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La soirée m'a été très compliquée. Mon cœur n'a pas réussi à passer au-dessus des mots de Joy. Cet organe vital que je n'utilisais point avant, qui maintenant s'est réveillé et me fait goûter à une douleur inépuisable. Une douleur qui s'agrandit de jour en jour. Et pourquoi? Parce-que mon esprit refuse de croire en mon corps, en mes désirs, en ma personnalité. Je suis prisonnière de cette fausse moi. Ce clone physique qui porte un mental contraire. Joy a réussi à atteindre mes profondeurs les plus obscures, en poussant sur une critique cruellement véritable.
Le pire, c'est que Gabriel n'a pas bronché. Il est resté cloîtré sur ce canapé en cuir vert. Il m'a suivi du regard. Mais n'a pas poursuivi mes pas. Ni même oser envoyer un message ce soir. Ma solitude s'amplifie, comme ma déception.

En rentrant, je n'ai pas voulu dîner. Mes parents m'ont seulement obligé à rester pour faire la prière. J'ai prié. J'ai demandé à Dieu si il pouvait reécrire cette foutue religion, ces foutus clichés, ces foutus principes, ces foutus jugements, ces foutues traditions.. juste nous laisser vivre librement et dans la paix de l'âme. Sans qu'il ne me réponde, je connais sa réponse. Et il a raison. La religion n'existe pas, mais les Hommes l'ont créé pour pouvoir diriger ce monde. L'Homme ne peut pas vivre sans croire, l'Homme doit croire parce-que l'Homme vit en croyant, et en voulant se satisfaire un maximum. L'Homme ne sera jamais satisfait, alors... Il invente des principes, comme : Adam doit baiser Ève, et non le contraire et encore moins si c'est 2 Èves.

Mais, cette prière ne m'a pas donné l'appétit. Juste une envie profonde d'être seule et de me repentir dans la douceur de mes draps. Ma sœur est venue me voir pour m'apporter l'un de ses fameux thés.

- Je n'aime pas le thé Louise. dis-je méchamment
- Le thé répare les plaies psychologiques. Ma prof de chinois me l'a dit. Tu vas aimer et tu seras soignée. elle répond avec douceur
- Merci Louise.

Je n'ai pas voulu développé plus cette conversation. Ma sœur ne doit pas savoir la raison de mon silence et de ma presque invisibilité ce soir.
Heureusement que mon lit m'a bercé cette nuit et m'a réconforté. Je n'ai pensé qu'à ce qu'a pu dire Joy, ses phrases tournent et vite-voltent dans ma tête.. Je n'arrive pas à me convaincre de ce qu'elle a pu dire à Nora et de la réaction qu'elle a eu surtout. Je ne vois plus le côté doux de Joy, juste son côté cruel qui m'a brisé en quelques syllabes.

Vers 00h, Nathan me sort soudainement de ma profonde tristesse en m'appelant.

- Allô? ma voix est rauque
- Samedi soir tu veux manger chez moi ? il oublie le "bonjour" mais j'entends son sourire
- Une occasion spéciale m'y oblige ? je demande
- Je t'apprécies vraiment. Mes parents veulent connaître l'heureuse élue. il sourit encore, je l'entends

Ma respiration bloque. Il aimerait que je rencontre sa famille. La rapidité que prend cette relation m'effraie. Je ne compte quand même pas le faire douter. Je dois le faire.

- Avec plaisir Nathan.
- Súper ! Je viendrais te chercher demain matin !

Je l'ai remercié avant de raccrocher.

En ouvrant mes yeux, des frissons possèdent mon corps. Le froid me glace le sang. L'Hiver vient. Le mois de Novembre est le pire mois de l'année, et ce matin, je m'en rends de plus en plus compte. Rien ne va au jour d'aujourd'hui.
L'envie d'aller au lycée ne m'eprend pas. Joy et Gabriel sont les deux personnes que je ne veux absolument pas voir aujourd'hui.

Gabriel.. Il s'éloigne. Comme l'a prédit Joy.

Je prends mon pull vert et un jean mom quelconque. Mon visage est sain, blanc et sans maquillage. Mes yeux sont minuscules et mes iris bleus se font sombres.

- Marisol ! Descends ! ma mère cri comme une folle depuis le rez-de-chaussée

Je récupère mon manteau dans l'armoire et je descends rapidement. Mes pas sont lourds et mes jambes ne veulent suivre le mouvement.. Cette journée va être longue.

En arrivant près de ma mère, j'aperçois le visage souriant de Nathan au seuil de la porte d'entrée.

- Qui est ce beau jeune homme ? demande ma mère
- C'est Nathan. je réponds
- Son petit-ami, je suis enchanté. déclare Nathan
- Je suis ravie également !

Ma mère esquisse un sourire qui en dit long. Ça dit "ma fille n'est pas bizarre finalement". Sauf que mauvaise nouvelle, je suis une sale hypocrite qui sort avec un garçon alors que je rêve sur les courbes de ma femme.

Avant de m'échapper avec Nathan, ma mère m'oblige à prendre une pomme. Mais l'appétit se perd. Je n'ai pas envie de manger.
Alors je cours, presque, dans la voiture électrique et très moderne de Nathan. Cette voiture ne pollue pas, normalement. C'est là que je reconnais les idéologies écologiques de sa famille et sûrement de lui aussi.

- Tu es pour l'écologie ? je demande ridiculement
- Je suis vegan. Je te l'avais jamais dit ?
- Non, je le savais pas. Tu le fais pour une cause en particulier ?
- Je le fais pour la Nature qu'on bousille. Je sais que mon corps a ses besoins patati patata.. Mais, on a surtout besoin d'une planète. On est en train de la pourrir. Je pense que en réduisant ma consommation de produits laitiers et de viande est une sorte d'aide. Quand j'en ai besoin, j'en mange. Mais je le fais pour économiser l'eau qu'on gaspille à tout va, pour la maltraitance des animaux, pour éviter les maladies.. il éclate de rire. Bref, j'ai l'air d'un ecolo super chiant..

Je ris avec lui et je le regarde.

- Tu n'es en aucun cas chiant Nathan. Je trouve que ce que tu fais c'est admirable. je réponds

Chaque jours, Nathan sort quelque chose de nouveau. Il m'impressionne. C'est une bonne personne, il est bon. Mon estime envers lui ne fait que grimper et l'estime envers moi ne fait que baisser.

Il continu de me raconter quelques histoires sur ses parents jusqu'arrivés au lycée. J'ai adoré l'écouter parler.. Ses parents m'ont l'air d'être si intéressants. On continu de se raconter des histoires, des anecdotes drôles, triste, ou alors morale.. Je ris beaucoup avec lui. Il m'a apaisé.
Jusqu'au moment de rentrer dans la salle de classe. J'aperçois Gabriel qui me fait un simple coucou de loin. Il est assit aux côtés de Joy, qui elle, ne me regarde même pas. Mon cœur brûle. Comment Gabriel peut-il changer de comportement en même pas un jour? Va-t-il manger avec moi ce midi? Va-t-il me raconter comment ça s'est passé hier avec cette fille ?

Je m'assois avec Nathan. Je ne bronche plus.

- Sol ? Tu vas bien ? Nathan a le regard inquiet
- Je vais bien, ne t'en fais pas. Je suis légèrement fatiguée.
- Si tu veux cette après-midi on ne va pas en cours ? Tu veux faire autre chose?
- Non. Je dois étudier.. Merci quand même. Je vais bien. je souris

Je lui prends instinctivement la main pour le rassurer. Les yeux de Joy me tranchent la gorge et ceux de Gabriel m'étranglent.

JOYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant