Chapitre 23

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Mia ne cesse de me contempler, ses pupilles brillent d'un amour singulier, celui de l'incompréhension, mêlé au bonheur d'avoir une seconde chance. Ses mains sont souvent sur moi, elle me touche, me palpe, dessine les traits de ce nouveau visage de son indexe, et elle sourit. Sa joie est touchante, Malia est vraiment heureuse que mon âme ne se soit pas tout simplement éteinte. Et bon sang, je ne me sens vivant qu'en ses instants avec elle.

Nous avons tout de même du pain sur la planche. Moi, et mes obligations en tant qu'un fils LeGrand. Elle et sa présence auprès des miens, ceux de Joshua. Malia m'a assuré que Thomas fera des efforts en ma présence, et je dois en faire également. J'ai fait l'erreur d'oser la familiarité avec mon petit frère, oubliant son deuil, sa colère, son chagrin pour la perte de celui qui le protégeait...

Oubliant qu'il n'y a plus de regard azuré et de tignasse blonde, mais un regard assombrit, celui de Daniel.

- Dan, je sais que le changement à du bon, mais ta lubie pour la restauration ne doit pas s'immiscer dans ton héritage. L'entreprise à besoin de toi, tes frères également.

Je tressaillis lorsque la grande main de « mon père » se pose sur mon épaule avec affection. Robert LeGrand est un homme étrange, il sait se montrer dur, impitoyable dans le monde des affaires, pourtant, lorsqu'il s'agit du bien de ses enfants, il n'y a qu'amour paternel, bienveillance, compréhension, et je n'arrive pas à le croire, à le comprendre. C'est trop... trop!

Marc n'a jamais eu une once de sympathie pour l'orphelin de père que j'étais. Je n'étais pas son fils, et il me l'a fait comprendre à chaque occasion. Lorsque maman était là, je le voyais faire des efforts, il ne me criait pas dessus, ne me regardait pas avec dédain, il m'ignorait tout simplement. Quand ma mère se fâchait, Marc allait jusqu'à me sourire, rien de plus. J'étais de trop, il fallait que je me fasse discret tout le temps.

Quand Thomas est né, j'ai vu l'amour paternel naître dans ses yeux, la fierté. Son instinct paternel s'est éveillé aux premiers pleurs d'un nouveau née. Mon petit frère m'a donné une raison d'espérer, j'ai cru que jamais plus je ne serais seul, malheureusement, Marc m'a fait comprendre combien je me trompais. Il est devenu violent, j'étais soi-disant un danger... Il se trompait, mais je n'avais pas mon mot à dire. Je devais me taire pour que maman ne m'abandonne pas.

- Papa, nous n'avons pas besoin de Dan pour le moment, laisse-le se chercher, il a peut-être besoin d'espace, réplique Matthieu et je cille pour revenir au présent, toujours crispé par la présence de se père.

- Je suis désolé, marmonné-je, j'ai de nouveau ce besoin de m'excuser, même s'ils ignorent pourquoi.

- Ne t'excuse pas voyons, me gronde Joseph, prends le temps dont tu as besoin.

Je l'observe un instant, sa voix retentit dans ma tête, un souvenir s'éveille et Joseph m'apparaît, plus jeune, il semble furieux et s'adresse à Daniel avec rancune. Les émotions suivent rapidement, le chagrin de ce corps, l'inquiétude pour l'avenir de son frère. Je suis désolé d'être le boulet que je suis ! En dehors de la musique je ne sais rien faire! avait-il hurlé, et j'ai répliqué la même chose que lui. Ne t'excuse pas, prends le temps dont tu as besoin pour te trouver, lorsque tu seras à l'aise, tout ira mieux.

- Je sais que ces derniers mois ont été terribles pour vous, expliqué-je en baissant la tête, mes problèmes avec Madison, ma tentative de suicide, mon coma, et ... J'ai changé. Ça ne doit pas être facile à comprendre, mais je refuse de me laisser faire comme avant. Il y a eu des évènements dont je ne suis pas fier, des choses qui me torturent et que j'ai besoin de régler avant d'être celui que vous attendez tous que je sois.

- Dan, nous n'attendons rien de plus que ce à quoi tu es destiné, gronde mon père. Tu la voulais ta place au siège de LeGrand-Pharma, n'est-ce pas ?

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