Sweet wound

Chapitre 8 : Alex

Pendant la pause déjeuner, je reçois un appel de mon oncle m'informant que j'ai un travail spécial ce soir. Mon rôle est simplement de donner un petit rappel aux endettés de mon oncle et de prévenir tous ceux qui s'opposent à ce dernier qu'ils ne se confrontent pas à n'importe qui. Généralement, quand c'est à moi de m'en occuper c'est qu'ils ont vraiment déconné. Je raccroche rapidement, je ne supporte pas de faire du mal aux autres mais je n'ai pas le choix et puis avec le temps on en a de plus en plus l'habitude, on append rapidement à cacher son dégoût.

Après mon coups de fil j'entends une voix qui me semble familière, je me rapproche et discerne la silhouette d'Emily qui s'énerve au téléphone : « Arrête de rigoler !...sinon je vais voir qui tu sais pour lui dire tu sais quoi ... OK ... c'est bon ... n'oubli pas samedi ma mère part pour trois mois donc passe chez moi et prends des affaires pour la semaine comme d'hab...mais qu'est-ce que tu racontes ? ... Je te signale qu'elle est ma mère pas la tienne bien sûr qu'elle me manquera plus que toi ! »

Sa conversation ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd, c'est même très intéressant, sa mère sera absente pendant trois mois, j'imagine qu'elle parlait à son amie. D'ailleurs elle s'est fait repérer par Chase, je sens que l'on va bien s'amuser. Ces trois mois risquent d'être mémorables, elle n'imagine pas à quel point. Un sourire amusé se dessine sur mon visage, hâte d'être au weekend prochain...

Les cours se terminent, je rentre chez moi, embrasse mon petit frère Dan et ma mère, je dîne avec eux et explique à ma mère que je dois sortir, elle n'a d'autres choix que d'accepter, c'est pour le travail et on ne discute pas le patron.

Un quart d'heures plus tard, je suis prêt, je m'arme de mon 9 mm que je cache au-dessus du plafond de ma chambre pour que Dan ne tombe pas dessus, je sors et me rends au lieu ou le boulot m'attend. Chase, Scott et Dylan m'attendent déjà, un simple regard et un hochement de tête suffisent pour signaler que tout le monde est prêt.

On attendait que Jack, un autre membre du gang nous apporte la "victime". C'est un vieux gars qui doit avoir la quarantaine, je remarque son anneau à l'annulaire, je n'arrive pas à ressentir de la compassion pour ce mec là, il est probablement marié et certainement doit avoir des enfants. Il n'a pas idée de la chance qu'il a d'avoir une famille, mais il est apparemment trop occupé à devoir de l'argent à mon oncle. Sans perdre une seconde, on se met à le frapper encore et encore jusqu'à épuisement, je ne contrôle pas mes coups, mon état d'esprit est conditionné à  obscurcir mes émotions et être violent, au moment où il tombe à terre, c'est l'heure que je hais le plus, le signe que c'est sa fin,  je dois lui tirer dessus, le tuer. Même s'il doit de l'argent, mon oncle le fera assassiner et lui prendra soit sa maison comme remboursement soit un membre de sa famille -s'il en a- et cela risque fortement d'être sa femme. Je saisi mon arme et la pointe sur l'individu, je m'empêche de réfléchir pour ne pas me défiler et avoir pitié de son âme, je lui tire alors une balle à l'épaule, si je ne le faisais pas c'est sur la tête qu'il l'aurait reçu par un autre. Je ne suis pas si cruel que ce qu'on peut penser. Au moins je lui ai épargné la mort pour approximativement deux semaines, il a intérêt d'ici là, à trouver l'argent qu'il doit.

Toujours dans un silence mortel, je me tourne et quitte l'endroit sans prêter la moindre attention à ce qui se passe derrière moi. J'entre chez moi et pars directement me coucher.

Le sommeil tarde à arriver, je me remémore toute la scène et je m'en veux. Je m'en veux  parce que je ne ressens aucune pitié pour ce gars seulement du dégoût, je lui ai évité la mort en pensant à sa femme, je n'arrive pas à imaginer ce qu'elle peux ressentir en sachant ce que son mari fait, comme ma mère, elle doit vivre dans la peur constante de perdre non seulement son époux mais aussi le père de ses enfants, la seule assurance qui permet de garder ses enfants en sécurité. L'une des règles existante dans le gang est la notion de famille : tant qu'un homme fait parti du cartel, qu'il soit gradé ou pas, endetté ou non, sa famille reste protégé jusqu'à la mort de cette personne. Cela ne veut pas dire que l'on ne tue pas les traîtres, les endettés ou ce qui veulent se retirer, les membres ne sont pas protéger, mais leurs familles le sont. Je finis par m'endormir la tête pleine de pensées plus négatives les unes des autres.

Le lendemain, je me rends au lycée pour ne pas broyer du noir seul, après le genre de soirée de la veille, aucun des membres du gang n'est vraiment d'humeur à étudier, je salue malgré tout tout le monde d'un mouvement de tête. Je croise le regard d'Emily qu'elle détourne aussitôt et fini par entrer en cours, je ne suis pas d'humeur d'y prêter la moindre attention, je veux juste qu'on me la lâche aujourd'hui.

"- Alex respire, t'es entrain de montrer que t'es mal, tu montres tes sentiments. me souffle Steph à l'oreille de manière à ce que je sois le seul à entendre."

Sa remarque me percute et je décide de me reprendre rapidement et d'adopter mon éternel sourire amusé. Je fais mine de ne pas comprendre en souriant, Steph lève les yeux aux ciel et chuchote en partant devant un "de rien".

Je secoue rapidement la tête pour me vider l'esprit, aujourd'hui est un nouveau jour, "vivre le moment présent" sera ma devise du jour.

Durant toute la matinée j'embête Emily, maintenant que j'y pense, c'est vrai que je suis sadique, Entre déchirer des cours, tenter de couper ses cheveux ou encore lui jeter des morceaux de papier sur la tête. Le seul moyen de ne pas sombrer dans une dépression est apparemment de l'embêter.

Au déjeuner, je me dirige vers la table où sont posées Ashley et Emily, je m'installe à côté de cette dernière et lui souffle :

- Salut beauté.

Elle se retourne et me répond agressivement :

- Tu veux quoi encore McCarter ?

- Je veux juste passer du temps avec mon petit tigre.

- Cassez vous les mecs sérieux, tout le monde nous regarde, dit Ashley l'air agacé et un peu gêné.

- Et alors, ça te gène tant que sa de rester à côté de moi princesse ? Enchérit Chase en mettant son bras autour de l'épaule d'Ashley.

- Oui ... euh ... non ... hum ... c'est à dire que ... Emi on y va !

- Reste là princesse, dit-il en riant, je ne te ferais pas de mal promis !

Elles se lèvent et se précipitent hors du réfectoire. 

La fin de la journée de cours se passe normalement jusqu'à ce que cet imbécile de Kevin décide de débarquer de nulle part pour encore tenter de parler à Steph. Mais malheureusement pour lui j'étais là et je lui ai fortement déconseillé de venir la voir quand je suis dans les parages et même quand je ne le suis pas, ce serait bête que par malchance il se retrouve unijambiste ou unibrassiste. C'est peut-être étrange pour vous, mais Steph est une personne qui compte énormément dans ma vie. Elle a été présente pour moi dans les pires comme les rares bons moments. Je ne le lui dirais jamais parce que c'est juste trop bizarre et vraiment gênant mais je me sens reconnaissant envers elle, je l'apprécie beaucoup, je ne me vois pas actuellement sans elle pour me guider, soutenir, même si de l'extérieur ça peut avoir l'air assez déroutant que l'on s'engueule, que l'on s'insulte aussi, pour les gens comme nous, c'est notre manière de montrer notre affection. 

Les jours de la semaine s'écoulent et elle arrive à son terme, durant ces quelques jours, on s'est beaucoup rapproché les gars et moi d'Ashley, mais Emily nous repousse toujours, enfin plutôt Chase et moi, quant à Scott et Dylan, ils s'entendent bien avec les deux filles et sincèrement je me demande comment ils font.

C'est le soir et je décide de faire un feu à la plage avec les gars et d'autres membres du gang pour décompresser, la semaine a été assez sportive.

On passe la nuit à parler et rigoler, mais bizarrement je n'arrête de penser à Emily, je me demande ce qu'elle fait, je l'imagine dans son lit regardant un petit film en réagissant aux moindres scènes, je ne peux réprimer un petit rire. Réalisant que je suis littéralement entrain de délirer j'efface cette pensée et reprend mes esprits. La soirée se poursuit, et cette fois sans avoir d'Emily dans la tête.

La nuit se termine calmement, Scott et Dylan ont passé une nuit très bien accompagnés quant à moi et Chase, on n'avait pas la tête à faire trop d'efforts physiques cette nuit et ce n'est pas les propositions qui ont manquées. J'ignore ce qu'il nous arrive et ça en devient inquiétant à force.