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Je suis arrivée à l'enterrement aux bras de Joy. C'est assez ironique comme entrée, mais je ne veux plus me cacher.

Au fond de la salle, je vois le cercueil ouvert. Je refuse catégoriquement d'y aller, je refuse de le voir blafard, mort et vide. Il est tout le contraire, il est vif, cultivé, intelligent et brillant. Joy et Gabriel ont eu le courage de voir son visage pour une dernière fois. Ils m'ont certifié qu'il était beau, que son visage paraissait en paix, mais je n'y suis pas allée. Thomas non plus.

Joy avait son regard fixe, elle était figée comme une statue. Aucune larmes ne sortaient, mais on comprenait que c'était dur pour elle. Alors je n'ai pas voulu les suivre jusqu'au cercueil, donc je me suis assise et j'ai observé les gens présents.

Je me suis rendu compte de l'hypocrisie des gens aux enterrement. Il y a quelques personnes du lycée qui pleure sa mort alors qu'ils ne le connaissaient même pas. Il y a des personnes qui sont habillés en noir, juste pour symboliser le funèbre. C'est si triste, si lugubre. La moitié des gens sont en noirs de toute manière, c'est une tradition ridicule de notre société. Pourquoi s'attrister devant quelqu'un qui va surement mieux que nous tous réunis? On pleure pas pour lui, on pleure pour nous. C'est ca l'égoïsme humain.

Je suis habillée en gris. Je ne vois pas cette mort tout en noir, ni tout en blanc. Je la vois en gris. C'est partagé. Je veux sourire pour Nathan, je veux qu'il sourit avec moi.

Je hais les enterrements.

Mais je m'y retrouve, ici, devant tout le monde qui me scrute de haut en bas. Ils se demandent tous ce que je vais pouvoir leur sortir, quel genre de discours triste et décevant je vais pouvoir reciter..

La peur me ronge. J'ai peur des regards, Nathan a raison. Mais je dois combattre cette peur pour lui.

Joy pose son regard amoureux sur moi, elle esquisse un sourire et me fait un signe de tête pour que je commence et pour m'encourager. Gabriel me sourit aussi. Thomas lâche une larme en me faisant un pouce. Maria sourit et pose sa tête sur l'épaule de Gabriel. Les parents de Nathan sourient, eux aussi, ils m'encouragent avec leurs yeux. Mes parents me sourient.

Alors je commence.


- Bonjour à tous. Cet oraison funèbre risque d'être longue, peu appropriée et de plus, je ne crois pas m'être vidée de toutes mes larmes.


Quelques personnes sourient et le silence religieux s'installe.


- Tout d'abord, bien que Nathan risque de me hanter toute ma vie pour avoir dit ça devant vous, je le dis : Je m'excuse de tout mon coeur. Je pourrai m'accabler pour ce que j'ai fait, mais il sait au fond que tout est de ma faute mais aussi la faute de l'idée qu'on se fait de nous même. Vous savez, se voir comme un moins que rien, comme inférieur, voire comme une grosse merde juste parce-qu'on ne répond pas à des critères, c'est un fléau. Pour nous-même, et pour les autres. Nathan a essayé de se cacher, il voulait pas dire qui il était, une personne qui souffre tout comme moi.


J'essuie les quelques larmes qui s'échappent de mes yeux, et je poursuis :


- J'ai pendant trois, voire quatre ans caché mon homosexualité, comme surement beaucoup de jeunes qui ne s'assument pas, même certaine adultes encore...


Mes parents me scrutent en souriant.

Je souris et une exaltation s'éprend de moi.


- Cacher notre personnalité, ce qu'on est, cela nous broie de l'intérieur et nous bouffe toute notre vie. Nathan s'est dissimulé sous ce caractère méchant et je me suis dissimulée avec ce que je n'étais pas. Mais malheureusement, j'ai pas su lui offrir l'amour qu'il méritait, et il ne s'est pas comporté brièvement avec Gabriel et moi. Nous sommes tous aveugles et égoïstes. Nous voulons pas nous dévoiler par peur d'être jugé par cette société qui nous engouffre, nous critique et nous détruit pour finalement perdre confiance en nous.


Je reprends mon souffle.


- C'est comme la religion. Je représente surement un péché pour la religion, mais je sais que Dieu m'aime, et qu'il aime Nathan et même qu'il nous pardonnera pour ce que l'on a pu faire. je marque une pause Nathan m'a donné une seule mission avant de nous quitter, et c'est de vivre comme je suis, peu importe les consequences. Je vivrai pour lui et je l'aimerai jusqu'à la fin de mes jours parce-que j'ai aussi apprit à pardonner.


Je souffle.


- Je t'aime Nathan.


J'ai senti quelque chose me serrer, quelque chose qui m'entourait de ses bras.

Nathan est venu me voir et m'écouter.

Je me suis sentie vidée, calmée et soulagée.

Seul le pardon compte. 




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Bon, et bien mon histoire est terminée. 

Merci d'avoir lu, pour ceux qui ont réussi à venir jusqu'ici et je suis ouverte à toute sorte de critiques pour la corriger et l'améliorer. :) 

JOYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant