#45 Bus

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Mon reflet dans le miroir. Je le voyais beaucoup trop souvent. Je ne supportais pas ça. Ma simple vue me donner envie de me mettre un couteau sous la gorge.

Mes quelques boutons ornant mon visage. Mes lèvres toujours aussi gercées et déchirées. Mes yeux bleus ternis par les larmes étaient dans un état de fatigue tel, que mes cernes ne voulaient plus les quitter. Ma mâchoire légèrement enflée mais bientôt guérie, et ma nuque qui reprenait une couleur on ne peut plus normale.

Et je pris conscience de ce qu'était un miroir.

Ce n'était que le reflet de ma propre personne. Mais pourquoi est ce que je ne voyais pas mes atouts? Pourquoi est ce que tous mes défauts ressortaient lorsque je posais mes yeux sur cette glace?

Parce qu'un miroir c'est ça avant tout. Pour certain, la beauté est au rendez vous, et pour d'autres, toutes les imperfections ressortaient. 

Depuis combien de temps n'avais je pas eu une image plaisante de ma personne? Depuis quand m'étais je laissé aller ainsi? A ne plus prendre soin de moi, à ne m'habiller qu'avec des joggings et des sweats?

Tu connais parfaitement la réponse Sun Hee...

Oui. Je connaissais la réponse.

Je m'enfermais dans une des cabines des toilettes de ce restaurant bien trop beau pour moi, et j'enfilais rapidement mes vêtements que j'avais pris soin de mettre dans mon sac.

Cette robe qui longeait le sol, je voulais la déchirer. La découper. La jeter. Et une fois fait, peut être que les souvenirs de ma mère s'envoleront eux aussi.

Je pris la sortie de secours, évitant d'attirer l'attention de mon père qui serait capable de me poursuivre à travers tout le restaurant s'il me voyait ainsi.

Et l'air froid du dehors, me percuta violemment, me faisant frissonner sans douceur.

Les bus. C'était ma seule option pour retrouver ma maison.

Mais... Était ce vraiment ce que je voulais? Rentrer chez moi?

***

J'avais dégagé Taehyung de chez moi, le menaçant de tout et n'importe quoi, le traitant de tous les noms.

J'avais dû le vexer. C'était certain. 

Mais je n'avais pas la tête à discuter, et encore moins à tenter de le convaincre.

Une clope au bec, j'étais sorti de chez moi, ignorant ma mère dans le salon qui, en me voyant, avait essayer de parler. Mais je l'avais vu. Ses mots n'étaient pas sortis. Elle n'avait pas réussi à ouvrir la bouche.

Je l'avais déçu, et je continuais. 

Je l'avais fait pleurer, et je n'avais rien fait pour la consoler.

Parce que je n'arrivais pas à me consoler moi même, comment pouvais je le faire avec elle?

Lui dire que ça allait? C'était faux.

Lui assurer que mon état allait s'améliorer? Mensonge.

Je ne pouvais rien faire tant que j'étais ainsi.

Je ne pouvais pas dire à ma mère que j'allais faire de mon mieux pour tout arranger, parce que je n'y croyais pas moi même.

Et dans les rues de Séoul, au beau milieu de toutes ces voitures, à vingt trois heures passées, j'errai tel un sans abris. Percutant des dizaines de personnes sur mon passage et ne prenant pas la peine de m'excuser.

Je préférai écouter leurs insultes. Je les méritais. Je ne devais pas obtenir leur pardon.

Et dans les rues de Séoul, je marchais. Encore et encore, sans vraiment me faire une idée de l'endroit où je comptais réellement aller.

Je suis làOù les histoires vivent. Découvrez maintenant