Chapitre 45: Antoine

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— La vie est parfois trop cruelle, je le sais mieux que quiconque. Vous me prenez sûrement pour le mal, mais je ne suis qu'une victime qui essai de rétablir justice.

— Mais vous êtes fou ! lança Théo, un peu à l'écart. Moi qui pensais avoir vu le pire à l'hôpital psychiatrique...

— Ah... Je vois que vous avez rendu visite à mon fils, Maurice, répondit le vieux. Ils sont tous morts ! Tous ! Sauf à l'exception de ce monstre qui ne m'a jamais compris. Il aurait dû mourir ! Vouloir me dénoncer... quelle audace ! Je suis son père ! Heureusement que je l'ai fait interner, le pauvre que personne n'a jamais cru...

— Si, ai-je répliqué. Nous on l'a cru et on se chargera de vous dénoncer ; pour Maurice et tous les autres !

Pendant que Rosenfeld nous jetait un regard haineux, nous nous sommes tous dirigés vers la porte – par laquelle nous étions rentrés – en courant ; comme si nous avions tous compris qu'il s'agissait du seul moyen d'échapper à la mort. A quelques mètres de l'issue, je vis Rosenfeld s'y interposer, ce qui nous fit immédiatement changer de direction.

On courait dans tous les sens, cherchant une issue malgré le fou furieux nous poursuivant, armé d'un couteau qu'il avait ramassé.

— Vous allez mourir ! répétait-il. Vous ne trouverez jamais l'autre issue – s'il y en a une, bien sûr !

C'est à cet instant qu'une lueur vacillante apparue devant nous, et nous a guidé vers un petit couloir dont l'entrée était cachée par un épais rideau derrière la scène. On s'y est alors engagés, puis on a entendu derrière nous Rosenfeld crier un grand « non ! », jusqu'à ce que le rideau occulte ce cri. Nous avons ensuite gravit une échelle qui remontait à la surface. Quelque chose me tracassait pendant la montée : la distance de celle-ci était manifestement inférieure à celle de la descente.

Alors qu'il ne restait plus que quelques échelons à gravir, je sentis des gouttes d'eau tomber du ciel sur ma tête. Je me hissais hors des ténèbres, aidant ensuite Léa à l'aide de mes dernières forces. Aussitôt sortie, elle se jeta dans mes bras ; s'en suivit un baiser passionné, sous la pluie qui commençait – comme par magie – à se changer en neige.

Léa interrompue ce moment en s'écartant de moi.

— Où est Théo ? me demanda-t-elle, toute affolée.

Je n'y avais plus pensé ! Mon frère ne nous avait pas suivis ! Lorsque je me penchais au-dessus du trou qui nous avait reconduits à la lumière du jour, je n'en voyais plus le fond : comme s'il plongeait vers l'infini. J'ai soudain sursauté quand un grondement sourd parvint des entrailles de la Terre, m'arrachant à la contemplation des ténèbres où était resté Théo, mon frère. Je m'en voulais terriblement de l'avoir laissé derrière moi ; il fallait absolument qu'on aille le récupérer où je ne le me pardonnerais jamais.

Je m'apprêtais donc à redescendre car, même si les chances de remonter avec lui – ou de remonter tout court – étaient minces, je ne pouvais pas me permettre de le l'abandonner. Mais quelque chose me retenu : c'était Léa.

— N'y va pas !

— Mais...

— C'est du suicide !

— Tu veaux sa mort ?

— Je n'ai jamais dit ça !

— Alors tu veux faire quoi ?

Des bruits de moteurs se dirigeant vers nous coupèrent court à notre conversation. C'était de gros fourgons de la police qui arrivaient sur les lieux des vestiges. Au même moment, deux gros coups de feu résonnèrent sous le sol. Sans réfléchir davantage, Léa s'est immédiatement dirigée vers les arbres qui encerclaient le domaine.

— Qu'est-ce que tu fais ? Lui ai-je demandé en la stoppant dans sa course.

— Tu tiens vraiment à leur expliquer la situation ? M'expliqua Léa en désignant les policiers qui sortaient en nombre de leurs véhicules, avant de reprendre sa fuite.

Sans lui répondre, je l'ai suivie en courant à travers les bois. Soudain, j'aperçu un garçon allongé devant nous ; et c'est seulement lorsqu'il s'est retourné que j'ai reconnu qu'il s'agissait de mon petit frère... sur qui s'amusait Yuki, le chien qu'on recherchait.

Léa prit son chien dans ses bras, tout était rentré dans l'ordre.

— Théo ! Ai-je crié avant que ce dernier se précipite dans mes bras.

Il était surpris de nous voir et semblait bouleversé par quelque chose ; quelque chose qu'on n'avait pas vus. Après être restés là pendant quelques secondes, je lui ai enfin posé la question qui m'envahissait : « Que t'est-il arrivé ? »

VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant