Chapitre 43 : Emily

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Assise sur un des tabourets du comptoir de la cuisine, je ne fais que divaguer entre un souvenir, une pensée, des regrets... Mon absentéisme mental semble inquiéter ma mère qui ne fait qu'agiter ses bras pour me ramener à la réalité. Réalité que je ne cesse de fuir. Je sais que je dois lui répondre, lui montrer que je respire encore, que je n'ai pas perdu la raison, que je vais bien mais c'est plus fort que moi, je n'y arrive pas, je ne vais pas bien et j'ai l'impression que je perds de ma lucidité de minutes en minutes, je deviens folle. Les paroles de cette femme ne font que tourner en boucle dans ma tête.

"Il a assez de problèmes comme ça, on a pas besoin d'un poids en plus. Je suis désolée de vous le dire ainsi mais vous n'êtes qu'une distraction qui l'empêche de penser à sa propre vie. Vous lui êtes nuisibles, vous êtes celle qui marquera sa fin si vous restez près de lui."

Je ne suis donc qu'un poids en plus, une simple distraction pour lui ? Je lui suis nuisible ?
Plus j'y pense et plus les paroles de cette femme me semblent véridiques. Sans moi, il s'en serait beaucoup mieux sorti. Tout est de ma faute.

Et me revoilà plongée dans mes remords. J'ai tellement de fois voulu le voir, lui tenir la main, m'excuser. Je suis venue, chaque jours durant trois semaines, mais à chaque fois que je tentais d'ouvrir cette porte qui nous séparait, je ne trouvais plus le courage de l'affronter. Je perdais mes mots, mes moyens.

Je prenais de ses nouvelles par le biais d'Ash' qui me prévenait de son état grâce à Chase, son petit copain. Enfin, c'est plus compliqué entre eux également, ils ne sont pas ensemble mais ils agissent comme s'ils l'étaient puis d'un seul coup ils font comme s'ils ne se connaissaient pas. Leur relation n'a rien de bien envieuse, mais elle reste plus supportable que la mienne. Ils s'aiment, ils le savent et ne se le cachent pas, ils doivent seulement attendre. Attendre que cette histoire de gang se termine, cette histoire qui repose simplement sur les épaules de celui que j'aime. 

La sonnette de la porte d'entrée me fait sortir de ma torpeur, maman me lance un dernier regard inquiet avant d'aller ouvrir la porte. Je reste assise les yeux plongés dans mon verre d'eau qui doit être là depuis une bonne heure au moins. Des bruits de pas se font entendre, ma respiration s'accélère et mon rythme cardiaque bat anormalement plus vite, les souvenirs de mon kidnapping remontent petit à petit, mais je me calme directement lorsque je vois les personnes présentes. Ashley est là, je lui lance un sourire quelconque pour la saluer et me concentre à nouveau sur la beauté divine de cette eau si translucide et transparente. Elle ne peut pas cacher de secrets, cela se verrait directement, si seulement Alex pouvait être comme cette eau, sans secrets, clair et honnête.

"- Elle n'a pas bougé de cette chaise depuis qu'elle s'est réveillée... à sept heures et demi.

- Mais il est midi ! s'étonne Ash', elle se tourne vers moi et porte toute son intention sur mon misérable être, alors là ma petite, il faut te reprendre en main, il est hors de question que tu te morfonde telle une loutre sans savoir pourquoi t'es comme ça. Tu vas nous faire le plaisir de te lever et aller te changer pour que l'on sorte respirer un bon coup, profites-en pour faire une douche parce que sans vouloir être offensante, tu pues."

Elle ne me laisse pas le temps de répondre qu'elle me tire par la main et m'emmène dans la salle de bain. Elle m'embrasse sur la joue rapidement en s'excusant et m'enferme dans la salle. Un voile de panique me gagne, les espaces fermés me font peur. Un état psychique normal et surtout temporaire selon le psychologue de l'hôpital. Après avoir vécu ce traumatisme, il est normal que je me mette à trembler comme une feuille pour n'importe qu'elle raison. Foutaises ! Je ne m'inquiète pas de mon état psychique, je m'inquiète pour une personne à qui j'ai fais énormément de mal. 

La vérité, c'est que je m'en veux, je m'en veux car même si je savais qu'il était sorti il y a un mois de l'hôpital, je ne suis pas allée le voir chez lui. Pourquoi ? J'ai beau me voiler la face, je sais pourquoi. Parce qu'à chaque fois que je pense à lui, que j'essaie de dessiner son visage dans mon esprit, mes pensées se tournent vers cet être abominable qui lui ressemblait énormément malgré la différence de couleur de cheveux. A chaque fois qu'Alex apparaissait, il disparaissait aussitôt pour laisser place à cet homme là, ce Jack, son cousin, celui qui m'a t- 

Sweet woundOù les histoires vivent. Découvrez maintenant