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D'en haut, j'entends quelques chuchotements puis des cris pas très violents.


- Marisol ! Descends de suite ! hurle mon père


Par peur, je descends rapidement manquant presque de trébucher dans les escaliers.

Je m'approche petit à petit du lieu du crime. L'ambiance est pesante, je sais que je vais ramasser. Donc je m'avance vers mon père avec méfiance, mais des qu'il me remarque, il ne perd pas de temps à me donner une piquante et violente claque.

Tous les nerfs qui étaient montés quand Antoine me parlait étaient descendus. Mais après cette claque, tout remonte à la surface, mais dédoublé et d'une manière toute autre. Mes tremblements ne cessent, mes yeux bougent dans le rythme d'une feuille morte au vent, puis mes dents grincent autant qu'un portail rouillé. Je sens la chaleur qui s'éprend de tout mon corps, et fait rougir mes joues. Je ne saurai pourquoi, mais mon envie d'étrangler ma famille me ronge. Une envie meurtrière, tout se mélangent dans ma tête, rien n'est net. J'ai comme une impression d'être atteinte d'une maladie mentale grave. Je fixe ma soeur, qui sourit. Vouloir la faire souffrir m'afflige. C'est inconditionnel. Je sais, pourtant, que je devrai m'échapper pour m'aérer l'esprit et faire du mal à personne en me calmant. Surtout pour que l'air me pénètre et éteigne le feu des ténèbres qui brule sous ma chair. Sauf que c'est plus fort que moi.


- Allez tous vous faire foutre ! Vous êtes que des faux-culs sans scrupule ! Je ne veux plus vous voir, vous entendre ou vous sentir autour de moi, je préférerai que mes sens s'éteignent en votre présence plutôt que de vous subir a longueur de journée et durant toute ma vie. je hurle


Sous cet élan de colère, je pousse ma soeur, mon père et ma mère pour pouvoir courir jusqu'a la salle de bain. Mon réflexe est de m'assoir dans un coin de la pièce et de ressembler a une folle dans un asile. Je pose ma tête entre mes genoux et entoure mes jambes de mes bras. Ma respiration est compliquée a trouver. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, c'est la première fois. C'est comme si je ne contrôlais plus mon corps, et surtout je ne contrôlais pas mes émotions.

Apres quelques minutes, Antoine ose rentrer dans la salle de bain. Il ne dit aucun mot, juste il s'assoit à côté de moi et il pose sa tête sur mon épaule. Il sent extrêmement bon. Une odeur de lavande et de linge propre, comme sa mère.

Je ne sais pas vraiment comment réagir après coup. Mon corps a su emporter mon âme pour aller dans un lieu inconnu, celui d'une haine inconditionnelle de ma famille, voire même de moi-même. Je ne saisis pas. C'est comme si tout ce que j'avais gardé pendant tant d'années était sortit d'emblée. Mais cela ne devait pas se passer comme ça. Je devais savoir gérer mes émotions, et j'ai échoué.


- Pourquoi j'ai pas su gérer.. ? je demande

- Je ne sais pas Mar. répond Antoine

- D'habitude, je sais y faire.

- Non, d'habitude tu n'y arrives pas bien. Vu que tu ne fais pas sortir tes émotions.


Je ne réponds pas.

Pour la simple et bonne raison que je sais qu'il n'a pas tord.

J'ai toujours dit que je ne voulais pas que les gens me voient pleurer. Un jour, en cour d'arts plastique, je discutais avec trois filles que je connaissais bien. Je pense que nos sujets de conversations ont déraillé et cela a réveillé quelque chose. Je voulais pleurer. Je ne voulais absolument pas qu'elles me voient dans un état ou je m'affiche fragile et miserable, alors j'ai fui aux toilettes pour que cela sorte. Mais au moment ou j'ai entendu des pas dans les toilettes, je me suis retenue jusqu'à supporter une douleur terrible d'étranglement.

J'ai toujours eu cette idée que les émotions d'un humain se doivent d'être intime et privées, qu'elles ne se partagent pas. Alors, suivant cette idée, c'est soit je pleurais et m'énervais dans un coin seule, soit je subissais la douleur de la souffrance psychologique.

Souvent, cette envie me vient à l'église, un endroit ou je ne peux évidemment pas m'en aller, donc oui, je gardes tout pour moi.


- Les crises de nerfs viennent de là Mar. Tu ne sais pas t'y prendre à l'intérieur de toi, et même pas à l'extérieur. lâche Antoine

- Je sais. Je crois.

- Écoutes, ce soir je vais rester. On dormira ensemble pour que tu ne te sentes moins seule. Je veux que tu finisses l'année heureuse. Je suis sure que c'est possible. Antoine sourit

- Je le pourrai, si je partais avec Nathan. J'ai besoin de lui.

- Non, tu as besoin de tout avouer à Joy, alors tu restes.


Je ne dis rien, et il m'aide à me relever.

Je cours à moitié jusqu'à ma chambre par peur de croiser le regard de quelqu'un de ma famille. Ce serait un désastre.

Je ne sais pas comment je vais affronter ça demain.

Antoine, par sa grande taille, prend presque toute la place dans mon lit. Il doit pas être loin des 1m90.

Il prend son portable et fait défiler les publications des gens qu'il suit sur Instagram. Malencontreusement, il tombe sur une photo de Gabriel avec Joy. Antoine me lance un regard de pardon et change rapidement de photo.


- Je vais te montrer le profil de Paul, je suis sure tu vs aimer. Je pense que ça va te faire changer d'idées. dit Antoine


Il s'excite et me montre, vraiment, toutes ses photos avec pour chacune un commentaire soit gênant, soit inapproprié, soit sexuel, ou alors romantique voire complètement cucu la praline. Mais il a eu raison, cela a fait dériver mes pensées autre part que dans celle qui me font pleurer.

Le bon point, c'est que je n'ai pas eu à passer par cette étape d'endormissement ou l'on pense à trente-six-milles choses.. Les histoires d'Antoine m'ont très vite endormie.

JOYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant