Chapitre 32: Théo

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Lorsque je suis sorti de la maison, j'ai aperçu Antoine et Léa qui discutaient par-dessus la haie qui séparait nos deux terrains. « Salut » cria Léa en m'adressant un signe de main ; je lui répondis à l'identique et rentrais à la maison pour ne pas m'imposer dans leur discussion. A peine j'eu le temps de faire quelques pas en arrière que je failli faire tomber ma mère, qui était apparemment venue rechercher un papier qu'elle avait oublié un peu plus tôt. En la bousculant, elle en profita pour me demander un service :

— Théo ! Tu tombes bien : nous n'avons plus de pain pour ce midi et je n'ai pas le temps d'aller en chercher tu ne veux pas y aller avec ton frère ?

— Si, bien sûr ! Lui répondis-je gentiment.

Je fis donc demi-tour, pendant que ma mère retournait rapidement dans sa voiture, et parti

chercher mon frère :

— Antoine ! Maman veut qu'on aille chercher du pain...

C'est alors que j'aperçu les parents de Léa sortir de leur maison avec des paniers qu'ils mirent

dans le coffre de leur voiture.

— Vous déménagez ? ai-je plaisanté.

— Non, on va rendre visite à ma tante...

— On ne va pas te déranger plus longtemps alors, annonça Antoine. Au moins ça nous fait

une journée de repos vis-à-vis de l'enquête.

— Oui, bonne journée vous deux ! Et ne vous ennuyez pas trop sans moi !

— Ne t'inquiète pas...

— Bonjour les enfants ! nous salua au loin la mère de Léa.

— Bon... je dois vraiment y aller, a plus !

On fit alors signe à toute la famille Dupret avant qu'Antoine ne parte chercher des sous et ne

revienne vers moi, après avoir refermé la porte d'entrée de notre maison dont on commençait à bien s'habituer.

— On y va ? me demanda-t-il.

— C'est parti...

Nous nous sommes donc dirigés vers la boulangerie qui se trouvait au bout de la rue. Antoine

semblait obnubilé par quelque chose car il ne cessait de fixer le sol, comme s'il discutait avec

lui.

— Tu as parlé à Léa de notre cauchemar ?

Il soupira après m'avoir regardé, puis se replongea dans ses pensées...

— Il y a un problème ? ai-je insisté.

— Non, c'est juste qu'elle a fait un cauchemar proche du notre... il y avait Jim qui accompagnait Lockington lorsqu'on nous a sorti de la voiture accidentée...

— Je savais qu'il n'était pas net celui-là !

— Ne dit pas de bêtises ! C'était un rêve, rien n'était vrai...

— N'empêche qu'on a tous les trois fait le même rêve...

Mon frère s'est approché de la porte vitrée de la boulangerie après s'être arrêté pendant quelques brefs instants. J'allais ouvrir la porte lorsqu'Antoine m'interrompit : « regarde ça, Théo ! ». Il désignait un papier collé sur le verre. C'était un acte de décès que je me mis à lire à voix haute : « Monsieur Maurice Rosenfeld, décédé le... ». Je m'interrompis instinctivement lorsque je vis la date du décès.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Antoine en fronçant les sourcils.

— Regarde la date...

Il s'approcha de plus en plus de la fiche, comme s'il n'en revenait pas :

— Ce n'est pas possible...

— Oui, ça remonte à plus d'une semaine...

— Et on l'a pourtant vu il y a quatre jours !

— C'est bizarre...

On resta silencieux jusqu'au moment où Antoine prit la sage décision d'entrer. A l'intérieur, il n'y avait aucun autre client. La boulangère nous accueillit derrière sa caisse après avoir réexposer de nouveaux pains :

— Bonjour jeunes gens !

— Bonjour ! avons-nous répondus à l'unisson en nous approchant du comptoir.

— Que puis-je pour vous ?

— Il nous faudrait deux baguettes s'il vous plaît.

— Très bien, c'est parti...

Pendant qu'elle emballait les baguettes, elle nous demanda, un peu curieuse :

— Vous connaissais ce Maurice ? Je... je vous ai vu vous intéresser à son acte de décès...

— Oui, enfin... hésita mon frère. Nous lui avons parlé il n'y a pas très longtemps...

— ...

— Qu'y a-t-il ? demanda Antoine en lui passant l'argent.

— C'est que... cela fait maintenant un an qu'il ne pouvait plus parler suite à son AVC ; enfin... c'est ce qu'on raconte. Apparemment il perdait trop la tête et... je vous laisse imaginer l'affaire...

La boulangère baissa la tête. Elle nous rendit ensuite la monnaie avant de nous tendre les baguettes.

— Merci beaucoup ! ai-je dis en saisissant le paquet. Bonne journée !

— Merci, vous aussi les enfants.

Une fois sortis, mon frère et moi nous sommes regardés sans dire un seul un mot. Quelque chose clochait avec ce Maurice : nous lui avions rendus visite alors qu'il ne saurait s'adresser à quelqu'un depuis un an et, en plus, il était mort la semaine dernière. C'était obligé que notre rencontre remonte à plus d'un an mais... c'était impossible.

— On voyage dans le temps ou quoi ? demandais-je avec ironie pour détendre l'atmosphère.

Antoine me lança un petit sourire qui me faisait penser à de la pitié, mais il détourna vite le regard et on commença à retourner chez nous.

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