#19 SMS

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La nuit. Je détestais ça. Pourquoi? Parce qu'il faisait noir. Parce que le bruit était complètement absent. Parce que les lumières s'éteignaient toutes une par une. Parce que dans la pénombre, je ne voyais rien. Rien. Juste ma douleur. Juste mes peines. Mes tristesses. Mes blessures. Mes malheurs. Mes angoisses. Mon calvaire mais surtout ma peur.

Vous saviez? Dans le noir, notre cerveau se met en marche. Vous avez peur du noir?

La peur du noir est souvent présente chez les enfants. Mais elle demeure aussi présente chez certains adultes. Pourquoi? Parce dans le noir, nous sommes impuissant. L'absence de repère et l'ignorance de ce qui se passe autour de nous, nous terrifie. Et tous nos sens se retrouvent en alerte lorsqu'un bruit se fait entendre. 

La peur de l'obscurité atteint notre cerveau lorsque nous voyons ou assimilons les peurs des autres en tant qu'enfant. Elle peut aussi se manifester lorsque nous relions un objet à ce sentiment qu'est la peur, mais elle est très souvent présente à cause d'événements et d'expériences traumatisantes.

C'est ce type d'événement, qui engendre les phobies. 

Vous l'aurez compris, je suis nyctophobe. Ce n'est pas vraiment une maladie. Juste une peur qui se soigne par une thérapie. Une thérapie qui m'aidera à surmonter ma peur. Mais avec mon père, ce n'est tout bonnement pas possible. Il se délecte de ma peur. Ses yeux brillent de satisfaction lorsqu'il me voit hurler de désespoir.

Je déteste la nuit. La ville semble sans vie. Personne dehors, sauf les quelques crétins qui préfèrent squatter les bas d'immeuble à fumer tels des pompiers, cette substance qui les conduira à leur mort dans un futur proche.

La nuit, je réfléchis. Pour ne pas faire face à mes angoisses. Pour ne pas avoir à affronter mes démons. Je réfléchis à ma vie. Est ce que j'ai grandi? Mûri? Est ce que j'ai évolué? Qu'est ce qui a changé depuis mon enfance? Est ce que j'ai des amis? Est ce que je suis amoureuse?  Est ce que j'ai un avenir?

Et à la plupart de mes questions, je n'ai pas de réponse.

Parce que depuis toute petite, je n'ai personne pour m'épauler. Je n'ai jamais vraiment pu parler avec ma mère. Jamais vraiment eu d'amis. Jamais eu quelqu'un à qui me confier. Je réglais tout toute seule. Ne comptant que sur moi même. Parce que dans un sens, mon père m'y a forcé, malgré moi.

***

Aujourd'hui, elle n'est pas venue en cours. Je n'y étais pas non plus à cause de ma sanction, mais Taehyung me l'avait dit. Je pensais qu'elle se pointerait en retard, mais elle n'est pas venue. L'idée d'aller chez elle m'avait un instant effleuré l'esprit, mais je me rappelais bien vite que les téléphones portables existaient. 

Et là, couché dans mon lit, allongé telle une étoile de mer, j'observais le plafond. Trop de question sans réponse. J'étais devenu bien trop curieux depuis que je la connaissais. Ce n'était pas dans mes habitudes. J'étais le genre de personne à me pointer en cours, à poser mon cul sur la chaise et les pieds sur la table, mes écouteurs dans mes oreilles à pioncer telle une bûche. Je faisais ma petite vie sans me soucier des autres. Je n'avais pas de compte à leur rendre, pas de conversation à leur faire. J'allais en cours, écoutais deux trois phrases du prof avant de fermer les yeux et je repartais chez moi, ni vu ni connu.

Mais depuis quelques jours, je ne venais plus en cours avec cet état d'esprit. A présent, j'avais une raison pour y aller. Certes je n'étais pas là pour jouer les héros, ce n'était absolument pas mon but. Je n'étais pas là pour régler les problèmes de cette fille alors que je ne parvenais même pas à m'occuper des miens. Je n'étais pas là pour passer mes journées à la contempler. Peut être que ça aurait été différent si elle ne se pointait pas en cours avec des bleus partout sur le corps. Peut être que si elle n'avait pas le même caractère que moi, j'aurai continuer à nager dans mon ignorance. Peut être que si elle n'avait pas ce regard triste et emplit de détresse, je serai toujours dans ma bulle, à ne me focaliser sur personne d'autre que sur moi même. 

Mais voyez vous, sans le vouloir, elle avait attisé ma curiosité. Et comme la plupart d'entre vous, cette curiosité devait être satisfaite si je voulais avoir une chance de dormir la nuit. 

***

Il n'était pas là aujourd'hui. Il n'avait pas été là hier non plus. Ni le jour précédent. J'ignorai pourquoi, jusqu'au moment où Neula me fit part de cette fameuse punition.

- T'es toujours pas au courant?

- Au courant de quoi?

- Du pourquoi il a été exclu.

- Non et je m'en branle pas mal.

- Allez Hee! Fais un effort!

- Je sais juste qu'il s'est battu.

- Et tu ne sais pas pourquoi il s'est battu?

- Non mais je te l'ai dit je...

- Tu t'en branle je sais.

- Alors arrête toi là. Moins j'en sais, et mieux je me porte.

***

"Tu vas mieux?"

"Pourquoi ça n'irait pas?"

"Tes doigts... ils avaient pas l'air en bon état la semaine dernière."

" Il me semble t'avoir dit de te mêler de tes affaires."

"T'es toujours aussi méfiante?"

"Je ne suis pas méfiante. Mais tu m'ennuie."

" C'est mieux que de te faire passer à tabac non?"

" De quoi tu parle?"

" Ton visage... il va mieux?"

" J'ai rien au visage Yoongi."

" A d'autre tu veux?"

" Tu me gave."

"Je crois que je commence à imprimer merci. T'as dû me le dire environ trente sept fois depuis qu'on se connait."

" Et pourtant tu continue de me casser les pieds."

" T'as des infos sur le projet?"

" Ah parce que tu t'intéresse aux cours toi maintenant?"

" Quand je suis tout seul non, mais là il s'agit d'un travail de groupe."

" Je ne te pensais pas comme ça."

" Et pourtant..."

" Tu veux toujours travailler sur la musique?"

" Si le sujet est en accord pourquoi pas."

" Rendez vous à la bibliothèque samedi à treize heures."

" T'aime bien la bibliothèque toi dis moi?"

" Pas spécialement mais ne compte pas remettre les pieds chez moi de si tôt."

" Pourquoi?"

" Parce que c'est comme ça."

" Dans ce cas on a cas faire ça chez moi."

" Ta mère n'a pas d'invités cette fois?"

" Non."

" Rendez vous à la bibliothèque à treize heures samedi. Sois pas en retard."

***

/ Est ce que c'est grave si je me sers de ma dépression pour écrire mes chapitres? Non parce que je commence à m'inquiéter là.

Enfin bref. Vous avez aimé ce chapitre?/

Je suis làOù les histoires vivent. Découvrez maintenant