Seconde Chance

Chapitre 37

- Il me semble qu'il y a du nouveau dans votre vie, Daniel, ce sourire est contagieux. Dites-moi ce qui vous rend aussi jovial ?

Le docteur Kriss remarque tout, étrangement, cette fois-ci, sa remarque fait que mon visage se réchauffe, et le doux visage de Madison s'immisce dans ma tête. Est-ce elle ? Certainement, depuis que Maddie est entrée dans ma vie, j'ai l'impression de pouvoir lever des montagnes. Plus rien n'a d'importance, ni ces « amis » absents lorsque j'en ai besoin, ni l'absence continuel de mon père, et ces cadeaux d'excuses pour combler le vide qu'il laisse dans notre vie, ni les mensonges de Matthieu et de son amitié trop sincère, pas même Joseph et ses plaintes constante sur tout ce qu'il doit faire par obligation et non pas envie.

Il n'y a que Madison, son sourire, ces moments que nous partageons à ne rien faire. Elle m'écoute, me conseille, me soigne avec affection.

- Il y a une fille que j'aime beaucoup, docteur, avoué-je en jouant avec mes doigts. Elle me fait beaucoup de bien, je crois, je ne broie plus de sombres pensées avec elle.

- C'est donc l'amour qui vous rend aussi heureux, s'esclame-t-il avec satisfaction.

Je fronce les sourcils, son commentaire est déplacé, pourquoi me parle-t-il d'amour ? Maddie et moi sommes jeunes, nous nous aimons beaucoup, mais je doute que ce soit de l'amour. Ça pourrait l'être ? J'ignore ce qu'elle ressent pour moi, elle aime ma présence, elle m'appelle, m'observe sans rien dire pendant que moi je me plains... et j'adore ça.

J'aime savoir qu'elle tient à moi. J'aime l'expression de son regard lorsque nous nous retrouvons enfin. J'aime se sourire rêveur alors que son attention se disperse ailleurs. J'aime ses beaux yeux bleus, j'aime l'odeur de ses cheveux. Je l'aime beaucoup... Oui, je l'aime, et je n'avais pas vu ça comme ça. Ça me terrifie. Que se passera-t-il si elle me quittait ? Si Maddie s'en allait un jour, lasse de moi et de mon attitude.

- Je ne veux pas être amoureux d'elle, dis-je d'une petite voix, le docteur Kriss semble perplexe, déçu.

- Vous avez peur, explique-t-il, c'est normal. Sachez que cette jeune fille ne partira pas, elle restera avec vous aussi longtemps que vous le désirez, cessez de croire que vous méritez d'être seul. Accrochez-vous. Séduisez-là. Faites d'elle le centre de votre monde, parce que toutes les femmes aimeraient l'être.

Devant la grande maison éteinte, je ressasse les séances que Daniel à eu avec son psy. Le docteur Kriss a toujours soutenu cette relation avec Maddie. Comment ai-je pu ne pas m'en rendre compte plus tôt ? Il semblait mécontent lorsque j'ai abordé une nouvelle relation à notre dernière entretient, il a maintenu son pitoyable jeu, a essayé de me faire changer d'avis sur Madison.

Il m'a toujours poussé dans les bras de cette femme.

A chaque fois que Maddie décevait ce pauvre Daniel, et qu'il se plaignait à son psy, le pardon était requis.

Tremblant de déception, je me tiens devant le docteur Kriss. Je suis nerveux, les larmes ont cessés de couler, pourtant, la douleur est toujours présente dans le creux de mon ventre, dans ma poitrine, dans ma tête, l'image de Madison et cet homme ne quitte pas mes pensées, et putain, que ça fait mal de se sentir aussi trahit.

- Daniel, vous semblez bien agité, dites-moi ce qui vous met dans cet état.

- Maddie, elle me ment, bafouillé-je, le dire fait que ça soit plus vrais que jamais. Je crois qu'elle s'est lasseé de moi. Elle ne m'aime plus. Elle était... elle... elle me trompe.

Le visage du psy se crispe de colère, il sait tout de ma relation avec Maddie, et je trouve ça touchant qu'il compatisse à ce point. Le docteur Kriss inspire pour se calmer, depuis le temps que je le connais, j'ai moi aussi remarqué les mimiques qui le trahissent, surtout cette façon de se gratter le sourcil droit. Son attitude m'arrache un sourire.