Chapitre 30: Antoine

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Je me réveillai, étendu sur une plage, tandis que l'eau fraîche de la mer me chatouillait les pieds. Je me levai et aperçu mon frère non loin de moi qui dormait encore sur le sable, sous la pleine lune qui planait au-dessus de l'eau. Je partais le chercher quand soudain je me suis souvenu de ce que l'on venait de vivre : les égouts, l'accident... ça n'avait aucun sens, c'était comme dans un cauchemar : je ne savais pas ce que l'on faisait là ni ce que l'on devait faire à présent. Je trainais alors Théo, toujours couché, hors du sable et l'emmena sur l'herbe un peu plus loin, sous quelques arbres.

— Ca va Théo ?

— Moui et toi ? poussa-t-il encore dans les vapes.

— Je ne sais pas ce qu'on fait ici mais sinon ça va...

— C'est moi ou Léa n'est pas avec toi ?

On a tous les deux commencé à regarder autour de nous mais on ne vit personne. Léa était pourtant avec nous lors de l'accident. Théo se redressa. Soudain, une sorte de musique parvint jusqu'à nos oreilles : c'était une musique marquée par des tambours, un peu tribale, avec des paroles incompréhensible qui ressemblaient à des incantations. Tout cela provenait d'un rocher derrière les dunes auquel on s'est approchés très doucement. Dessus, des personnes en tunique blanche dansaient et chantaient dans leur incompréhensible langue, les bras levés vers le ciel. Ma respiration fit un bond lorsque je me rendis compte que Léa faisait partie de toute cette mascarade. Ses longs cheveux ondulaient au vent alors qu'elle murmurait très sérieusement un truc du style : « wagaagchamouumachaboula », tout en en agitant ses bras. Ses yeux grossissaient, comme si elle était possédée ; mais par quelle force ? Le spectacle était vraiment effrayant mais le pire était que Léa y participait. J'ai alors décidé de la sortir de cette folie...

— Qu'est-ce-que tu vas faire Antoine ?

— Je vais chercher Léa. Reste là, toi.

Je pressais le pas sur le sable humide, tout en restant prudent de ne pas interrompre subitement la réunion. Lorsque je ne fis plus qu'à quelques pas de Léa, je l'ai appelé en élevant la voix :

— Léa !

Pas de réponse. J'ai alors crié sans réfléchir davantage :

— Léa ! Réveille-toi !

Elle ne me répondit toujours pas mais elle se tourna vers moi et me lança un regard haineux. Les bruits des tambours avaient cessé mais je les entendais encore résonner au loin dans mes oreilles, comme si l'on m'annonçait que tout n'était pas fini. Léa s'adressa aux autres femmes (qui me fixaient toutes à présent de leurs regards colériques) dans le langage de la chanson. Soudainement, toutes enragées, elles se sont jetées sur moi. J'ai alors couru vers la plage le plus vite possible pour les empêcher de m'attraper. Tandis que je redescendais la dune, Théo m'a aperçu avec toute la meute de sauvages derrière moi. Je ne voyais pas très bien l'expression qu'il y avait sur son visage mais je me doutais que, à mon instar, il semblait perdu. Je lui fis de grands gestes en lui indiquant de gagner la mer car, j'osais penser que l'eau éloignerait ces bêtes qui me pourchassaient et qui semblaient inépuisables.

Théo s'élança dans l'eau et je le suivis.

Alors que l'eau montait maintenant jusqu'à ma taille, j'aperçus derrière nous les femmes entrer à leur tour dans la mer. Je pensais que l'eau les aurait rendues vulnérable, mais elle donna aux monstres beaucoup plus de vigueur. Je continuais de courir le plus vite possible dans la mer tout en tenant Théo par la main afin de le tirer lorsque je sentis une main qui agrippa mon pied. Elle m'entraina sous la surface de l'eau et c'est ainsi que je commençais à me noyer. Je voyais avec chaque bulle d'air qui remontait à la surface ma vie qui me quittait en même temps, doucement mais sûrement.

En manque d'air total, j'essayais de me relever mais c'était peine perdue, le monstre me tenait toujours aussi fermement et continuait à m'entrainer aux fins fonds du monde sous-marin. Je commençais à suffoquer et sentis, quelques secondes plus tard, l'eau salée envahir mes poumons.

VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant