Chapitre 39 : Emily

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Assise seule dans mon canapé, je repense encore et encore aux événements d'hier. Après avoir passé la nuit à me vider de toute l'eau contenue dans mon corps, blottie dans les bras de ma meilleure amie lorsque cette dernière s'est retrouvée obligée de partir après un appel de sa grand-mère.

Je regarde légèrement l'heure, il est déjà l'après-midi et je n'ai rien mangé depuis hier matin. Je n'ai pas vraiment faim mais je dois me nourrir. Je me lève mais à la vue des chaises vides, les souvenirs de la veille me reviennent. Je ferme les yeux et me dirige vers le comptoir, j'attrape une pomme et pars m'asseoir dans mon canapé. Je m'apprêtais à la croquer mais je n'y parvenais pas, je n'arrive pas, je n'ai pas faim, c'est trop pour moi, je me contente de la fixer. Je ne sais pas ce qui se passe dans ma tête mais une subite idée me traverse l'esprit. Je me lève et me précipite sur mon téléphone, je compose son numéro et attend qu'il me réponde impatiente, après quatre sonneries, il décroche :

"- Emily ?

- Papa, je ferme les yeux et soupire, j'ai besoin de toi."

Notre discussion dure plus d'une heure, j'ai énormément de choses à lui dire, à lui demander.

Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais je ne fais que suivre mon instinct. Je me reprends rapidement après avoir raccrochée. Je me lève et me dirige vers ma salle de bain, prendre une douche ne me fera que du bien. J'entre et l'eau chaude qui court sur ma peau me donne l'impression que mes peines et craintes disparaissent ne serait ce que l'espace d'un instant. Je ferme les yeux et laisse l'eau ruisseler sur mes cheveux, me débarrassant du shampoing présent dans ces derniers. L'image d'Alex me revient, mon estomac se noue dès lors où je revois son expression, celle où il me dit adieu à travers son regard si sombre. Je sais qu'il fait des conneries en ce moment, je le sens mais malgré tout, j'espère qu'il va bien.

Je sors habillée de la salle de bain, je compte aller rejoindre Ash' chez elle pour que l'on se tienne compagnie. J'entre dans ma chambre pour me sécher les cheveux lorsque soudainement, j'entends un bruit sourd provenant du salon. Je sursaute et laisse tomber mon sèche cheveux encore en marche. Je me dirige vers la porte de ma chambre, je l'entre-ouvre doucement. J'entends alors des bruits de pas, des bruits effrayants, ce ne sont pas ceux d'Ash', ils sont plus forts, plus lourds et surtout plus nombreux. La panique commence à me gagner, je referme la porte à clé, je pars éteindre le sèche-cheveux pour qu'ils ne me repèrent pas aussi vite. Je prends mon téléphone et commence à composer le numéro de la police, soudainement la porte s'ouvre dans un fracas assourdissant, je sursaute et me tourne vers l'entrée de la chambre, trois hommes, grands, extrêmement musclés et effroyablement sinistres, entrent. Je me relève, je ne parviens plus à bouger tétanisée pas la peur. L'un d'eux m'attrape par le bras et fait tomber mon téléphone avant de l'écraser avec son pied, le second, s'approche dangereusement. Aucun son n'arrive à passer la barrière de mes lèvres. Il s'approche et m'attrape l'autre bras, je prends donc conscience de la situation et me débats du plus fort que je puisse, criant :

"- Lâchez moi !"

Je cris encore et encore et je n'ai le temps que de voir le troisième arriver à mon niveau un tissu blanc dans la main. Il le place sur mon visage et d'un seul coup, tout devient noir. Je m'effondre et je sombre dans un autre monde. Je me sens portée, j'ai envie de crier à l'aide mais mon corps ne m'obéis pas. Je n'arrive pas à ouvrir les yeux, je les entends marmonner quelque chose et d'un seul coup, je sens la même matière de ce tissu sur le bas de mon visage et c'est à cet instant que je comprend mon enlèvement. Ce fût ma dernière pensée, cette fois je m'évanouis complètement.

J'ouvre les yeux, ma tête me fait énormément souffrir, mes yeux me jouent des tours, tout est flou autour de moi. Ma tête posée sur le sol, ne parvenant même pas à discerner où est-ce-que je me trouve. Je ferme les yeux et les rouvre espérant que cela s'estompe, mais rien n'y fait, je lève les yeux vers le plafond, ma vue revenant petit à petit, je regarde partout autour de moi. Aucune lumière du jour, je ne sens qu'une faible lueur provenant d'une lampe. J'arrive enfin à voir correctement, je me retrouve enfermé dans une pièce sombre, sans fenêtres, seule une porte blindée se trouvant comme issue de sortie. Les murs supposés être blancs sont noirs de poussières et de saleté, couchée sur le sol plein de poussière, je me relève légèrement pour en voir plus. Il n'y a rien, rien à part cet homme attaché tel une bête de foire sur une chaise en métal, des pinces également en métal reliés à des câbles de démarrage sont attachés aux piétements de la chaise. L'homme est complètement inconscient, les cheveux et tout le corps trempés.

Attendez ces cheveux me disent vaguement quelque chose. Il m'effraie, je me colle au mur et joint mes genoux à mon corps, j'y pose ma tête et me mets à pleurer. Si seulement ce n'était qu'un cauchemar.

Quelques temps plus tard qui semblent être des heures, j'entends un gémissement, je retiens mon souffle et prie pour que ce ne soit que mon ventre qui me rappelle qu'il n'a rien ingurgité depuis plus de vingt-quatre heures. Mais je doute qu'il ne fasse ces bruits de souffrance absolue.

Soudainement, la porte s'ouvre sur les trois molosses qui m'ont enlevés, ils sont suivis par un homme de grande taille, musclé un peu comme Scott, (le jeu de la bouteille, vous vous en rappelez ?), il me fait penser à quelqu'un mais difficile de dire qui, mon cerveau est en surchauffe, je n'arrive à réfléchir correctement avec ce mal de crâne. Un peu plus tard, un autre homme entre, mon cœur ne fait qu'un bond en le reconnaissant.

Arthur.

Mais qu'est ce qu'il fait là, non qu'est ce que MOI, je fais ici ? Mais que ce passe t-il bon sang !

Les deux hommes s'avance vers la personne attachée. Mais ils se stoppent dans leur élan lorsque Arthur souffle en me regardant :

"- Jack. Regarde un peu par là."

Le prénommé Jack se met à regarder dans ma direction, un sourire hautain et vainqueur collé sur le visage. Il s'approche doucement vers moi, la panique remonte, je me mets à trembler. Il s'approche encore et encore et moi je ne fais que serrer encore et encore mes jambes à mon corps. Arrivé à mon niveau, il s'accroupit, je baisse la tête et ferme les yeux. Il place sa main sur mon menton et le relève en faisant en sorte que je le regarde dans les yeux. Ses yeux me terrifient, ils sont si malveillants, si monstrueux. Son sourire me glace le sang, une larme solitaire coule sur ma joue, il l'essuie à l'aide de son pousse et me dit calmement :

"- Ne pleure pas Emily, garde tes larmes pour plus tard. Tu en auras besoin."

Je lui lance un regard assassin et lui crache au visage. Il détourne la tête et passe sa main sur son visage pour essuyer. Il se tourne vers moi et frappe le mur à mes côtés, je sursaute et tremble comme une feuille.

"-  Vous vous êtes bien trouvés tous les deux, c'est votre passion de cracher sur les autres qui vous a rapprochés ? Me demande-t-il."

Je ne comprends pas ce qu'il raconte, je le regarde incertaine de l'expression que j'affiche. Il se relève, me tire par les cheveux pour me relever également, je gémis de douleur, les larmes me montant aux yeux. Il s'apprêtait à m'asséner une gifle lorsqu'une voix l'interromps :

"- Touche la et t'es un homme mort."

Tous les regards se tourne vers la voix, l'homme attaché, c'est lui qui a parlé, sa voix ne m'est pas inconnue mais je n'arrive toujours pas à discerner qui cela peut bien être. Jack éclate de rire, il me relâche brusquement, je retombe au sol mes jambes encore trop fragiles pour supporter mon poids. Jack s'éloigne pour arriver au niveau de l'homme, il lui  empoigne la tête qui était jusque là toujours baissée, il le relève brusquement et mon estomac se retourne.

Alex !

Mes larmes silencieuses coulent d'elles-mêmes.

"- Tu penses vraiment ? Et bien voyons lequel de nous deux sera un homme mort."

Il se retourne fais un signe de tête à l'un de ses gorilles, ce dernier enclenche un bouton sur un sorte de boîtier et le cri d'Alex me fait sursauter. Il se tord de douleur. Le gorille s'arrête un instant après le signe de Jack. Je comprends alors ce qu'il lui arrive. Sans réfléchir, mes tripes me font crier en réponse à ce spectacle épouvantable :

"- Alex !"

Ce dernier se tourne vers moi complètement à bout de force et puise dans ses dernières ressources pour me sourire et souffler un :

"- Je vais bien."

Je sens une colère noire me monter à la tête, il se moque de moi ? "Je vais bien" ? Sérieusement, on dirait vraiment que tu vas bien, Alex. D'ailleurs moi aussi je vais bien ! Le voir à moitié ensanglanté, qu'est-ce qu'il pète la forme dis-donc !

Sweet woundOù les histoires vivent. Découvrez maintenant