Chapitre 32

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Il est temps de dire la vérité.

Ou presque...

Malia semble nerveuse, j'imagine que ma demande peu paraître déplacée avec tout ce que j'ai exigé précédemment. J'ai désormais compris qu'il est inutile de se cacher derrière toutes sortes d'excuses. Apporter des fleurs avant que les premières n'aient le temps de sécher, me recueillir sur ma propre tombe dans le secret, car ce n'est pas moi qui y repose, mais un autre... son âme.

- Tu es certain de pouvoir affronter son chagrin, Joshua ? Je trouve que c'est...

- Difficile, la coupé-je en observant le bouquet dans mes mains, ça l'est, Mia, j'ai tellement mal au ventre sous l'angoisse que je vais gerber tes délicieuses crêpes.

J'arrive à arracher un sourire à ma douce, toutefois, Malia reste nerveuse concernant cette confrontation. J'avoue que je ne suis pas très bien non-plus, cependant, j'ai besoin de le faire. Je ne peux rester dans l'ombre de Joshua toute ma vie, celle de maman, je dois trouver les mots pour être officiel, rester à leurs côtés. Sans excuses. Sans mensonges.

Mes pas ralentissent sur l'allée, ma main occupée se cache inconsciemment derrière mon dos et Malia le remarque et entrelace nos doigts pour me rappeler sa présence. Cela dit, le petit garçon au bout du chemin semble ressentir ce contact, et il se détourne brusquement vers nous, me foudroie du regard sans attendre. Thomas va avoir du mal à digérer ce que j'ai à leurs annoncer.

Nous nous approchons, Anna ne pleure pas mais la tristesse déforme ses traits tant le chagrin est grand, et mon mal grandit un peu plus. Thomas est sur la défensive, que ce soit par sa posture, ou par les éclairs qu'il m'envoient alors que ma main tient fermement celle de Malia. Maman remarque notre présence, se détourne sans cacher son étonnement, pourtant, je distingue une émotion étrange par rapport à mon contact avec celle que son défunt fils aimait. Serait-elle déçue ? Non...

- Daniel, bafouille-t-elle sans comprendre. Qu'est-ce que vous faite là, tous les deux ?

Maman me fait face, et je remarque mon petit frère se faufiler entre Malia et moi, il me l'arrache sournoisement, et bien que ça m'amuse un peu, j'avais cruellement besoin de la présence de celle pour qui je vis. Mia ne me quitte pas des yeux, elle s'excuse silencieusement, un fin sourire de soutient soulève ses lèvres, pourtant, la peur persiste à ternir son regard.

Lorsque j'arrive à détendre mes muscles, je montre mon bouquet à maman, et elle écarquille les yeux. Les larmes les font briller, sa main étouffe son sanglot, et ma mère se retourne sur la tombe plusieurs fois pour vérifier qu'il s'agit bien des mêmes fleurs, blanches, toujours, elle comprends que c'est moi ce mystérieux « ami » sincère mais trop timide... malheureusement, elle saisit également le reste. Mon approche...

- Anna, je dois vous présenter mes excuses, dis-je avec l'envie de baisser les yeux. Durant toutes ses semaines, j'ai volontairement caché mon lien avec votre fils.

- Un lien, répète-t-elle dans un souffle.

- Oui... Un lien.

Ma voix meurt dans ma gorge, on souffle se rétracte dans mes poumons et je me retrouve en apnée, suffocant dans ma propre tourmente. Pardonne-moi, maman, pardon de te faire autant de mal. Malia m'interpelle, du moins je crois, ses prunelles brillent de compassion, elle hoche la tête pour m'encourager à poursuivre, mais je ne peux pas... je suis terrifié.

- Je ne te crois pas, intervient Thomas. Maman, il ment !

- Thomas, je t'interdis de parler de la sorte à plus âgé que toi ! le réprimande maman, et je recule. Thomas me déteste.

Seconde ChanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant