Chapitre 18 : Alex

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« - Putain, Steph sérieux qu'est-ce que tu me fais là ?

- Mais quoi ? J'ai presque rien fait, Alex, et franchement je te trouve mal placé pour l'ouvrir !

- Sauf que moi quand je me bats c'est mon adversaire qui va à l'hôpital ! Sérieux ! La prochaine fois t'éviteras de t'embrouiller avec quelqu'un si t'es même pas foutue de le faire saigner du nez !

- Ouais P'pa, bon tu m'emmènes chez Rob ou pas ? Il me faut des points de suture là, je pisse le sang.

- Putain ce que t'es chiante. Monte. »

Depuis que je suis parti de chez mon petit tigre, c'est ce genre de chose qui m'attendais, entre mon oncle qui m'envoie une nouvelle « mission », Carly qui tente de squatter chez moi et Steph qui se fait défoncer la gueule par une meuf qui fait le triple de sa taille. J'avais tellement envie de rester et de voir sa petite tête au réveil, mais le devoir m'appelais et un nouvel imbécile a rejoint le cimetière.

Bref, maintenant je me retrouve comme un putain de chauffeur a emmener Steph chez Roberto, ouais le pizzaïolo, il est aussi notre infirmière de secours, on ne peut pas se permettre d'aller dans un hôpital quelconque, en général nos blessures ne sont pas dues à des causes légales.

Une fois arrivés chez Rob, on descend de ma voiture et on se dirige directement au sous-sol où se trouve une pièce assez sombre, les murs humides et totalement délabrés par l'usure dégagent une odeur de pourriture. On attend Roberto, il arrive quelque minutes plus tard, et se met à examiner Stephany assise sur la seule chaise rouillée présente dans la pièce. Après quelques secondes seulement il nous annonce :

« - Elle est cassée. Je peux pas l'aider.

- Comment cassée ? Qu'est ce qui est cassé ? J'interroge.

- Bah sa jambe, au fémur, elle s'est brisée le fémur, elle doit obligatoirement aller à l'hosto.

- Euh sauf que c'est mort, rétorque Steph.

- Putain, tu t'es pétée la jambe et tu ne l'a même pas senti. pestais-je.

- Disons qu'on m'a appris à supporter la douleur.

Je soupire d'agacement en prenant soin de plonger mes yeux enragés dans les siens empestant l'impassibilité ce qui a le don d'encore plus m'agacé.

- Tu me les brises bordel. crachais-je pour diluer un tant soit peu la colère envahissant mon corps.

- Bref, va à l'hôpital, tu t'es pas fait tirer dessus, donc tu peux dire que tu t'es cassée en tombant. Fais en sorte que ce sois crédible. Fini Rob. »

On fini donc par se retrouver en face de l'hosto, on se gare dans le parking et en tournant la tête je remarque une folle courir en pantoufle précipitamment à l'intérieur. Elle doit vraiment être affolée pour sortir à moitié décoiffée et en pantoufle. Décidément l'hôpital n'est vraiment pas l'endroit rêvé pour y passer un petit séjour. Je secoue la tête et emmène Steph à l'intérieur du bâtiment. J'entre et un frisson me parcours l'échine lorsque des centaines de souvenirs tous aussi désagréables les uns que les autres remontent en ma mémoire. Je me rappelle de cet endroit et pour tout vous dire la prison me semble mille fois mieux que de rester bloqué ici. Steph part se faire « réparer » et en pendant ce temps je décide de sortir et d'attendre dehors. Quelques minutes plus tard, j'entends des cris au sein du hall d'attente, des bribes de voix parviennent à mes oreilles : « où est-ce qu'il est ? », « vous êtes des incompétents ma parole ! ». Je ferme les yeux, prends une grande respiration et entre dans le hall. Je marche vers l'accueil et là ce qui se trouve devant mes yeux me surprend énormément, elle est là entrain de crier je ne sais quoi sur des infirmières totalement hors d'elle. Je m'approche doucement tant dis qu'elle continue de crier et de s'affoler. Je prends une grande inspiration pour ne pas attiser encore plus la colère qui remonte en moi. Je l'attrape par le bras et lui demande :

« -Steph, tu joues à quoi, là ?

- Ils me l'ont pris !

- De quoi tu parles ?

- Je te parle de mon couteau de poche ! »

A ce moment là des idées de meurtre s'emplissent et s'amassent dans mon esprit. Je serre les poings, les jointures de mes doigts blanchissent.

« -Je te jure Steph, que si t'avais pas déjà la jambe en miette je me serais fais une joie de le faire.

- Ouais, s'tu le dis, dis leur de me le rendre !

- Toi, je vais te ...»

Je soupire bruyamment d'agacement et me tourne vers les infirmières avec un sourire aussi aimable que je pouvais offrir avant de leur demander :

« - Excusez moi mesdames mais mon amie voudrait reprendre son ... enfin ce qui lui appartient vous voyez.

- Nous sommes désolés monsieur mais votre petite amie ne peut pas récupérer son arme.

- Pourquoi, et je suis pas sa copine pétasse ! Ha depuis quand les connasses comme toi trouvent du travail ? Rétorque Stephany.

Je souffle intérieurement implorant tous les Dieux de me donner la force de ne pas la buter en public. Peine perdue.

- Steph là c'est le moment où tu la ferme, répondis-je avec un ton menaçant, excuse moi ma belle, elle est sous tension, son joujou c'est son père qui lui a offert avant qu'il crè- enfin qu'il meurt donc vous pouvez comprendre qu'il lui tient à cœur. »

Je parle avec l'infirmière qui semble la plus naïve et cela porte ses fruits.

Elle semble hésiter mais elle fini par nous le rendre, je le garde en lançant un regard noir à Steph puis elle retourne se faire soigner. Du moins physiquement.

Cet hôpital, plus je le regarde et plus je le déteste. C'est là que tout a commencé, après le passage de mon père, il y a eu celui du gars grâce à qui je suis entré dans le gang. J'y suis passé moi aussi. C'était, dur, douloureux et surtout inoubliable. C'était la première fois que je me prenais une balle, je refusais de me faire soigner par un pizzaïolo, on m'a donc amené ici. J'ai dû inventé une histoire pour qu'on ne me pose pas de questions, je dois avouer que je suis bon pour raconter des salades. J'ai dû dire que j'ai assisté à un braquage et que je me suis retrouvé en plein milieu. Ils étaient plus ou moins convaincu et n'ont pas cherché à en savoir plus, ça m'arrangeait. En rentrant à la maison, ma mère s'était fait une joie de m'expliquer à quel point j'étais débile d'avoir accepter l'offre de mon oncle. Ces souvenirs et tout ce qu'ils ont engendré me replongent dans des putains de moments sombres dans ma vie. Entre rage, colère, tristesse et remords, je peux dire que j'en bave vraiment chaque minute de ma misérable petite vie.

Encore une fois je sors pour fumer cette fois-ci, je mets ma veste sur ma tête pour que la pluie n'éteins pas la flamme, je baisse la tête et les fameuses pantoufles de tout à l'heure apparaissent devant mes yeux. Je lève la tête et remarque que la fille en question se trouve face à moi mais de dos, elle semble perdue. J'ignore qui elle est, de dos c'est difficile de reconnaître les personnes mais elle me rappelle étrangement quelqu'un, je décide de m'approcher d'elle, je sens une délicieuse odeur que je ne connais que trop bien, cette odeur de vanille, ça ne peut être qu'une seule personne, je pose ma main sur son épaule et murmure doucement :

« - Petit tigre ? »

Elle se retourne et ce que je vois me retourne les tripes.

Sweet woundOù les histoires vivent. Découvrez maintenant