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Le choc d'un poisson contre la paroi me réveille instantanément. J'ai le reflex de regarde mon portable pour voir si ma mère ne m'a pas harcelée, ou alors pour vérifier l'heure qu'il est. Normalement, je suis dans les temps pour me rendre à l'heure à la messe. Je me rappelle aussi que je suis entièrement nue et contre Nathan qui parait dormir d'un sommeil très profond. Je persiste à le scruter. Cette nuit fut ,bizarrement, très bien et agréable.

Mon regard tourne en suite, automatiquement vers les lumières fluorescentes de l'aquarium. Je me lève et m'entoure d'un gilet beige pour aller admirer les poissons. Je pourrai me dire qu'ils sont libres dans leurs eaux, entourés de pleins d'autres espèces. Mais ils sont coincés, tout comme moi. Mon mensonge est comme leur aquarium. Il y a pleins d'espace, pleins de choses sur lesquelles je peux facilement me réjouir, sauf qu'il manque le désir. Un désir qui se voit indispensable dans ma vie, parce-que je ne pourrai en aucun cas me satisfaire avec un homme. Jamais. Je me sens poisson.

Nathan m'extirpe de mes pensées en se collant à moi par derrière. Il enroule ses bras autour de ma taille et pose son menton sur mon épaule.


- Tu as bien dormi? il me demande avec sa voix du matin

- J'ai bien dormi. répondis-je en souriant

- Tu te lèves tôt pour un dimanche matin.

- J'ai le devoir d'aller à la messe. Enfin, ma mère m'y ordonne. dis-je avec une voix blasée

- On a le temps de petit-déjeuner tous les deux j'espère ?

- Evidemment, et heureusement.


Il sourit et me serre un peu plus fort pour ensuite aller s'habiller.

J'ai de la chance que toute sa famille soit encore en plein sommeil, je n'aurai pas à me montrer avec cette sale tête. Nathan m'a même informé que ses parents ne se lèveront pas avant 11h parce-que leurs joints du samedi soir sont particulièrement bien garnis et accompagnés de d'autres substances. Ce qui m'a fait drôlement rire d'ailleurs.

Il apporte le petit-déjeuner sans volonté que je l'aide. Un petit-déjeuner qui, ma foi, est très sain et équilibré, j'aime beaucoup.

Sur la table se présentent, des toasts grillés dans une grande assiette avec deux grands verres d'oranges pressées. Il a emmené un profond saladier avec plusieurs fruits à l'intérieur qui servent à être choisis pour être mis dans le fromage blanc. Fromage blanc qui a été directement acheté dans une ferme qui appartient à des amis de sa famille. Ça change clairement de mes céréales et de mon lait demi-écrémé...


- Maintenant qu'on est en vacances de Noël, j'ai prévu de partir deux jours à la montagne avec mon cousin pour le jour de l'an, ça te tente? demande Nathan tout sourire

- Je ne sais pas si ma mère va vouloir que je rate le repas familial.

- Tu as un cousin qui s'appelle Antoine, non?

- Oui, tu le connais?

- J'ai entendu parler de lui.. Dis-lui de venir. il propose

- Dans ce cas-là... C'est plus probable que je vienne alors.


Sa joie se montre trop sur les traits de son visage. Étrangement, il me tarde vraiment d'y aller. Mes parents n'ont jamais voulu partir à la montagne, même pas pour fêter Noël. J'espère qu'on va faire du ski avec Nathan... J'y avais déjà été avec la famille de Gabriel aux alentours de mes 10ans.. J'étais revenue malade comme une morte parce-que j'avais une angine blanche. Je pensais réellement que j'allai vomir mon âme quand je toussais. Ma mère m'a donc interdit d'y repartir avec Gabriel. Tous les ans je tentais, gentiment, qu'elle me laisse y aller. Mais rien n'y a fait. Je passais mes vacances de Noël à lire des passages de la Bible avec ma grand-mère.

Enfin, bref. Je finis mon bol et même toute l'assiette de toast presque à moi toute seule. Nathan a d'ailleurs eu l'irrespect de se moquer de moi.


- Il est 9h15, je devrais y aller..je demande

- Je te ramène.


Sa voiture est vraiment belle. Elle est luxueuse et un peu délavée.. Je ne saurai le décrire. C'est une voiture qui, autrefois, valaient la peau d'un bras. Sauf qu'il a acheté à notre époque, ce qui vaut encore plus cher. Mais celle de Gabriel restera toujours ma numéro un. Parce-que sa voiture c'est vraiment la seule chose qui représente son look, ses gouts, son style.. Il me manque. Nos journées me manquent et puis nos délires. Nos discussions étaient tellement précieuses que mon cerveau n'arrive plus à s'habituer, alors je me fais des discussions toute seule, en espérant ne pas devenir schizophrène. Je sais qu'il a rencontré une fille, mais cela fait plus de quatre jours qu'il ne m'adresse pas un mot, ni même un Snapchat ou une merde dans le genre. C'est vrai que ça me fait un vide. Un gros vide.

Nous arrivons devant chez moi, sans avoir vraiment parlé. Il m'ambrasse pour me dire au revoir et il adresse même un grand bonjour de la main à mon père qui nous espionne depuis la fenêtre de la salle à manger.

Je rentre chez moi et ma mère me saute presque dessus en me serrant trop fort dans son étreinte.


- Ses parents son sympas? elle demande les yeux pétillants

- Ils sont adorables !

- C'est des faux écolos, ils sont blindés aux as et ne font rien pour la planète. Ils ont des croyances absurdes en plus de ça. répond méchamment mon père

- Apparemment, il se dit qu'ils captureraient des animaux marins. ajoute ma mère


Je n'ai pas la force de relever et me battre contre les propos malfamés de mes parents. Je bois un verre d'eau fraiche et je fonce me doucher à l'étage. La douche c'est pour moi un lieu de zénitude complète. Personne ne m'embête, personne ne me cherche des emmerdes, je suis libérée du poids humain et surtout du poids, qui est obèse, qu'est ma famille. C'est comme un moyen d'oublier le fait que je vis une bouse puante décorée de diamants de valeur.

Sous la buée que remplie la salle de bain, je sens une présence chaude autour de moi, je me retourne et aperçois Louise. Malheureusement, dans un mauvais état. 

JOYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant