JOY

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« Si elle veut de toi oui... » dis-je en riant

Gabriel rigole en acquiesçant. Sa chevelure blonde vénitienne lui tombe constamment sur le nez et ne laisse jamais assez entrevoir son regard bleu. Il a un visage aux traits fins, une peau magnifiquement douce, mais son regard est toujours dur, froncé. Ses yeux sortent leur particularité de cette forteresse de prunelle et de la douceur de la couleur des iris. Des fois je me dis que c'est dommage qu'il soit si aveugle face à son physique. Son potentiel est énorme, il est très grand aux alentours de 1m90, il ne lâche jamais son long manteau noir l'hiver ou sa veste en jean l'été. Il ne cherche pas plus loin que ses 5 tee shirt et ses 2 pantalons.

J'ai d'ailleurs passé presque toute l'après-midi du Samedi à visionner des vidéos à ses côtés et à parler de ses messages Tinder, cette application de rencontre que je trouve infâme. Il est arrivé au seuil de ma porte vêtu d'un jogging noir, d'un sweat violet trop pétant pour mes yeux verts et de converses délavées. Sa chevelure ne tenait pas en place, elle ne tient jamais en place. Puis des malheureuses cernes venaient couronnées son beau regard.

Il s'est allongé dès qu'il est arrivé. Il a même dégainé son portable pour pouvoir juger le physique de toutes les filles qui passaient sur l'application. A ma plus grande surprise, Gabriel a toujours eu des propositions de rendez-vous, mais il n'acceptait jamais. La peur le ronge.

« J'ai que 18ans, mais j'ai l'impression d'avoir perdu trop de temps. Je n'ai aucune expérience amoureuse. » dit-il en se tortillant comme une chenille sur mon lit.

« Certaines filles vont surement trouver ça mignon. » Je le pousse de mes gambettes et le regarde dans les yeux « et puis ne te focalise pas sur ce que tu n'as pas fait mais plutôt sur ce que tu comptes faire. »

Il se lève d'un coup en posant sa grande main sur ma tête en réfléchissant. Gabriel est un garçon particulièrement attentionné. Ma famille ne m'a jamais apporté d'affection, je ne sais pas ce que représente les câlins de ses parents ou les mots d'amour. Mais j'ai toujours été récompensée par l'amour de Gabriel et par ses envies persistantes de m'apporter de l'affection.

Il ne prit plus la peine de me parler. Il préfère réfléchir à ce que je viens de lui dire afin d'essayer de l'appliquer. Dans ce genre d'instant, je prierai tout mon esprit pour qu'il trouve la confiance en lui nécessaire pour qu'il fasse ce qu'il veut et qu'il puisse également s'épanouir dans ses passions pour le cinema et la video.

Soudainement, ma mère apparait dans l'embrasure de la porte de ma chambre, un sourire aux lèvres et apportant avec elle une douce odeur de cookies.

« Pardon de vous déranger les tourtereaux, je vous ai fait des cookies. » sa chevelure blonde est attachée en un chignon décoiffé et ses joues sont entièrement rosées après avoir passer trop de temps près du four. Elle porte toujours ses vêtements du bureau, une chemise en soie grise et un jupe crayon noire. Ma mère est une femme très belle, très élégante mais malheureusement bien trop restreinte dans son esprit afin de pouvoir m'aimer comme il se doit.

Gabriel la remercie avec son plus beau sourire et dès lors qu'elle sort de ma chambre, il explose d'un rire sincère.

« Heureusement que je suis là pour qu'elle croit que tu es hétéro. »

« Je me demande surtout comment c'est possible qu'elle croie qu'on est ensemble alors que nous sommes amis depuis si longtemps. »

Il plisse ses lèvres et m'observe en se recouchant.

« Peut-être qu'elle ne croit pas en l'amitié fille-garçon. »

« Je ne suis pas une fille à part entière en soit, je ne risque pas de tomber amoureuse de toi. Enfin si, je le suis mais que spirituellement. »