Chapitre 19

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La chambre me rappelle cette première nuit ensemble. La douceur de Daniel, son hésitation, sa tendresse, ses gestes maladroits, son amour, cette façon de regarder mon corps, comme si j'étais la chose la plus précieuse qu'il ait pu voir. On sait très bien que ce n'est pas vrai, parce que comparé à Madison, je suis un thon. Mais Daniel m'a honoré... littéralement.

Je l'entends pester contre son frère et je souris. Daniel ne prend pas de pincette avec sa fratrie, il devrait se montrer plus gentil. Comme quand il est avec moi. Mon doigt glisse sur la couverture propre, ces draps sont si doux sur la peau. Une porte est ouverte et je perçois une baignoire, je me demande si nous pourrions nous détendre un peu ce soir dedans ?

Je remarque des vêtements pliés sur la commode, et la porte juste à côté doit être le dressing. Pourquoi ne les rangent-ils pas là ? A-t-il une femme de ménage ? J'imagine que non, parce qu'elle ne laisserait pas ça traîner là. Je m'approche, repense au cahier de dessin trouvé la première fois, le carnet de Joshua avec mon visage au-dedans, et curieuse, je soulève, tâte, chercher ce dernier fragment de l'existence de Josh.

Pourrais-je le prendre ? Ou juste avoir une page pour l'encadrer...

Je ne trouve rien, ça me contrarie un peu, et ma curiosité me pousse à ouvrir le premier tiroir de la grande commode. Yes. Il est là, et bien qu'une voit me susurre que Daniel semble l'avoir caché, je m'empresse simplement de le prendre et m'assoir sur le lit pour le feuilleter. Mon cœur bat vite, mon ventre se noue et ce chagrin toujours présent se réveille, titille cette culpabilité qui fera partie de moi à jamais.

Joshua avait du talent, ces croquis sont magnifiques, tellement détaillé, et bien qu'il reste des traits par-ci, par-là, on me reconnait clairement. Une chose pique mon intérêt, et mon ventre se crispe, ma nuque me pique, comme quand une mauvaise nouvelle pointe le bout de son nez, mais qu'on n'a pas les mots justes pour l'expliquer. Il n'y avait pas autant de dessin la première fois que je l'ai pris ? Si ? Mes mains se mettent à trembler alors que ma réponse s'impose brutalement.

- Qu'est-ce que...

C'est encore et toujours moi, mais je regarde devant moi, je souris, je me mords la lèvre, ou le bout de l'index. Plus je tourne, plus les images sembles récentes, je ne cesse d'observer le dessinateur, chose impossible puisqu'il est mort. Je suis nue, ou presque sur un page, sein à l'air, à peine réveillée. Je suis couchée sur l'autre, entièrement offerte à... à Daniel. Ce sont des dessins de notre nuit ensemble.

Comment est-ce possible ? C'est lui. Sa façon de dessiner. Ses petites ratures qui donnent plus de charmes aux dessins. C'est sa manière d'illuminer mes yeux, de les rendre plus claires malgré le manque de couleur. C'est lui qui étale le crayon pour ombrer mes traits... Joshua. C'est impossible, merde, Joshua est mort.

- Mia, je...

Je redresse brusquement la tête et Daniel se fige à quelque mètre de moi, il observe le cahier sur lequel mes larmes gouttent. Je ne m'étais pas rendu compte que je pleurais, que j'avais retenu mon souffle, que mes mains tremblent tout comme la pièce danse autour de moi. Je m'accroche au carnet, mon seul reperd fasse à la réalité, parce que les idées qui s'immiscent dans mon esprit son surréalistes.

Daniel blêmit à vue d'œil, sa poitrine bouge comme s'il éprouvait des difficultés à respirer, tout comme moi. Il se passe la main dans les cheveux, bafouille dans sa barbe, il jure contre je ne sais quoi et tente de faire un pas vers moi mais quelque chose le retient... J'imagine que ce sont ses mensonges. J'aimerais me lever pour le secouer, le faire parler, mais je ne peux pas, alors j'attends, tout levant sournoisement mon corps nu étalé sur le papier.

- Malia, je suis désolé, geint-il, ses épaules retombent, comme s'il abandonnait la partie, ou simplement l'idée de garder ses secrets pour lui.

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