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Soudainement, j'entends la voix stridente de ma mère qui nous appelle pour manger. Elle dit qu'elle nous appelle depuis 10 minutes, mais j'étais trop plongée dans la discussion entre Antoine et moi pour l'entendre.

Je m'installe autour de la table sous le regard mauvais de ma soeur. Autant dire que ça ne change pas. Mais il me parait beaucoup trop méchant à mon goût. Je la fixe à mon tour et elle éclate de rire. Je ne sais pas vraiment ce qu'elle cherche à faire mais j'ai envie de la pendre.

Ma mère et sa soeur, la mère de Antoine, sont étrangement très belles ce soir. Ma mère porte un chemisier rouge éclatant qui met en valeur ses beaux yeux bleus et sa peau claire. Tandis que sa soeur porte un col roulé bleu nuit, qui met aussi en avant ses yeux transparents et sa chevelure blonde. Mais, contrairement à ma mère, elle est toujours dotée de cernes très foncées et ses joues sont creusées. Je sais que sa vie est un martyre, elle eut des idées suicidaire un temps. Antoine venait souvent chez moi pour se réfugier auprès de ma mère. Je ne le haïssais pas à cette époque parce-qu'il était innocent et doux. Nous étions en 4ème. Ma mère adore Antoine et elle ferait tout pour lui, donc je dirai que ma mère fut un pilier pour la survie de Ève, la mère d'Antoine.

Ma famille est vraiment trop calme et faux-cul comparée à celle d'Antoine. Mais, un jour, tout éclatera au grand jour.


- Aujourd'hui j'ai visionné une émission à la télé qui m'as mise dans un état pas à l'aise. déclare ma grand-mère

- De quoi ça traitait ? demande ma mère

- Un transgenre, comme « ils » s'appellent, nous racontait son histoire. Je ne les comprends pas. C'est simplement un effet de mode de vouloir être unique et original, je pense que ça a prit une trop grande ampleur. Ils ne savent même plus se définir. mamie explique

- Conneries. je lâche. Ces personnes-là souffrent. Elles sont nées avec un sexe qui ne leur convient pas. Comment peux-tu juger cette douleur psychologique et physique?

- Ne dis pas n'importe quoi Marisol. Tu sais très bien que si nous sommes venus au monde avec ce corps c'est que nous devions être comme ça. ajoute ma mère

- Judith, je ne nies pas que ce que tu es en train de dire. Je pense juste que vous le voyez avec l'oeil de la religion. Oui, vous avez surement raison avec la voix de la Bible, mais imaginez être à leur place, se sentir femme alors qu'on a une bite ! crie Antoine


Je tousse pour qu'il se reprenne.


- Excusez-moi, un sexe masculin. C'est horrible, insoutenable. Dans notre société, être un homme et vouloir s'habiller en femme, c'est mal vu alors que psychologiquement, vous allez mal. il finit

- Si la société le voit comme ridicule, c'est que ça l'est. dit fièrement ma grand-mère

- Un homme qui veut être une femme, c'est juste un problème psychiatrique. Rendez-vous compte les enfants, je ne sais pas si vous connaissez le trouble de la personnalité mais.... ma mère n'arrive pas à terminer

- Ce n'est absolument pas psychiatrique. C'est psychologique. C'est un mal-être. la coupe Ève

- Exactement, c'est un mal-être. Nous avons une science développée de nos jours, avec des chirurgiens et des spécialistes très calés. Ils ont tout à fait le droit de devenir ce qu'ils veulent être. je lance

- Cela va à l'encontre de sa nature, de son origine que Dieu lui a offert. Il lui a offert un corps, une vie, et il le change. C'est de la provocation ! s'énerve ma mamie

- Mais je crois rêver ! Enlevez-vous cette foutue Bible de vos paroles ! Ce ne sont que des écrits ! Rien de concret ! Dieu n'est pas parfait parce-que Dieu n'existe pas ! crie Antoine


Un silence lourd s'installe dans la salle à manger. Ma grand-mère et mon grand-père en restent bouche-bée. Ma mère pose sa main contre son front comme si il avait prononcé le nom de Voldemort.


- Ce qu'il veut dire par là, c'est que tout le monde n'y croit pas, en Dieu. essaye de rattraper Ève. Ces personnes sont dans une douleur constante entre les moqueries, les jugements extérieurs... Voire familiaux ! Parce-que cela en induit qu'ils sont homosexuels.


Antoine et moi ravalons notre salive.


- Les homosexuels et les transgenres c'est la même chose. Même problème dans notre société. riposte ma mère

- Un problème ? Sérieusement ? je cris

- Oops. lâche ma soeur


Je veux la tuer.


- En tout cas, ce que j'en conclu, c'est que les tribunaux ont refusés que cet homme-là soit considéré comme une femme dans son état-civil, et je trouve ça normal. finit ma grand-mère

- J'arrive pas à y croire, c'est du n'importe quoi. Comment pouvez-vous être aussi cruels avec des humains? Tout le monde mérite de se sentir bien. s'impose Antoine

- Ils mentent simplement, ils veulent se donner une image qui n'est qu'illusion. termine ma mère

- Mamie, ton poulet est délicieux. je lâche pour détendre l'atmosphère


J'essaye de changer de sujet afin que cette discussion qui réveille mes nerfs s'achève. C'est la pire conversation que j'ai eu avec ma famille, l'une des pires. Ils sont mauvais et fermés avec ceux qui ont de réels problèmes que l'on doit régler. Ils représentent très bien les idées qu'ils portent. Des merdes.

C'est comme les non-binaires qui vivent un mal constant ne sachant pas de quel genre se définir, notre société n'arrive même pas à l'accepter et le concevoir, elle nous empêche de nous sentir nous-même et à l'aise. C'est comme une grande prison avec des règles à respecter et si nous les respectons pas, nous allons au bagne des jugements. J'espère que notre génération fera changer les choses. Nous sommes le seul espoir de l'évolution des esprits.

JOYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant