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Cela fait aujourd'hui une semaine que je suis rentrée chez moi. Une semaine que je n'ai aucune nouvelle de Nathan. Une semaine que je suis cloitrée dans mon lit à pleurer ou à essayer de travailler mes examens. Une semaine que ma mère s'inquiète. J'ai du lui expliquer que j'ai rompu, sans qu'elle en sache la raison. Mon père ne me parle pas et Louise m'a juste fait à manger un jour ou mes parents étaient au travail. C'est un désastre, ma chambre est un dépotoir : des larmes sèches sur mes coussins, des livres et des cahiers étalés sur le sol, une vague odeur de beuh que Gabriel a laissé en repartant, les vêtements de Joy quand elle est venue me voir...

Mon quotidien depuis une semaine se réduit à pleurer, harceler Nathan sans résultats et à aller prier à la messe avec ma mère. La douleur et le chagrin s'est épris de mon corps alors j'ai pensé que me réfugier dans la religion pouvait me faire du bien. C'est sûrement débile d'être allée voir un prêtre alors que je suis 100% homosexuelle et surement contre la Nature humaine. À cause de ma soeur il sait, et il a eu le culot de me dire que « ça va passer ». Comment est-ce-que l'homosexualité peut passer? J'ai brisé Nathan à cause de ça, en pensant que je pouvais être en couple avec un homme, mais je n'ai fait que de la merde. Comment les gens peuvent-ils encore croire que l'homosexualité se guérit ?

Enfin.. Demain les cours reprennent, je vais devoir faire face à Nathan, à son si beau visage que j'ai détruit. Au regard déçu de Thomas. au regard de compassion de Maria. Au regard perçant de Gabriel. Au regard inquiet de Joy.


- Tu veux manger avec nous ? Antoine est là. ma mère débarque dans ma chambre


Nous sommes Dimanche, évidemment qu'il y a la prière.


- Oui, je vais venir.


Elle m'embrasse le front et me sourit.

Je descends dans le salon pour regarder tout le monde en souriant comme si ma vie rayonnait de joie et d'amour. On sait tous autant que nous sommes que je joue l'hypocrite. J'ai le même pull de Gabriel depuis quatre jours, mes joues collent, mes yeux sont injectés de sang et de fatigue.. Mes cheveux sont gras et ma frange est en vrac. Mon corps est même encore plus frêle que d'habitude.

Antoine me scrute et me prend instinctivement dans ses bras. Généralement, ce n'est pas à notre habitude, mais sentir quelqu'un que j'aime profondément et qui me comprend contre moi me fait me sentir mieux et reposée. il me chuchote à l'oreille qu'il sera toujours là et je lâche une larme que personne ne voit.


- On se met à table ? Je meurs de faim. lance mamie

- C'est parti. sourit à moitié maman


Maman ne fait que me lancer des regards et mon père évite les miens.

Notre repas s'est bien passé contrairement à la prière d'après. Je n'ai fait que pleurer en silence, je crois que personne ne m'a vu. Louise s'est retournée vers moi à un moment pour me prendre la main avec ses deux mains et la poser sur son coeur. Mes larmes ont instantanément arrêtées de couler.

Avant d'aller me coucher j'ai regardé mon téléphone pour voir si j'ai des nouvelles de Nathan, mais je n'ai rien.

Je l'ai appelé 62 fois pendant la semaine et je lui ai laissé 135 messages écrits. Aucune réponse. je n'ai même pas eu la force d'aller chez lui pour lui parler.

Je l'ai blessé, je l'ai torturé, mais le plus monstrueux de cette histoire, c'est que je le savais. Jamais je n'aurai cru que sa réaction serait aussi profonde et intenable, comme si toute sa vie n'était qu'une sombre merde. Je l'ai donc réellement détruit.

JOYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant