Seconde Chance

Chapitre 4

- Merci, soupiré-je en plissant les yeux car il reluque mon corps sans gêne, quel culot !

- Tu pensais vraiment pouvoir entrer toute seule habillée de la sorte, ricane-t-il en reculant d'un pas, tu as de la chance que je sois là, allé, viens.

- Ou ça ?

- Ou ça, m'imite-t-il encore, on va manger, Anna sera contente de te voir, et je crois que nous devons parler tous les deux, explique-t-il en évitant mon regard. Ne dis rien de compromettant, je ne m'implique pas dans le passé de Joshua, tu comprendras pourquoi très vite.

- Et je dis quoi, grommelé-je en le suivant tout de même. Tu crois que ça lui fera plaisir de savoir que je pleure son fils et je me ramène ici avec un autre homme ? Et j'ignore comment tu t'appelles, ça ferais louche, tu ne trouves pas ?

- Daniel, juste, Daniel, et ne t'avise pas à m'appeler, Dan. Gronde-t-il en regardant à l'intérieur. Anna saura qu'on n'est loin d 'être un couple, crois-moi, réplique-t-il moqueur. Tu nous as regardé, Malia? On est loin d'avoir des choses en commun mise à part Joshua.

Daniel. Je l'appellerais, Dan exprès, cet abrutit ! ... non, je ne le ferais pas.

- Je t'emmerde, craché-je vexé.

- Oh, arrête, ne te fâche pas pour si peu, Mia, sais-tu que Josh n'a pas arrêté d'entendre ce genre de connerie, explique-t-il froidement, peut-être qu'il te repoussait pour ça... il ne désirait pas te tirer vers le fond.

Mon coeur se comprime de chagrin, je dois déglutir plusieurs fois pour ravaler ma peine et je le suis, tête baissée. Jamais je ne serais entrée sans lui, de un, parce qu'on m'en aurait empêché tant j'ai l'air ridicule face aux autres personnes ici présente, et de deux, parce que les prix doivent être exorbitant.

Daniel est accueilli comme un prince, on ne lui demande pas sa réservation, c'est lui qui demande une table "habituelle". Une bienveillance m'envahit alors que j'imagine cet ami venir secrètement, comme au cimetière, il donne sans doute de grand pourboire à Anna, la soutient à sa manière, mais pourquoi ne l'approche-t-il pas directement ? Elle serait tellement heureuse de le connaître.

- Monsieur LeG...

- Faite venir Anna, je vous prie, coupe-t-il la serveuse qui s'empourpre.

- Bien, monsieur.

- Tu pouvais rester poli, le réprimandé-je en me sentant toute petite parmi le grand monde.

C'est si beau, ici, et bien qu'il y ait énormément de table, chacun possède sa propre intimité, comme c'est romantique. Je sens un regard sur moi, et l'embarras m'envahit tant je dois paraître ridicule à gigoter autant, à observer les assiettes des autres, leur façon de manger, mais Daniel ne me dit rien, il se contente de lever les yeux au plafond, un brin amusé.

Il pourrait être plaisant sans cette méchanceté, cette brutalité dans ses propos, cette colère.

- Mia ? Qu'est-ce... Bonjour, Daniel, comment allez-vous ? bafouille Anna, je suis bouche bée. Elle est très belle dans cet uniforme de travail. Est-elle serveuse ?

- Bonjour, Anna, je vous présente une amie, Malia, que vous devez connaître, nous présente-t-il avec hypocrisie. Il sait qu'elle sait, bordel !

- Effectivement, Mia était une amie de mon fils, explique la mère en deuil, le chagrin ne quitte pas ses yeux une seconde.

- Je voulais vous rendre visite, mais, j'ignorais que l'établissement était... Aussi chic, dis-je en souriant timidement, soulagée de ne pas voir de déception dans ses yeux.