Pourquoi j'avais fait demi-tour... Je ne saurai jamais dire pourquoi.
Je ne savais pas pourquoi mon corps ne m'avait plus obéit. Je ne savais pas non plus pourquoi j'avais tourné les talons.
Non je ne savais pas. Je ne savais pas pourquoi son état m'importait plus que le miens. Je ne savais pas non plus pourquoi la peur que je ressentais envers mon père, je ne l'avais ressenti qu'en pensant à Yoongi.
Et j'étais là, devant la porte de sa chambre, à le contempler pleurer. J'étais là et j'observais ses plaintes silencieuses.
Je ne savais pas. Je ne savais pas pourquoi je m'inquiétais pour lui. Je ne le connaissais même pas. Je ne savais pas non plus pourquoi il pleurait.
Mais que savais je au juste?
Je savais qu'il avait besoin de réconfort. Je savais qu'il avait besoin d'affection, de tendresse mais surtout d'amour.
Mais comment est ce que je pouvais bien lui en donner alors que je n'en avais moi même plus reçu depuis des années? Comment est ce que j'étais censé m'y prendre alors que ce sentiment m'était devenu inconnu?
Je savais qu'en ce moment, il ne demandait qu'une chose. Qu'on le sauve. Qu'on le sorte de ce cauchemar dans lequel il était enfermé. Il ne demandait qu'à être compris. Il ne demandait qu'à être entendu.
Et mon corps avait agit tout seul. Une fois de plus.
Mais aujourd'hui, et pour la première fois, je ne regrettais pas. Je ne regrettais pas qu'il m'ait désobéit. Parce que je savais que la tendresse qu'il réclamait, cette amour qu'il demandait, et cette affection qu'il cherchait... Tout ça... J'en avais besoin aussi.
Alors, mes jambes bougèrent, me faisant avancer jusqu'à ce lit sur lequel ce garçon était étendu. Ce lit qui avait dû accueillir un nombre incalculable de chagrin. Ce lit qui avait dû connaitre des tonnes de larmes... Je me dirigeai vers ce lit.
Parce que je ne voulais plus qu'il serve à le faire pleurer. Je voulais que... Que sur ce lit, il puisse avoir ses moments. Ses souvenirs. Ses rires. Ses joies. Je voulais qu'il ait ses moments de réminiscences. Je voulais que sur ce lit, il soit heureux.
Et dans un élan de tendresse que je ne me connaissais pas, j'entourai son cou de mes bras, collant sa tête contre ma poitrine. Et soudain, un souvenir me revint.
Ce moment où les larmes ne cessaient de couler et que seule ma mère parvenait à calmer. Elle le faisait si bien. Collant ma tête contre sa poitrine et me laissant écouter les battements de son cœur.
Et je pressais Yoongi plus fort contre moi. Lui communiquant mes émotions.
Je n'avais pas de pitié pour lui. Ce ne serait pas correct. Non. Je ne ressentais pas de la pitié. Ce n'était pas de la consternation. Non. C'était juste de l'appréhension. C'était de la bienveillance.
Et là, dans sa chambre, dans la pénombre totale, on entendait que ses pleurs. On écoutait ses larmes et embrassait ses sanglots.
Je le serrai encore plus, le faisant se redresser, et je posais mon menton sur sa tête lui murmurant ces quelques mots. Ces mots auxquels j'essayais de croire.
- Ça va aller.
Et comme si je l'avais toujours fait, je me balançais doucement, le berçant tel un enfant que l'on veut faire dormir.
Et avec une certaine hésitation, une de mes mains vint caresser ses doux cheveux. Et il ferma les yeux sous ce geste maternel. Et alors que je tentais de calmer ses pleurs à travers mon attitude, ses larmes redoublèrent. Comme si elles n'avaient attendu qu'une seule et unique chose, que quelqu'un soit là pour les voir. Et je les voyais. Je le voyais. Je voyais qu'il n'arrivait plus à se retenir.
- Ne te retiens pas Yoongi. Je chuchotais en passant mon autre main dans son dos, commençant de lentes caresses.
Et ça avait été le signal. Comme s'il avait attendu ma permission. Et je fermais les yeux sous ses pleurs, me faisant violence pour ne pas céder à mes larmes.
***
Je ne savais pas. Je ne savais pas comment il s'était retrouvé sa tête sur mes cuisses. Je ne savais pas non plus depuis combien de temps nous étions là. Mais une chose était sûre, c'est qu'il devait être dix sept heures trente passées. Et une chose était sûre, c'était que là, tout de suite, j'en avais carrément rien à faire.
Et même si je ne savais pas depuis combien de temps j'étais dans son lit, le dos contre le mur, les jambes tendues et mes mains dans ses cheveux, je savais... Je savais que je le contemplais depuis le début.
Depuis qu'il s'était endormi sur moi, mes yeux ne le quittaient pas. Et mes mains ne se séparaient plus de sa chevelure. Et malgré le fait que j'avais allumé la télé de sa chambre, je ne faisais même pas attention aux images qui défilaient à l'écran.
Oui. Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais là, avec un Yoongi endormi. Mais j'étais certaine d'une chose. C'était que pour rien au monde, je n'aurai échangé ce moment.
***
- Yoongi?
J'ouvris les yeux.
- Chéri?
Je tendis l'oreille.
- Yoongi je suis rentrée!
Et je repris mes esprits, prenant doucement conscience d'où j'étais.
Je me redressais lentement, scrutant la pénombre qui habitait ma chambre depuis des mois. La porte s'ouvrit, laissant apparaître ma mère.
- Yoongi tu...
Mais elle s'arrêta net en me regardant. Et j'arquai un sourcil sous l'incompréhension.
- Oh désolé chéri. Je ne voulais pas déranger.
- Non tu ne dérange pas.
- Toi non... Elle me désigna de son menton. Mais elle oui.
Et sous son regard, je tournais la tête, et c'est là que je me rendis compte de la situation. J'écarquillais les yeux.
- Elle a l'air épuisée. Me dit ma mère en chuchotant. Laisse la dormir. Je vais préparer le dîner.
- Elle reste manger? Je demandais sur le même ton.
- Oui. Et elle n'aura pas le choix cette fois.
- Tu ne peux pas la forcer.
- Tu veux parier? Elle me fit un clin d'œil.
Et je soupirai.
- Ah au fait Yoongi...
- Hm? Je relevais la tête.
- Retire ta main de sa cuisse si tu ne veux pas qu'elle fuit en te voyant.
Et elle referma la porte, me laissant là, allongé sur mon lit, assimilant lentement ses dernières paroles.
Je portai mon attention sur ma main, et constatai avec surprise qu'elle était en effet sur la jambe de ma camarade. Je la retirai immédiatement, mon cœur s'étant soudainement accéléré.
Doucement, les événements me revinrent en mémoire.
Elle, sortit de chez moi. Moi pleurant. Elle, revenue. Mes larmes, mes cris et enfin ses bras. Son étreinte et sa tendresse.
Et je contemplais cette fille, le cœur plus léger que ce matin.
***

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Je suis là
FanfictionUn regard, et il avait vu son indifférence. Un soupir, et elle avait vu sa lassitude. Et sous un ciel incertain, ils s'étaient battus pour un lendemain. langage cru, violences verbales et physiques. Statut: Terminé [03/05/18 -- 01/10/20]