Je rentrais chez moi après m'être séparé de mes deux voisins. Notre expédition dans l'église avait pris plusieurs heures et il était déjà environ 18h00. Mes parents n'étaient toujours pas rentrés mais ils devaient arriver un peu plus tard dans la soirée.
J'ai ouvert la porte puis je l'ai verrouillée derrière moi. J'ai ensuite posé mon sac dans la salle à manger et me suis servi un verre d'eau avant de m'apercevoir qu'une chose n'allait pas : la cheminée était allumée. Cela n'avait pas lieu d'être ; nous étions en été. Qui aurait bien pu l'allumer et pourquoi ? Mes parents étaient-ils passés par là ?
Je m'approchais du foyer et je découvris, à ma grande surprise dans les flammes, de nombreuses feuilles de papier en train de brûler. Il n'y avait pas de bûche ou quoi que ce soit mais simplement des documents. Il m'était impossible de déterminer de quoi il s'agissait tant que les flammes dévoraient les fibres ; j'ai alors projeté sans réfléchir davantage, l'eau de mon verre sur le feu. Les flammes ont triplé de volume avant de s'éteindre totalement. Je retournai poser mon verre maintenant vide, sur le bar de la cuisine ; en même temps que le brasier refroidissait.
J'arrivais de nouveau face à la cheminée devant laquelle je me suis accroupie. Je me suis emparée d'un des papiers qui avait à moitié échappé aux flammes. Je reconnu une affichette que j'avais préparé le matin même sur la disparition de Yuki. Quelqu'un m'empêchait vraiment de retrouver mon chien ; mais qui ? Pendant que je me posais un tas de questions, j'entendis quelqu'un – ou quelque chose – se précipiter hors de la maison par le couloir, ouvert et opposé au salon. Je me suis relevée et je vis que la porte d'entrée était ouverte : la personne venait décidemment de s'enfuir par là. Il y avait aussi des traces de pas sur le sol, retraçant le parcours du malfaiteur. Je les ai suivis jusque dans le jardin. C'était sûr ! Quelqu'un était à l'origine des tout ça ; le coffre, les documents, mon chien... J'aurais pu l'arrêter mais... Me voilà maintenant en train de scruter l'herbe, recherchant toute autre chose que l'individu aurait pu laisser derrière lui.
Je m'enfonçais derrière un buisson lorsque quelqu'un prononça mon nom. Je faillis faire un arrêt cardiaque mais je vis qu'il s'agissait finalement d'Antoine ; je n'ai alors trouvé qu'une seule chose à lui dire :
— Je crois que quelqu'un est rentré chez moi.
Il semblait aussi secoué que moi quand il apprit la nouvelle. Son regard, déjà vif le devint encore plus.
— Je crois que je l'ai vu aussi, finit-il par me dire en me désignant une des fenêtres du premier étage de leur maison.
— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
Antoine commença à me raconter ce qui l'avait amené ici. Je n'avais pas hallucinée ; lui aussi avait vu la personne s'évader. Je vis Théo derrière Antoine qui nous observait...
— Lui aussi l'a vu ?
— Pas plus que moi, me répondit son frère le en regardant. Mais on n'arrive pas à trouver ce que signifie le code. Tu n'aurais pas un moyen de le découvrir ?
— Il y a dans la bibliothèque municipale un espace dédié aux anciens documents de l'histoire locale ; peut-être qu'on trouvera là-bas plus de choses...
— Oui, je pense aussi. On y va demain ?
— Ca marche, on se retrouve après neuf heures. Pour l'instant je vais rentrer, ai-je annoncé à Antoine avec la boule au ventre de remettre les pieds dans ma maison. Merci d'être venu prendre de mes nouvelles.
— Y'a pas de soucis, me lança-t-il en souriant. Si tu as de nouveau un problème, tu n'hésites pas de venir...
— OK c'est noté.
À cet instant, je laissais mes voisins et je retournais chez moi. Je pris soin de bien refermer la porte pour éviter toute nouvelle intrusion et monta dans ma chambre afin de me mettre en sécurité. J'avais peur. Qui pouvait bien rentrer sans problème ? Mon chien me manquait. Pourquoi l'avoir kidnappé ? J'avais l'impression de rêver – et je l'espérais un peu – mais je compris qu'il s'agissait de la réalité quand je sentis des larmes couler sur mes joues. Qu'est-ce qui se passait depuis que mes deux voisins avaient emménagés ? Tout avait basculé à partir de là, mais je ne pouvais leur en vouloir...
J'entendis des personnes débarquer chez moi. Je me levais alors du tapis sur lequel je m'étais assise et sortie discrètement de ma chambre, en prenant soin de ne pas faire de bruit en refermant la porte. Je faillis mourir de peur – encore une fois – quand je me suis retournée et que j'ai aperçu quelqu'un. Un homme. Je n'avais pas reconnue la personne sur le coup mais il s'agissait bel et bien de mon père ; en costume, comme d'habitude quand il part travailler dans sa banque. Malgré la joie de la voir, l'embarra devait se lire sur mon visage...
— Léa ? Lâcha-t-il en s'approchant de moi. Qu'est-ce qui se passe ?
— Euh... hésitais-je. Rien, juste un peu de panique...
— On vient de rentrer, ta mère est même passée chercher des pizzas sur sa route. Tu viens manger ?
Pendant le repas, j'essayais de paraître la plus apaisée possible car je ne voulais pas le gâcher. J'observais néanmoins mes parents qui ne se doutaient de rien : ils mangeaient tranquillement, réjouis que leur journée soit finie. Ma mère, qui était décoratrice d'intérieur, voulait que tout soit toujours parfait, bien fait et bien rangé. Or, dans ma tête, c'était la tempête. Cette chose qui venait de kidnapper Yuki venait aussi me déloger de mes habitudes ; mes vacances venaient de prendre une toute autre tournure. Et pourtant, hier encore, je faisais la fête avec des amis. Je n'aurais jamais imaginé que la mort de Jeanne, notre ancienne voisine, entrainerait autant de péripéties. Je n'avais pas imaginé qu'elle avait laissé de tels mystères derrière elle. Me voilà maintenant devant ma part de pizza, incapable de manger sans penser à Antoine. Il occupait mon esprit depuis que je l'avais vue décharger les cartons. Enfin... il ne fallait pas que j'imagine des choses...
— Qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui ? me demanda ma mère.
— Je suis restée à la maison ce matin et je suis sortie en ville cet après-midi, ai-je répondu en mentant un peu sur la fin pour éviter de me faire passer pour une victime de la paranoïa.
— Je n'ai pas encore vu Yuki, remarqua mon père. C'est bizarre non ?
C'était la question piège. Mes parents ne devaient pas se mettre à la recherche de Yuki : c'était à moi de résoudre le problème. Je ne voulais pas qu'il leur arrive quoi que ce soit et puis... ils n'y comprendraient rien. Un intrus qui rentre et sort de la maison derrière notre dos, des documents laissés comme pour indiquer le chemin... cela n'était pas commun et s'avérait être un piège dans lequel nous ne devions pas tomber. J'ai alors répondu en essayant de minimiser le problème de sorte à ce qu'on puisse continuer nos recherches dans de bonnes conditions :
— Euh... je ne l'ai pas vu depuis ce matin non plus ; mais j'ai préparé des...
— Des quoi ? Insista ma mère en voyant que je venais de m'arrêter net, lorsque je me rendis compte que les affiches avaient pour la plus part été brûlées.
— Des affiches. J'irais les exposer plus tard...
— C'est quand même assez étrange, reprit ma mère désorientée de la situation. Il ne nous a jamais fait ça...
— Après, c'est un chien ; c'est un peu dans sa nature de partir s'aventurer je ne sais où...
Mes deux parents me regardaient d'un air suspect ; c'est vrai que je venais d'être un peu trop insouciante, mais la situation ne devait pas les préoccuper davantage.
— Il me manque déjà, ai-je alors conclus en annonçant ce que j'avais vraiment sur le cœur. Je vais aller me coucher...
Je me suis levée et j'ai embrassé mes parents. Avant de franchir le seuil de la pièce, mon père ajouta quelques mots :
— Si tu veux je peux essayer d'en parler et...
— Ne t'inquiète pas, ai-je coupé. Vous avez beaucoup de travail et moi je suis en vacances ; je vais pouvoir le retrouver sans que vous ne vous inquiétiez davantage.
J'ai continué ma route, et je suis partie dormir après m'être fait ma toilette. Je savais que les jours à venir n'allaient pas être les plus beaux mais on devait comprendre, moi, Antoine et son frère, ce qui se passait pour retrouver Yuki.
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Vengeance
Mystery / ThrillerAntoine et Théo, deux adolescents, viennent de déménager dans une nouvelle maison près de Bordeaux. Là, ils font la connaissance de Léa, leur nouvelle voisine qui sera dans le même lycée qu'eux. En rangeant les derniers cartons, ils découvrent d'étr...