Je suis là

#35 Appel

Je ne pouvais pas revenir chez les Min sans rien dans les mains. Ma mère ne m'avait pas éduqué comme ça.

Il était quatorze heures cinquante et une. En bref, j'avais exactement neuf minutes pour passer à la boulangerie et acheter des petites sucreries à la mère de Yoongi.

Je descendis précipitamment les escaliers de mon immeuble, et me ruais à l'extérieur, ne supportant pas l'odeur infecte des couloirs du bâtiment.

Je ne devais pas être en retard. Ça n'était pas dans mes habitudes et je ne voulais pas faire mauvaise impression. 

Et étrangement, sur le chemin du retour, alors que j'avais les quelques pâtisseries dans les mains, je repensais aux événements de la veille.

J'avais vu Yoongi sous un autre jour et je mentirai si je disais que ça ne m'avait pas plu. Voir son visage d'aussi près, m'avait fait quelque chose. Et même si j'avais fait de mon mieux pour paraître impassible, à l'intérieur de mon corps ça avait été la troisième guerre mondiale.

Je l'avais regardé dans les yeux, observant sa peau, à la recherche de la moindre imperfection. Mais je n'en avais pas trouvé. J'avais fixé son visage, comme si c'était la première fois que je le voyais. Et ce que j'avais vu, m'avait troublé.

Je ne l'avais jamais vu sous cet angle, et encore moins aussi proche, mais sa vision, m'avait provoqué un agréable sentiment de plénitude, de sécurité.

Mais je m'étais bien vite remémorée l'image de mon père. Je ne devais pas faire de Yoongi, mon ami. Il n'était que mon camarade et si je parlais avec lui ou le fréquentais, c'était uniquement pour le projet sur lequel nous devions travailler. Une fois le travail terminé, nous redeviendrons de parfaits étrangers.

Je sursautais sous le bruit d'un klaxon, manquant de ne faire tomber mes petits gâteaux joliment emballés.

Et lorsque je tournais la tête afin de réprimander le crétin qui m'avait fait peur, j'aperçus Yoongi dans sa voiture, et toute colère me quitta.

- Qu'est ce que c'est? Il demanda alors que je montais dans le véhicule.

- Merci Yoongi, moi aussi je vais bien. Je dis en m'installant sur le siège.

- Salut. Il se rattrapa.

- Ce sont des pâtisseries. Je répondis à sa précédente question.

- Pourquoi tu as acheté ça?

- Pour ta mère... Je le regardais. Et pour toi.

- Quoi... Y a pas assez à manger chez moi c'est ça?

- J'ai pas dit ça abruti. C'est juste une marque de respect envers vous qui m'avez invité hier.

- Dis moi... Il fit en me prenant les boîtes de gâteaux pendant que je m'attachais. T'aime bien tout ce qui est respect on dirait.

- C'est vrai que ce mot t'est complètement inconnu. J'ironisais.

- Et tu te crois drôle? Je repris les paquets en mains.

- Moi? Non.

- Et c'est moi que t'insultes de pourri. Il soupira en démarrant la voiture.

- T'as mangé? Je demandais en ouvrant la boîte.

- Pas depuis hier non.

Je le regardais, étonnée.

- Pardon? Depuis hier?

- Ça va. Ne me fais pas la morale.