Chapitre 11

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Nous avons besoin l'un de l'autre pour combler notre peine, cependant, nous ne sommes pas près à passer le cap. La peur, les regrets nous retiennent, et ça durera longtemps, je crois... très longtemps, parce que Joshua n'est plus.

- Tu hésites, je ne veux pas te toucher si tu as des doutes, Malia, dit-il en se couchant tout près de moi.

- Tu hésites aussi, me défends-je en fixant le plafond, ne pas le regarder m'aide à être franches, je crois. Tu hésites depuis le début, Daniel.

- J'ai envie de toi, réplique-t-il d'un ton bourru. J'en aie tellement envie, Mia, je suis perdu.

- Alors, pourquoi tu as tergiversé avant de m'embrasser ? Pourquoi tu me regardes avec cette intensité, pourtant, je vois la peur dans tes gestes, la peur de me toucher.

- J'ai l'impression de ne pas en avoir le droit, Mia, explique-t-il encore tout en se blottissant contre moi pour me retenir de je ne sais quoi.

- Par rapport à Joshua, conclus-je, et Daniel se crispe, cache son visage dans mon cou, sa respiration est coupée, comme s'il se parlait à lui-même.

- Je fais tout de travers, susurre-t-il en se redressant pour m'observer, sa main déplace inutilement quelques mèches de mes cheveux sur le côté et je reste silencieuse, attends qu'il s'explique. Tu as dit que j'avais droit à une seconde chance, et c'est vrai... comment aurais-tu réagis, toi, si tu avais la possibilité de revivre, de réparer tes tords, de soulager la peine de ceux que tu aimes sans pourtant avoir le droit de révéler certaine chose.

- Est-ce que les secrets sont nécessaire, demandé-je, Daniel me regard enfin, sourcils froncés. Lorsqu'on a le pouvoir de recommencer, il est préférable d'éviter nos erreurs passées, n'est-ce pas ? Et si les secrets, les non-dits, les regrets nous ont poussé à mettre un terme à une vie si précieuse, n'est-il pas préférable d'user de cette seconde chance pour ne pas refaire les mêmes erreurs ?

Daniel me dévisage sans rien dire, ses yeux brillent sous la lumière de la lampe, comme si les larmes s'y installaient, et au premier clignement, elle se déverseraient sur son visage. Je crois que mes mots le font réfléchir, je le voie et je n'ose pas interrompre le fil de ses pensées. L'espoir qu'il se confie enfin, sans filtre, sans omission me noue la gorge, pourtant une petite voix persiste à me souffler qu'il n'en sera rien.

- Tu es si belle, Mia, dit-il en passant son indexe sur mon visage. Tu es belle de l'extérieur, mais aussi de l'intérieur. Tu ignores ce que les gens disent, tu suis ton instinct et même si beaucoup se vante d'avoir cette qualité, ce n'es qu'un mensonge... Les rumeurs éveillent la méfiances... Toi, tu n'écoute pas, ou plutôt, tu n'entends pas ce qui se dit.

- Heu... merci, je bafouille en sentant mon visage se réchauffer, toutefois, je ne comprends pas ou il veut en venir, et pourquoi me décrit-il comme si nous nous connaissions vraiment.

- Est-ce que ça te décevrait si je ne te révèle pas tous mes secrets, Malia ? demande-t-il sérieusement, je fronce les sourcils. Est-ce que tu m'en voudrais, si un jour tu découvres la vérité ? Serais-tu en colère contre moi si j'ose te toucher, te faire l'amour comme j'en rêve, tout en sachant que j'ai menti sur un point essentiel du début de notre relation.

Mon cœur rate un douloureux battement tant son sérieux est effrayant. Des tas d'hypothèses me viennent à l'esprit, ma conscience me hurle de répondre oui, c'est évident. Cependant, la culpabilité, la peur dans ses yeux, son expression affligée me pousse plutôt à le rassurer, le mettre à l'ase pour lui permettre de parler sans crainte.

Daniel doit exagérer. Ca ne peut être que ça. On a tous l'impression que nos erreurs sont impardonnables, qu'elles sont inavouables, horribles, et lorsqu'on en parle, on se rend compte que ce n'était pas grand-chose. Malheureusement, son expression me pousse à imaginer le pire. Et ça concerne directement Joshua, puisqu'il est le lien entre nous. Mes déductions me glacent le sang, c'est insupportable car l'ignorance nous pousse toujours à voir le pire.

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