvenais plus à les bouger.

Toujours couchée, je fis face au mur, le grattant de mes ongles désormais bien abîmés.

" Si tu le revois. Si tu lui parle. Si tu le regarde, je t'achève. Et je le plumerai ensuite."

Je le savais.

Je n'aurai pas dû m'approcher de Yoongi. J'étais nocive pour lui. J'étais dangereuse.

Je ne parvenais pas à me défendre de mon père, comment pouvais je défendre mon camarade?

"Qui es tu? "

Je ne sais pas.

"Tu l'as tué? "

Qui ça?

"C'est ta faute."

Je sais.

"Tu n'as rien fait pour la protéger."

Je sais...

"Elle morte à cause de toi."

Je sais!

"Tu l'as tué."

JE SAIS BORDEL!!!

La panique. C'était ça. La panique qui me prenait peu à peu.

Depuis quand n'avais je pas été achevée par une de mes nombreuses crises?

Allais je mourir ici?

Ça y est. C'était le moment.

C'était là.

Mes yeux tournèrent, me provoquant un mal de tête qui me fit hurler à la mort. Ma bouche s'ouvrit, libérant le chemin à ma salive que je ne parvenais plus à contenir. Un liquide traversa mon nez et ne tarda pas à couler de mes oreilles.

Mon cœur pulsait comme jamais auparavant.

"Sale minable."

Je sais.