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Ces trois jours sont rapidement passés. Nous sommes Samedi. Je n'ai eu aucun message de Gabriel, ni aucun signe de vie. Ma fierté me renferme de cette envie de le voir. Je n'ai pas envie de lui envoyer un message, je me sentirai encore plus nulle. Je comprends entièrement pourquoi il ne veut plus de moi. Mais la tristesse m'envahi tout de même. Gabriel est mon seul véritable ami. Je ne veux pas le perdre.

Ce matin, je me prépare mentalement pour le repas avec les parents de Nathan, et cette après-midi je me préparerais physiquement.
Pendant le déjeuner, mes parents ont apprit que la seule activité que j'avais aujourd'hui, c'était de rencontrer les parents de Nathan. Depuis que ma mère sait que j'ai un petit-copain, elle en parle à tout le monde. Mon père est donc au courant. Je pensais qu'il allait réagir froidement, comme un père, mais il a juste été content. Du coup, ils me bombardent de questions.

- Alors chérie.. comment vous vous êtes rencontrés ?? demande mon père curieux
- Au lycée, tout simplement.
- Nathan.. Ce n'est pas l'un des amis de Joy Reagan? ma mère sourit
- Exactement. Mais je ne connais pas vraiment Joy.. je réponds hésitante

Je pensais que ma sœur allait réagir. Mais rien, elle reste silencieuse. Je ne comprends pas vraiment son silence, généralement, elle se moque de moi ou alors elle provoque mes nerfs si bien cachés aujourd'hui.

- J'aimerai bien recontré ce Nathan. propose mon père
- Pourquoi tu ne ferai pas une soirée à la maison? ma mère s'excite soudainement
- Hein? je suis surprise
- Mais oui ! Mais seulement un Vendredi soir, parce-que Dimanche nous avons la messe.

Ils continuent de discuter de comment ils peuvent m'organiser une fête. Je ne suis absolument pas tentée. Les seules personnes que je peux inviter c'est Nathan, et peut-être Maria.. Mais cette fille me m'aspire rien.. Je ne l'apprecie pas, je pense que c'est à cause de ce qu'elle a pu faire à Gabriel.

Je ne veux tellement pas que ma mère m'oblige à inviter des amis, que je débarrasse mon assiette et je monte rapidement dans ma chambre. C'est mon endroit de recueil ces temps-ci. Comme un sanctuaire. Seul mon lit et puis le parfum de ma chambre peut alimenter ce minuscule espoir qui traîne au fond de moi. Dans "espoir" je vois "bonheur". Alors que je suis intérieurement détruite et extérieurement laide. Mon visage commence petit à petit à se blanchir et à se creuser. C'est ridicule. Je suis, ridicule.

Je crois bien que Louise est montée en même temps que moi, j'entends ses pas. Elle entre dans ma chambre. Elle ne dit rien, elle s'assoit juste sur la chaise de mon bureau pour me fixer. Elle dégage quelque chose de beau, ce soir en particulier. Ses yeux sont éclatants et si beaux que sa bonne humeur me redonne envie de sourire. Son pyjama est marrant, ses chaussons aussi. Elle a attaché ses longs cheveux blonds en une queue de cheval bien lisse et toute soyeuse. Son visage est d'une perfection irréprochable, aucun bouton, aucune brillance, aucune marque rouge. Elle est douce, naturelle et surtout pure. Comme son âme.

- Tu voulais quelque chose? je demande
- Pourquoi tu as une relation amoureuse avec Nathan?
- Sors de ma chambre si toi aussi tu cherches à m'embrouiller. je réponds sèchement

Elle ne répond rien. Elle ne sourit pas. Juste, elle se lève et se couche à côté de moi. Elle pose sa tête sur ma poitrine et entouré son bras autour de moi. Ses cheveux sentent l'amande douce, et son corps est si léger que j'ai l'impression que chat s'est posé sur moi.

- Je veux juste que tu sois heureuse Sol.

J'ai eu du mal à saisir l'information et la faire directement passée jusqu'au cerveau. Jamais Louise n'avait été aussi affectueuse, voire attentive et attentionnée. Elle a eu les mots justes, le moment parfait et les gestes exacts qu'il m'a fallu pour me faire pleurer. Elle a essuyé mes larmes avec sa manche et elle s'est reposée sur moi. Toutes ces larmes qu'il restait dans mes yeux sont sorties par faute de mes émotions précédentes. Je suis au bout de la crise de nerfs. Je ne sais pas comment gérer mes émotions. Personne n'a le droit de me voir pleurer normalement, ni même ma famille. Je déteste que l'on me cerne faible, parce-que je ne le suis pas. Alors ma tristesse, ma colère, mes angoisses restent enfouies dans mon estomac. Je suis incapable de les faire sortir, parce-que l'envie me manque. Je pars du principe que personne n'a le droit de me voir en situation de vulnérabilité. Personne.
Malheureusement, Louise est témoin que je suis qu'une minable fragile qui pleure pour une histoire d'adolescente que j'ai provoqué moi-même.

Vers 19h, je choisis mes vêtements pour ce soir avec l'aide de ma mère. Le fait qu'elle choisisse comment je vais m'habiller, me crispe, mais je sais qu'elle sera de meilleur conseils que moi pour ce un dîner qui s'avère être important aux yeux de Nathan. Je me dois d'être présentable et de ne pas lui faire honte.
Je décidé de mettre une robe noire avec un tee-shirt blanc sous les bretelles de la robe. D'après ma mère, cette tenue est "élégante tout en étant décontractée". Alors j'ai en suite enfilée un gros et long manteau noir pour me protéger du froid glacial qu'offre le mois de Novembre et ma mère m'a fait monter dans sa voiture.

Je pensais sincèrement qu'elle allait m'accompagner jusqu'à la porte, vu comment c'est parti.
Je toque, avec mon cœur qui bat fort, et Nathan m'ouvre. Je souris parce-que son sweat lui va trop grand et son short est un vêtement de sport qui fait vaguement pyjama. Il est très décontractée par rapport à moi. Je me sens vite nulle. Je suis habillée alors qu'il est comme si on allait faire une soirée film/pop corn.
Pendant que j'analyse son style nuptial, il me tire par les hanches pour m'embrasser. Je ne ressens rien, comme d'habitude. Mais le fait d'être avec lui m'apaise réellement, bien que je reste presque immobile.

JOYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant