Chapitre 12: Théo

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J'étais en train de rassembler tous les documents, les images, les papiers qu'on avait trouvés et gardés lors de notre enquête, lorsque mon frère déferla dans ma chambre. Il était à moitié habillé et avait encore le corps tout trempé. Il semblait alerté par quelque chose ; et je compris qu'il avait bel et bien quelque chose d'urgent à m'annoncer.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Lui ai-je demandé en m'approchant de lui.

— C'est débile... m'a-t-il répondu en baissant son regard sur le tee-shirt bleu qu'il tenait entre ses mains.

— Vas-y ; dis quand même...

Il soupira avant de relever son regard vers moi – ses yeux bleus semblaient encore plus profonds que d'habitude.

— Quelqu'un nous a adressé un message sur le miroir de la salle de bain...

— T'es sérieux ?

— Oui pourquoi, me répondit-il en s'asseyant sur mon lit. Tu trouves ça original ?

— Arrête de plaisanter s'te plaît !

— Il s'écrivait et...

— Tout seul ?!

— Oui.

— Sans personne ? Sans rien ?

Il hocha la tête en signe d'approbation. « C'est impossible » ai-je songé. Encore un kidnappeur ou une autre chose comme ça, mais là... cette scène relevait de l'imaginaire ! Les esprits tout ça n'existent pas, même la magie n'est qu'une illusion...

— Tu en es sûr tu... je me suis arrêté net quand j'ai lu la gravité sur son visage. Co...comment ça a pu arriver ?

— Je ne sais pas mais il s'agissait d'une sorte d'avertissement : il fallait en gros choisir entre le chien de Léa ou notre liberté.

Je ne savais pas quoi penser lorsque mon frère m'a balancé ça : pourquoi faudrait-il choisir ? De toute manière il ne me laissa pas le temps de réfléchir ; mon frère se leva et s'approcha de moi.

— Ne t'en fais pas, ça doit être un idiot qui s'amuse, me réconforta-t-il.

— Alors pourquoi on s'y intéresse ? Pourquoi cherche-t-on absolument à reconstituer le puzzle ?

A mon avis, il n'avait pas de réponse car il ne m'a pas répondu et a tourné la tête pour regarder à son tour les documents disposés sur mon bureau. Il sortit un petit bout de papier glissé entre les pages des journaux, sur lequel étaient inscris des mots qu'il se mit à lire...

Il faut être fou pour croire ; du moins, c'est ce que l'on croit...

— Qu'est-ce que ça signifie ?

— C'est justement la question que je me pose.

Il éparpilla les documents jusqu'à en sortir une feuille.

— C'est un papier du C.H.P.B, le Centre Hospitalier Psychiatrique de Bordeaux. Le patient c'est Maurice Rosenfeld, tu crois que ça a un lien ?

— Personnellement je ne connais pas ce mec, mais peut-être que... l'hôpital psychiatrique...

— Ça correspond avec l'histoire du fou sur le message, affirma mon frère sûr de lui. Peut-être

que ce Maurice Rosenfeld en sait un peu plus que nous et peut nous éclairer.

— Et comment comptes-tu le retrouver ?

— Si ça se trouve il est encore au C.H.P.B, il faut aller voir.

On entendit la porte du bas claquer, c'était nos parents qui venaient de rentrer. « Bon, on verra ça demain, fis-je soulagé de ne plus penser à ça. Moi je vais manger ! » Antoine me regarda sortir de ma chambre, il devait sûrement être plongé dans ses pensées car il a mis quelques instants avant de nous rejoindre en bas.

On a mis la table pendant que notre mère cuisinait, puis on a commencé à manger tous les

quatre.

— Comment s'est passée votre journée ? nous demanda notre mère.

— Bien, a répondu Antoine. On est sorti avec Léa.

— C'est la voisine cette Léa ?

— Oui, répondis-je à mon père en avalant une bouchée d'haricots verts. Elle est super cool !

— Papa ?

— Oui ?

— On va rester combien de temps cette fois-ci ? demanda Antoine un peu angoissé.

Notre père semblait gêné par la question, il s'essuya la bouche et annonça qu'il savait à quel point s'était difficile pour nous, mais qu'il ne pouvait savoir pour combien de temps on serait là. C'était sûr qu'on allait passer notre année scolaire ici, mais combien d'autres allons-nous vivre là ? Ce n'était pas évident, on espérait tous que notre père décroche un poste stable et qu'on puisse nous poser une bonne fois pour toute ; mais avec les employeurs on ne fait pas ce que l'on veut : soit on se tient à leur disposition, soit ils nous licencient. Puisque tout le monde déprimaient, notre mère changea de sujet.

— Alors je vois que vous ne vous ennuyez pas ici vous deux, je me trompe ?

— Non, ai-je répondu. C'est trop bien ici !

— C'est vrai qu'on ne voit pas le temps passer, ajouta mon frère.

— Ne vous plaignez pas, il vous reste encore deux semaine de vacances !

— Encore deux semaines pour faire la vaisselle ! Plaisanta notre père – enfin non... il ne

plaisantait pas trop.

On se mit à débarrasser nos couverts. Antoine remplit l'évier d'eau, y ajouta du liquide vaisselle et entama le lavage des assiettes. Nos parents quittèrent la cuisine. J'essuyais à mon tour la vaisselle qu'il disposait sur l'égouttoir.

— Tu penses qu'on va rester combien de temps ici, lui ai-je demandé un peu timidement.

— Je ne sais pas, je sens que c'est différent ici mais...

— Mais quoi ?

— Même si papa et maman comprennent à quel point c'est compliqué pour nous, ils ne peuvent rien faire.

Les paroles de mon frère étaient évidentes ; ses yeux étaient envahis par le désarroi, quelque chose n'allait pas. Peut-être que le fait de quitter cet endroit le rendit déjà triste.

— Manière on a encore beaucoup à faire, ai-je repris. Il faut d'abord qu'on retrouve Yuki et qu'on recherche la clé de nos mystères, non ?

— Oui, tu as raison, m'a assuré Antoine. Ne t'en fais pas, on ne va quand même pas pleurer

pour quelque chose qui nous arrive depuis toujours...

Mon frère n'avait pas tout à fait tort mais il n'avait pas tout à fait raison : ça se voyait qu'il y avait quelque chose de nouveau ici. Léa était devenue une véritable amie qui nous avait bien intégrée ici.

Mon frère vida l'évier.

— Bon, je vais me coucher. A demain !

— Ouais salut !

Moi non plus je n'aller pas tarder, on devait se lever tôt demain pour l'inscription dans notre nouvelle école.

VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant