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- Qu'est-ce-qu'il t'arrives ? je demande

- J'ai mal au ventre. elle répond


Bien que je ne sois absolument pas affectueuse, je la prends dans mes bras. L'affection ne règle pratiquement rien, jamais. C'est juste une manière de dire, le plus souvent, « je suis la si tu as besoin » mais, rien ne guérit les douleurs, physiques ou mentales. Y'a que nous même qui pouvons nous en charger. Je hais l'affection, et surtout les gens qui disent qu'ils en manquent. Parce-que généralement, ce sont les premières a ne pas en donner, et les premières a faire du mal volontairement.

Mais je m'embarque.

Je la laisse s'en aller pour que je puisse m'habiller et me maquiller un minimum pour que mon visage ne ressemble pas à un cadavre, comme la plupart du temps. J'ai surtout pas envie que ma mère me fasse l'une de ses habituelles réflexions comme « tu es trop maigre », « ton visage est trop creusé », « tu n'as pas de joues, on dirait une toxico ». Ma mère dit qu'une belle fille est un don de Dieu, et que ce don-la doit forcement avoir des formes généreuses et donner envie aux hommes. Sauf que je ne veux pas donner envie aux hommes, mais plutôt aux femmes, et plus particulièrement à Joy.

Dans la voiture, Louise lâche sans cesse des cris de douleurs pour prouver qu'elle souffre.


- Arrêtes de te plaindre, tu es insupportable. je m'énerve

- Chaque douleurs physique est liée à un pêché disait mon prêtre quand j'avais votre âge. Alors, qu'as-tu fait Louise? demande ma mère

- N'importe quoi ! Elle a juste ses règles. je lâche


Mon père a presque pilé de manière violente.


- Marisol ! cri mon père

- Quoi? Ce genre de sujet ne devrait pas être tabou, on est en 2018 ! C'est une étape normale chez la femme. je cris encore plus fort


Ma mère me fait les gros yeux, mais, sauvée par le gong, nous sommes arrivés et je descends rapidement de cette odieuse voiture. Franchement, je pense avoir beaucoup de chance d'être à l'église à ce moment précis parce-que sinon j'aurai pris très cher. Mes parents m'auraient grondé trop fort.

Je cours à moitié jusqu'à notre banc habituel. Un banc trop dur pour mes fesses maigres, d'ailleurs. Ma mère a surement raison a propos de mon corps, je suis probablement trop mince.

Ils s'assoient avec moi, sans même m'adresser un seul mot. Même pas Louise.

Cette messe me parait interminable. Toujours les mêmes phrases, les mêmes paroles faussées, et une intolérance qui me donne la nausée. Dieu s'en fou de tous ces écrits, et ça, ça me tue. Je suis persuadée que même lui s'ennuie à mourir et qu'il est condamné à écouter des gros connards qui racontent n'importe quoi sur lui et sur le monde qui nous entoure. Si il existe, il doit se fendre la poire.

Je remarque qu'après la communion, Louise a disparu. Elle s'est volatilisée en une fraction de seconde. Je tourne des yeux pour essayer d'y voir mes parents aussi, mais rien.

Pour sortir de l'église, j'eu le malheur de passer devant le parloir.


- Elle ne se ressaisi toujours pas Père. Je sais que je devrais en parler avec mes parents. Elle est en couple avec un garçon, alors je me disais qu'elle allait surement mieux. Sauf qu'elle est constamment triste parce-qu'elle fait semblant d'aimer ce garçon. balance ma soeur

- Ma fille, ne penses-tu pas que tu devrais la raisonner ? demande le prêtre

- Evidemment, sauf qu'elle aime cette fille. En plus d'être une pêcheuse en allant contre-nature, surtout venant d'une fille, ce qui est le plus choquant, elle ment à tout le monde. Elle fait du mal.

- Qu'en dis-tu?

- Est-ce possible qu'elle soit maudite ? demande Louise, avec peur


Je ne peux plus écouter ces mascarades. Après toutes les discussions que nous avons entretenues, toutes les fois ou elle m'a dit qu'elle y voyait aucun inconvénient.. Elle me trahi en me jugeant hypocritement devant Dieu qu'elle se dit aimer. Ou est la bonté la dedans? Qui sont ces gens qui se disent « bons »? Des gens qui se disent tolérants, à l'écoute d'autrui.. Cette religion est constituée seulement de faux-culs sans coeur incapables d'ouvrir leur putain d'esprit.

Je déguerpis le plus vite possible pour ne plus entendre les paroles mauvaise d'une personne que je croyais bienveillante.

En passant la grande porte, je retrouve mes parents qui discutent avec les parents de Joy. Les Reagans.


- Ah ! Ma fille, Marisol. ma mère se montre hypocrite

- Salut ! Tu connais Joy n'est-ce-pas? demande Madame Reagan

- Oui, elle est dans ma classe. Mais je ne la connais pas très bien. je réponds gênée

- Ah bon? Parce-qu'elle parle beaucoup de toi. son sourire est malin


J'ouvre grands les yeux et, heureusement, ma mère n'a pas compris.

Madame Reagan a très vite poursuivi la conversation jusqu'a ce qu'on se retrouve dans la voiture avec ma famille.


- J'ai invité les Reagan pour le diner du nouvel an. annonce ma mère

- Quoi?! je hurle

- Ils ont acceptés ? demande mon père

- Oui ! Je suis très contente d'accueillir la nouvelle famille de la ville à la maison. En plus, ils sont chrétiens catholiques. sourit ma mère


Si seulement elle connaissait leurs croyances. Et si seulement elle savait que Joy est lesbienne et que ses parents s'en réjouissent.

C'est la barbe. J'ai pas envie que cette ordure dont je rêve le corps débarque chez moi et passe les premières secondes de ma nouvelle année à mes côtés.

JOYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant