Chapitre 26: Antoine

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Nous avons suivi la dame qui semblait connaître la forêt comme sa poche pendant quelques minutes avant de rejoindre un nouveau sentier.

Au bout d'un moment, nous sommes arrivés dans une petite clairière très lumineuse. Il y avait une sorte de petit chalet en bois sombre, qui se confondait avec la verdure. Le toit était couvert de végétation, et les ouvertures assez modestes. La femme nous a invités à y entrer.

— Je vais vous préparer quelque chose à boire, annonça-t-elle. Asseyez-vous...

— Madame ? Ai-je demandé avant qu'elle s'en aille dans la cuisine. Comment vous appelez-vous ?

— Maude, appelez-moi Maude.

— Merci, lui ai-je répondu, satisfait de la réponse, avant d'aller rejoindre Théo et Léa qui avaient déjà pris place autour d'une table dans une salle voisine.

On patienta à peine quelques minutes avant que Maude ne revienne avec des casseroles desquelles s'échappait encore de la vapeur. On aida notre hôte à mettre la table puis on commença à manger, sûrement les meilleurs pâtes à la carbonara que j'eu mangé de ma vie.

— C'est excellent !

— Ô... je vous en prie, répondis Maude gênée. Ce ne sont que des pâtes...

Suite à mon compliment, Maude devint plus joyeuse, comme heureuse que l'on soit à ses côtés. Elle pensait peut-être à ce que son fils lui aurait dit s'il avait été là. Puis, en me tirant de mes pensées, elle nous posa une question qui, je le sentais, lui trottait dans la tête depuis quelques instants :

— Qu'est-ce que vous faisiez là dans la forêt tout à l'heure ?

— Euh... Comment dire...

— C'est une trop longue histoire à raconter, ai-je finis par dire très honnêtement.

— Qui n'a aucun sens, ajouta Léa.

— Et moi ? Répliqua Maude en posant ses couverts sur la table. Mon histoire a-t-elle un sens ? Mon fils qui disparait sans laisser de trace : ça a du sens ?

— Très bien, vous avez raison. On vous raconte votre histoire mais d'abord vous nous racontez la vôtre.

Maude a approuvé ma condition et a commencé à nous raconter ce qui s'était passé : elle avait un fils qui avait mon âge et qui venait de disparaitre il y a à peine deux semaines. Malgré les battues, les alertes disparitions et tous les dispositifs mis en place, son fils Lucas n'a, pour le moment, jamais été retrouvé. La veille de sa disparition, il s'était rendu à l'église du village. Ça avait surpris sa mère car, même s'il était croyant, il n'avait pas l'habitude d'aller à la messe depuis qu'il avait fait sa communion quelques années auparavant. Maude avait également était surprise par l'intérêt qu'il portait depuis quelques temps aux vieux livres municipaux.

— Il avait tellement changé en un rien de temps, finit par conclure Maude en retenant ses larmes. J'aurais dû voir qu'il se passait quelque chose !

Comme promis, on a vite entamé le récit de ce qu'il nous arrivait et on lui a tout dis ce que nous savions à propos de Lockington et de la petite organisation dans laquelle il était rentré.

— Vous pensez que ça a un lien ?

— On ne peut pas être sûrs mais tous ces évènements sont assez étranges.

— Si j'avais su qu'on déménagerait dans une région où règne autant de mystères... pensa Théo à voix haute.

— Et qu'est-ce que vous comptez faire maintenant ?

— On va essayer d'élucider tout ce mystère, affirma Léa, convaincue de son objectif.

— Si vous savez quoi que ce soit sur mon fils...

— On vous prévient.

Réjouit de ma réponse, Maude prit un stylo et un papier sur lequel elle y inscrit son numéro de

téléphone, au cas où l'on en saurait un peu plus.

Après avoir mangé je demandais où étaient les toilettes avant d'y aller.

En revenant, je me perdis dans un couloir. Une porte était entre-ouverte, il y avait comme un courant d'air qui passait dans l'entrebâillement. Je me suis alors approché à pas lents de la porte avant de la pousser un peu plus. Lorsque je vis ce qu'il y avait, mon corps entier se raidit. C'était une chambre comme restée dans le passé. Sur le lit au milieu de la pièce se trouvait une petite fille à la peau très pâle. Ses yeux étaient fermés et ses bras posés sur son ventre. L'atmosphère semblait tellement froide ; l'odeur qui se dégageait de la pièce ressemblait étrangement à celle qu'on avait ressenti à l'hôpital, dans la chambre de Maurice ; où à celle dans l'église au tout début de notre aventure...

La fille était morte et on ne pouvait plus rien pour elle, mais pourquoi elle était là ? Etait-ce une illusion ? N'y croyant pas, je refermais la porte puis pris une grande inspiration avant de la rouvrir. La fille n'était plus là, je venais de rêver. Encore un nouveau mystère dans l'enquête.

Je rejoignis Théo et Léa qui venaient de débarrasser la table, tandis que Maude faisait la vaisselle.

On reprit ensuite place autour de la table.

Alors que je racontais ce qu'il venait de se passer, le visage de Léa se figea. Alors que son regard était tourné en direction de la fenêtre, elle cria : « là-bas ! ». Elle attrapa mon bras nerveusement et repris : « il y a quelqu'un à la fenêtre ! ». Théo et moi nous retournâmes mais il n'y avait rien. Au moment où nous allions poser des questions à Léa, Maude est revenue avec un panier...

— Bon les enfants, je dois aller faire les courses je...

— On ne va pas vous déranger plus longtemps, madame, ai-je annoncé – en remarquant qu'il était déjà 14h00 ; ce qui rassura d'ailleurs Léa. On va y aller aussi.

Nous avons remercié Maude pour tout et sommes tous ressortis du chalet. Là, à notre grande surprise, nos vélos étaient posés sur le sol – même Maude parut surprise.

— On vous rappelle si on a quoi que ce soit de plus sur votre fils, ai-je reprécisé à Maude avant de prendre mon vélo.

— Surtout faites attention à vous, je ne voudrais pas être fautive s'il vous arrivait quelque chose...

— Ne vous inquiétez pas, la rassura Léa en prenant à son tour son vélo.

Sur la route, nous avons discuté de l'histoire de Maude et de son fils qui ressemblait à la nôtre : il y avait un lien avec ce que nous cherchions et il fallait trouver lequel. Le temps passait très vite et je sentais qu'on ne pouvait s'éterniser sur cette enquête ; comme si quelque chose pouvait d'un moment à l'autre tout faire basculer.

Soudain je repensais à Léa qui avait vue quelque chose par la fenêtre tout à l'heure, et je décidais d'en savoir un peu plus :

— Qu'est-ce que tu as vu tout à l'heure Léa ?

— Un homme. Quelqu'un d'un air très sombre qui n'a cessé de me regarder pendant ces quelques secondes interminables.

Elle ralentissait, comme pétrifiée rien qu'en y repensant. Je fis alors le rapprochement avec ce qu'elle avait aussi vu quelques heures plus tôt au cœur de la forêt, derrière l'arbre sur lequel était accrochée l'écharpe. Quelqu'un nous traquait et nous observait bel et bien ; mais pourquoi nous ? Il fallait se méfier.

Une fois arrivés devant nos maisons et d'un commun accord, nous avons décidé de rentrer chacun chez nous et de nous reposer après cette courte journée qui n'était pas de tout repos. C'est ainsi que nous sommes revenus à la réalité le temps d'un après-midi.

En effet, plus rien d'anormal ne se produisit jusqu'à ce qu'on découvre le lendemain, un courrier anonyme au fond de notre boite aux lettres. Dans ce dernier se trouvait un message nous invitant au Musée d'Aquitaine, ainsi que trois invitations pour y entrer gratuitement. Autant dire que l'on connaissait déjà le programme de l'après-midi...

VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant