Chapitre 7

1.1K 163 15
                                    


« J'ai mal, je n'arrive pas à supporter le regard de maman, j'ai été surpris dans une sombre ruelle en rentrant chez moi, je me suis fais battre pour avoir osé répliquer devant ce bâtard d'André. Il riait, putain, il parlait de ma Mia, et disait ces choses horribles. Il ne l'a pas baisé, merde, elle ne le laisserait pas faire... Malia n'est pas comme ça, elle ne mérita pas qu'un homme la souille en répandant ces histoires horribles.

Elle suce-elle est chaude-une tigresse-elle accepte tout.

Menteur. Menteur. Menteur.

J'ai défendu son honneur, me cachant derrière une autre excuse parce que je ne veux pas qu'ils la trouvent et lui disent que je me suis battu pour elle. Ils se moqueraient. Ils lui feraient ce qu'ils me font, et je refuse qu'elle souffre.

Maintenant, j'ai mal partout, je suis seul devant ma mère qui sanglote. Je dois encore mentir. Je dois protéger cette affection qu'elle me voue avec trop de hargne. Elle s'imagine qu'un trop plein d'amour remplacera un père biologique, un autre sans cœur, un isolement forcé, et une vie vouée à la solitude. Parce que personne ne veut de moi... alors, maman m'aime un peu trop »


- Je veux rentrer chez moi, répété-je dans le hall de son gigantesque appartement.

Bras croisé, je refuse de bouger d'un pouce alors que Daniel se met à l'aise, il arbore un calme étrange, son sourire frôle le niais tant il est ridicule, pourtant, ses gestes un brin rigides prouve qu'il est tout autant mal à l'aise que je le suis.

- Nous devons discuter, je te l'ai dit, alors cesse de faire l'enfant et viens t'asseoir, je vais commander à manger.

- On aurait pu discuter chez moi, et manger chez moi, là où je me sentirais en sécurité, claqué-je en le rejoignant dans son salon, Daniel se tourne brusquement vers moi, agacé.

- Je ne vais pas te manger, Malia, ressaisis-toi, nous sommes adultes, merde !

- Surtout toi, le provoqué-je, tu dois avoir la trentaine !

- Trentaine, tu y vas fort, grommelle-t-il, j'ai vingt-cinq ans, deux de plus que toi, et... Joshua.

Je déglutis, son malaise déteint sur le mien. Daniel souffle d'agacement et va prendre le téléphone pour commander je ne sais quoi. Une fois encore, il ne me demande pas mon avis. Tournant sur moi-même, j'observe les lieux, c'est grand, et tellement simple. Rien de trop extravagant mise à part la télévision qui ne semble pas servir, est-ce vraiment chez lui ? Il n'y a aucune photo, aucun cadre, aucun souvenir, comme si tout avait été enlevé.

- Arrête de fouiner et viens t'asseoir, l'entends-je dire depuis le divan.

- Je ne fouine pas, m'indigné-je, j'apprends des choses sur toi, mais je t'avoue que c'est mal parti...

- Daniel LeGrand, j'ai eu vingt-cinq ans fin mai, je suis le plus jeune d'une famille de trois garçons. Matthieu, Joseph, et moi étions proches... je dis "étions", me devance-t-il, parce que j'ai tenté de me suicider au Noël dernier... à cause d'une femme.

- Oh...

- Comme tu dis... oh, m'imite-t-il en grimaçant, je l'approche enfin et prend place à côté de lui, le plus loin possible, j'avoue.

- Tu as survécu, c'est une chance, Daniel, quelqu'un t'a trouvé et t'a sauvé... tu as eu droit à une seconde chance.

- Effectivement, mais j'ai l'impression de la gâcher, Mia. C'est horrible, plus rien n'est clair dans ma tête. Je voulais tellement vivre. Je regrettais mon geste. Je m'en voulais...

Seconde ChanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant