Chapitre 38: Léa

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Le fast-food était bondé. Après avoir passé notre commande et récupéré nos plateaux, nous nous sommes assis à une table à côté d'une grande vitre qui donnait vers l'extérieur. Peu après qu'on ait commencé à manger, les gens commençaient à quitter les lieux.

Pendant ce temps, on discutait de tout et de rien :

— Tu sais... la dernière fois, ai-je commencé. Dans la maison de la dame dans la forêt... j'ai vraiment vu quelqu'un qui nous regardait par la fenêtre.

— Je te crois, même si ça peut paraître surréaliste, si tu le dis...

— Le monsieur de tout à l'heure qu'on a croisé en nous promenant, il me rappelait quelqu'un... j'ai l'impression que c'était la même personne...

— Ah ouais ? m'a répondu Antoine en sirotant son soda. C'est assez bizarre tout ça, tu ne trouves pas ?

— Oui, pourquoi depuis que vous êtes arrivés il se passe des choses étranges ?

— Qu'est-ce qui s'est passé ce jour-là ? m'a demandé Antoine en me regardant droit dans les yeux.

— Euh... vous avez découvert un coffre et des messages ?

Il laissa paraître un sourire au coin de ses lèvres.

— Tu crois vraiment que ça vient de là ? ai-je repris.

— J'en suis persuadé, on n'y peut rien si c'est tombé sur nous mais... je pense qu'on n'est pas loin de l'issue...

— J'espère ; demain je dois garder ma petite cousine, tu viendras ?

— Oui pas de soucis...

Tout à coup, un jeune homme d'environ vingt-six ans surgi derrière moi puis passa à côté de nous en plongeant son regard neutre dans les nôtres. Il en profita pour glisser un petit papier plié en deux sous le plateau d'Antoine qui, lui, me regardait d'un air incompréhensif.

Aussitôt le garçon parti, Antoine s'empressa de lire le message dans sa tête. La nouvelle ne devait pas être très enthousiasmante car il releva son visage sans rien dire et me passa le papier que je me mis à lire :

Vous ne devriez pas continuer cette aventure ; maintenant que vous savez ce qu'il faut savoir, vous devez partir ou les choses vont prendre une plus grande ampleur. Croyez-moi, vous faites pire que mieux...

Amicalement.

William B.

— Tu le connais ce William ? me demanda Antoine en me reprenant le papier des mains.

— Non, pas du tout...

— Alors pourquoi se faire passer pour notre ami ?

— Peut-être qu'il veut notre bien, nous protéger et qu'il en sait plus...

— Ca veut dire qu'on arrête tout ?

— Non, je... je ne sais pas, ai-je franchement répondue, envahie par la situation. Il faut prendre notre temps et réfléchir.

— Tu dois avoir raison.

— Je reviens ; je vais me laver les mains...

Sur ces mots, je me suis dirigée vers les toilettes pour changer d'air.

Après avoir franchi la porte, je me sentie mal à l'aise. La lumière clignotait, ce qui rendait la pièce assez sombre à certains moments. Je trouvais cela assez embarrassant, comme dans les scènes types de films d'horreur.

Je m'approchais de la vasque et pris une dose de savon, comme si de rien n'était. En faisant couler l'eau chaude sur mes mains, je regardais mon reflet sur le miroir trouble. Je me refis une beauté rapidement ; je passai ma main sur mes cheveux pour les remettre en place, tout était bon. Je refermai mon gilet lorsque j'aperçus dans le miroir de grosses bottes noires en dessous d'une cabine. C'était étrange, rien ne bougeait, ce n'était pas normal.

L'ambiance devint pesante, j'entendais des bruits de respiration assourdissants derrière mes oreilles sans savoir d'où ils venaient. Soudainement, la lumière s'est éteinte pour de bon. Je me suis alors ruée vers la sortie dans le noir. D'un coup, quelque chose me coupa net. Je laissai échapper un cri. Dans quoi m'étais-je fourrée ? C'était quoi tout ça ? Au moment où la lumière se ralluma, je vis enfin ce que j'avais heurté.

C'était un grand monsieur, il portait un manteau noir. Il semblait terriblement énervé mais je voyais à peine son visage qui était couvert par un chapeau. C'est alors que je m'empressais de m'excuser :

— Excusez-moi...

— Il y a des choses que l'on ne pardonne pas jeune fille, me répondit-t-il d'un ton sec.

Cet homme avait décidément quelque chose de louche : déjà il était dans les toilettes des filles et en plus il parlait bizarrement.

Je m'écartai du monsieur et me hâta de rejoindre Antoine qui m'attendait à l'extérieur, en dessous d'un lampadaire. Il avait les mains dans les poches et semblait réfléchir. Il a souri lorsqu'il m'a aperçu et je me senti immédiatement rassurée.

— Tu vas bien ?

— Oui pourquoi ?

— Ça fait vingt minutes que tu es partie, m'annonça-t-il. Tu es toute pâle, tu es sûre que ça va ?

J'avais perdu toute notion du temps passé au lieu d'aisance ; il s'était encore passé quelque chose de troublant. J'ai alors décidée d'être franc avec Antoine :

— Ecoute, il s'est passé quelque chose de bizarre...

On s'est un peu éloignés de l'entrée et j'ai commencé à raconter cette drôle d'aventure. Il avait l'air sous le choc lorsqu'il a appris ce qui m'était arrivé.

Une fois mon récit terminé, on quitta rapidement les lieux ; avançant dans la nuit noire, inquiets de ce qui venait de se passer mais aussi de ce qui pouvait désormais nous arriver encore une fois.

VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant