Sweet wound

Chapitre 33 : Emily

Assise dans la voiture de mon père, je souris bêtement encore une fois en relisant son message. Je ne suis pas sûre d'avoir bien compris en quoi je lui ai déclaré ma flamme.

"- Tu as l'air de bonne humeur, aujourd'hui. déclare mon géniteur pour briser le silence."

Je me tourne légèrement vers lui, il a les yeux rivés sur la route devant lui, ses mains serrent le volant et les jointures de ses doigts blanchissent, signe d'anxiété ou d'énervement. Je porte mon attention sur mon portable éteint avant de lui répondre par un simple haussement d'épaule.

Il semble vouloir dire quelque chose mais il s'abstient et je fais mine de ne pas l'avoir remarqué. Le silence règne et cela ne me gêne en aucun cas.

Nous arrivons à destination, je reprends mon sérieux, souffle un grand coup et descends de la voiture. Je m'avance d'un pas hésitant. Je sens mes larmes menacer de couler. Plus je m'approche de cet endroit plus mon envie de faire demi-tour m'envahit.

"- Par là, me souffle Mickaël."

Je me mets à le suivre, nous entrons dans le hall de cet hôpital, il n'y a personne comme patient, je n'y comprends rien.  Dans mes souvenirs on m'a pourtant dit que c'était un hôpital lambda, donc où sont passés les gens ?

"- Qu'est ce que ... commençais-je.

- Je t'expliquerai plus tard, Dan nous attend surement."

Nous attend ? Il n'est plus dans le coma ? Je sens mon cœur battre à toute allure, l'inquiétude, la crainte et la peur de déception me gagnent. Mes jambes tremblent et j'ai du mal à avancer.

Mon père ne prend pas la peine d'aller se renseigner à l'accueil, il se dirige vers les ascenseurs, nous y entrons. Durant l'ascension, je me pose des millions de questions.

"- Cet endroit... commençais-je.

- C'est moi qui l'ai fait construire, ce centre se charge uniquement d'un seul patient et c'est Dan. Tes questions trouveront réponses après la visite que l'on fera."

L'ascenseur s'ouvre, nous sortons et nous dirigeons vers l'une des portes présentes.

Mon père s'apprête à ouvrir ce seul obstacle qui nous sépare Dan et moi, mais il s'arrête brusquement, une expression de douleur sur son visage. Je ne comprends pas ce qu'il lui arrive et n'y prête pas plus attention que cela, trop absorbée par le fait que mon Dan est peut-être derrière cette porte éveillé à attendre que je vienne le voir. Michaël se courbe légèrement en avant puis se redresse aussitôt un comportement que je trouve bien étrange. Il fini par entre-ouvrir la porte avant de me souffler :

"- Vas-y en première."

Je le regarde dans les yeux et mes larmes que j'avais réussi à retenir jusqu'à cet instant se mettent à rouler sur mes joues. Je tourne mon attention vers l'intérieur de la pièce. De là où je me trouve, on ne peut pas voir grand chose, je marche un pas après l'autre d'une allure extrêmement lente, je redoute ce moment.

J'arrive enfin à voir une partie du lit, j'aperçois une silhouette, mon cœur bat de plus en plus fort, il est là. Je m'approche de son lit médicalisé. Il est juste près de moi, les yeux fermés, son éternel bandage lui recouvrant le haut de sa tête et une partie de son cou. Il à l'air si paisible, endormi. J'arrive à apercevoir sa discrète respiration. Il n'a plus autant de machines reliées à son corps qu'avant. Il respire tout seul, chose qu'il ne faisait pas avant, on lui avait implanté un respirateur artificiel.

Je détaille chaque parcelle de son visage. Il a tellement grandi, il est d'une beauté à couper le souffle, j'en suis presque jalouse. Ses belles boucles brunes ont poussés depuis ma dernière visite. Ses quinze ans sont à peine visibles.