Chapitre 36: Inconnu

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La cloche sonna et des tas d'enfants sortirent de leurs salles de classe, sous la chaleur d'un bon été. Ils se ruèrent tous à la sortie, heureux et joyeux d'avoir terminé leur journée. Cela s'entendait notamment par les cris de joie qu'ils poussaient.

Les enfants franchissaient le portail de bois après avoir souhaité de bonnes vacances à une professeure qui attendait là. Ils rejoignaient leurs parents, stationnés devant l'établissement et qui, comme eux, paraissaient enchantés.

Parmi eux, un enfant d'un peu plus de dix ans gagna le trottoir d'en face et rejoignit un homme qui devait être son père. Ce dernier ne souriait point, ce fut bien le seul d'ailleurs. Il avait un front très bas, ainsi que de gros sourcils noirs au-dessus de ses deux yeux marron ; son nez aquilin était la touche finale de ce portrait mystérieux dont le visage tout entier semblait traduire la contrariété de l'homme.

D'un point ferme, il prit la main de son fils et ils commencèrent tous les deux à marcher le long du trottoir sans dire un mot, sous les coups d'œil intrigués des autres parents et de leurs enfants parfois même effrayés.

Ce fut la dernière fois qu'on les aient vus ici, repartir de l'école. Non pas parce que c'était la fin de l'année scolaire, non...

Quelques heures plus tard, alors que le soleil était encore haut, l'homme de tout à l'heure appela son fils à descendre de sa chambre. Alors que ce dernier descendait les marches, il remarqua que plusieurs personnes l'attendaient là, dans le hall, les bras croisés et le regard soucieux. Ils étaient de la police, on pouvait le remarquer par leurs tenues : des costumes noirs, survolés de sortes de capes également très foncées et de leurs képis qui leur donnait de l'importance.

— Tu vas devoir les suivre, affirma le père de l'enfant.

Le petit ne savait pas quoi dire, il ne pouvait faire autre chose que de suivre les instructions de son père. Pourtant, son intelligence lui disait qu'on l'embarquait dans quelque chose de louche : il n'avait rien fait et voilà qu'on l'emmenait au commissariat.

Au fur et à mesure des années, il avait su ce qu'il s'était passé : son père, ne voulant lutter contre la menace que représentait son fils, avait préféré l'enfermer dans un hôpital psychiatrique. Là, tout le monde pensaient que le garçon délirait, mais non : il avait vu son père monter sa vengeance et il aurait pu le dénoncer s'il n'avait jamais était placé ici.

Son père alors libre, n'avait plus peur d'être trahi, il continuait et continuera longtemps...

Maintenant, l'enfant avait grandi, beaucoup grandi ; c'était Maurice. Il n'avait jamais pu continuer de vivre une vie normale, les seules visites qu'il recevait étaient celles de jeunes qui tombaient dans le piège monté par son père. Il ne pouvait se sentir complice, il ne voulait de mal à personne et aider du mieux qu'il puisse ; mais son père l'avait rendu ainsi en le laissant là.

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