— C'est bon ! On est libres ! s'écria Théo une fois que Jean et Mattias aient pris la route après avoir récupéré leurs vélos attachés sur une barrière au coin de la rue.
— Ne te réjouis pas trop vite! Le rappela à l'ordre son frère en me regardant.
Il sortit son téléphone de sa poche, fit quelques recherches rapidement avant d'annoncer : « il n'y a plus de bus avant 17 heures...
Ce n'était pas gagné ! Midi devait être déjà passé depuis un certain temps et mes boyaux se tordaient à n'en plus pouvoir : j'avais faim. Théo et Antoine aussi apparemment puisqu'ils se sont tout de suite mit à chercher un lieu où manger.
Alors qu'on marchait le long d'un boulevard, les passants nous regardaient très bizarrement, comme s'ils nous reprochaient quelque chose. Tandis que certain brandissaient leur téléphone et passaient des coups de fil, d'autres s'éloignaient. Nous pressâmes alors le pas, pressés de trouver un lieu où nous restaurer et que cette mascarade cesse.
Quelques mètres plus loin on repéra enfin un restaurant qui puisse nous accueillir ; c'était une sorte de petite pizzeria. Certaines personnes déjeunaient sur une terrasse aménagée avec plein de plantes, au milieu du large trottoir où déferlaient toujours les passants. L'odeur des pizzas nous mit tous en réel appétit et on se précipita à l'entrée...
— Je crois qu'on va se régaler ! Poussa Théo en nous ouvrant la porte, très enthousiaste.
— Je crois aussi, ajouta Antoine. N'est-ce pas Léa ?
C'est alors que mon corps entier se bloqua. Je venais d'à peine poser le pied la première que je vis nos trois visages en gros plan sur la télé qui surplombait le bar de l'accueil.
— Je ne crois pas non, ai-je enfin répondu aux deux frères en les entrainant directement à l'extérieur.
— Qu'est-ce qu'il se passe, maugréa Théo.
— Il se trouve que les services français nous cherchent, lui ai-je répondue en montrant la télé au travers de la vitrine du restaurant.
— Ca alors ! Qu'est-ce qu'on a fait ?
— On a tué une femme dans le musée, expliqua Antoine après avoir regardé l'émission à son tour.
— Mais ce n'est pas vrai ! Nous ne sommes pas des fugitifs ! C'est Lockington !
— Personne ne nous croira, ai-je annoncé tandis que des hurlements de sirènes se firent entendre à l'autre bout du grand boulevard. Il faut partir ! Vite !
Antoine entraina son frère et on commença à courir de l'autre côté de la rue. Les passants qui couraient dans tous les sens, nous ralentissaient. On perdait de la distance. Plusieurs voitures de police s'approchaient de nous et un des leurs criait dans son porte-voix : « Arrêtez-vous les enfants ! Vous êtes cernés ! ».
Alors que l'on continuait à courir, ignorant totalement ce qu'il nous disait, un hélicoptère entra en jeu et survola la zone, ses pales qui fouettaient l'air produisaient un boucan tel que personne ne pouvait ignorer ce qu'il se passait.
Soudain, Antoine nous agrippa par Le Bras et nous entraina dans une petite ruelle. J'ai vraiment crue qu'on allait s'en sortir jusqu'à ce qu'Antoine s'est écrié : « Merde ! C'est une impasse! ». Là c'était fichu. Il frappait de sa main contre le mur qui nous bloquait la route, espérant peut-être qu'il cède. Alors qu'on entendait les policiers arriver, je m'effondrais sur le sol ; c'est ainsi que mon regard se posa sur une plaque d'égout.
— Il faut l'ouvrir !
— Ah mais non ! Se plaignit Théo. C'est immonde !
— Tu fais ce que tu veux mais je n'ai pas envie de m'entretenir avec eux, ai-je répondu en
montrant du doigt les hommes arrivé vers nous.
Antoine glissa dans la fente une branche qu'il venait de ramasser et appuya sur celle-ci, tel un levier. Tandis que la branche commençait à craquer sous nos yeux, la plaque finit par se soulever et on eut le temps de s'introduire dans la bouche d'égout. Antoine et Théo étaient passés les premiers, j'en avais alors profité pour refermer l'accès : nous nous étions ainsi volatilisés tous les trois. Nous avons descendu l'échelle et sommes restés silencieux.
Après avoir repris mes esprits, la première chose qui me marqua fut l'odeur. Malgré mon séjour dans les égouts, je ne m'étais toujours pas habituée à cette odeur immonde qui piquait le nez et prenait à la gorge. À côté de nous s'écoulait un grand cours d'eau assez sombre.
Comme on ne voyait quasiment rien, on alluma les lampes de nos téléphones portables et on se dirigea grâce au faible faisceau lumineux qu'elles produisaient. C'est ainsi que nous avancions à l'aveuglette pendant plusieurs longues minutes, dans ce véritable dédale de galeries toutes plus identiques les unes que les autres.
Nous avons erré dans une des branches de cette ville souterraine pendant une bonne heure avant qu'un grognement déchire le silence.
— Qu'est-ce que c'est ?
— No panic, c'est mon ventre, répondit Théo en souriant.
C'est à ce moment qu'on a réalisé qu'il fallait qu'on remonte. C'était bizarre que les policiers ne nous avaient pas suivis, peut-être qu'ils attendaient tout simplement que l'on remonte. Ou peut-être qu'ils savaient... que l'on savait que nous ne devions pas remonter et qu'ils élaboraient un autre plan. De toute manière, ou ne pouvaient pas rester là éternellement, on avait faim et soif, et ce n'était pas la planque la plus appréciable. Nous avons donc gravi l'échelle de la bouche d'égout la plus proche, Antoine en premier, puis moi et Théo. Il venait d'à peine soulevée la plaque qu'il poussa un souffle d'exaspération : « Oh non, pas ça... ». Je me demandais ce qu'il y avait, mais on reprit rapidement notre escalade.
Nous nous glissâmes un à un à vers l'extérieur. Antoine, qui était déjà monté, comme hypnotisé, regardait devant lui, immobile et le souffle court. C'est lorsque je levais mon regard dans sa direction que je compris la situation : la police nous avait encerclé et avait bel et bien préférée attendre que l'on remonte proche de là où nous nous étions engouffrés. Après m'être hissée à mon tour, je levais mes mains en l'air et Antoine fit de même tandis que son frère remontait et découvrait en même temps que nous étions cuits.
Mais qu'avions nous fait de mal au juste ? On nous entassa dans une voiture de police un à un sans dire un mot. Nous nous regardions, perplexes, sans trop savoir quoi dire ni comment réagir. C'est finalement Antoine qui prit la parole le premier : « S'il vous plaît, qu'avons-nous fait ? » le policier sur le siège passager ne répondis pas mais leva les yeux vers le ciel. Un autre entra dans la voiture et prit la place du conducteur. Théo essaya s'ouvrir la porte et son frère l'imita mais rien n'y fit : nous étions bloqués dans cette voiture.
— Ne vous agitez-pas, les enfants. Ce serait bête que vous vous énerviez et que nous nous fâchions, non ? Tentez simplement de rester bien sage et tout ira pour le mieux...
Théo lui lança un regard noir plein de haine. On avait faim, on n'avait rien fait de mal, on ne voulait rien faire de mal et voilà que nous étions ici, vus comme des criminels, de véritables adolescents tueurs. C'était injuste ! Pourquoi nous ?
Une idée me traversa soudainement l'esprit : ce n'était sans doute pas la police ! Je ne savais pas qui étaient tous ces acteurs mais nous étions en train de nous faire kidnapper par toute une organisation qui cachait bien son jeu, et qui avait réussi à créer un gigantesque spectacle.
Le chauffeur a démarré et nous avons roulé une bonne heure dans la crainte. Soudain on fit secoués et on entendit un gros « boum ».
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Vengeance
Mystery / ThrillerAntoine et Théo, deux adolescents, viennent de déménager dans une nouvelle maison près de Bordeaux. Là, ils font la connaissance de Léa, leur nouvelle voisine qui sera dans le même lycée qu'eux. En rangeant les derniers cartons, ils découvrent d'étr...