Being in apnea

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Being in apnea 

P.O.V Of Hope 

Quelques heures après mon cauchemar, je me trouvais assise au bord de la nouvelle piscine que les garçons avaient fait construire il y a un peu moins d'un mois. Mes pieds se balançaient furtivement dans l'eau, créant quelques remous, mais je n'y prêtais pas vraiment attention. Pourtant, je sentais bien l'eau venir lécher mes chevilles, puis des vaguelettes créées par mes mouvements qui venaient s'échouer un peu plus haut au niveau de mes tibias. J'entendais aussi un peu plus loin les éclats de voix de mes amis, mais je ne les rejoignis pas pour autant. Et pourtant, ils étaient tous là. Emma, Niall, Louis, Liam, Zayn, Luke, Calum, Ashton, Michael et Harry (et Snow). Mais pour autant, cela ne me faisait ni chaud ni froid. Je n'avais aucune envie de les rejoindre autour du feu qu'ils avaient allumé pour se griller des marshmallows. Je me sentais trop vidée pour ça. Plus que jamais je me sentais glacée de l'intérieur, et Dieu sait que ce n'est pas la première fois depuis mon enlèvement. Mais le fait est que je n'avais pas eu de cauchemar aussi violent depuis un certain moment. J'en avais toujours, je ne dis pas le contraire. Mais d'habitude ils se cantonnaient à des souvenirs incomplets, comme des sortes de flash qui auraient été assemblé en un kaléidoscope de souvenirs. Donc... oui, dans ces moments je me réveillais couverte de sueur et en larmes, mais pas avec ce vide en moi. J'avais l'impression de ne plus rien ressentir, comme si quelqu'un était venu dans mon sommeil pour ligaturer mon hypothalamus et ainsi m'empêcher de ressentir des émotions concrètes. Je n'avais même plus le besoin de pleurer. Je gardai juste mon regard plongé dans un vide dont moi-même je ne comprenais pas ce qu'il avait d'attirant. 

Si j'avais été en pleine possession de mes moyens, je me serais rendue compte qu'il s'agissait du contre-coup du rêve. Après qu'Harry m'avait réveillé, il lui avait fallu une vingtaine de minutes pour parvenir à me calmer complètement, à son plus grand damne. J'avais bien vu que pour lui cela avait été une épreuve éprouvante. Harry était un homme de contrôle, dominant. Quelqu'un qui a besoin d'exercer le contrôle dans tous les domaines, et cela comprend aussi ses relations amoureuses. Mais là, il s'est retrouvé démuni, sans être capable de prendre les rênes de mes pensées. Il est incapable de me détourner de mes cauchemars, personne n'en est capable. Enfin, si, quelqu'un le peut. Ou plutôt, le pourra un jour. Moi. Mais au jour d'aujourd'hui, j'en suis absolument incapable, j'ai bien trop de merdes qui sillonnent mes pensées, et je ne suis pas dans la capacité de les bannir de mon esprit. Et cela terrorise Harry. J'ai vu dans ses yeux que ça lui faisait peur, il a peur de ne pas savoir m'aider, peur que je finisse par m'effondrer et ne plus savoir me relever et par la même occasion, peut-être même la peur de me perdre. J'aimerai pouvoir l'apaiser, lui dire que je vais bien, que c'est juste un petit coup de cafard par-ci, par-là. Mais ce serait mentir. Et Harry a en horreur le mensonge, et il est capable de le détecter très efficacement. Alors je ne dis rien. Les mots ne sont pas nécessaires, il sait très bien la vérité. Et la vérité c'est que je suis cassée. Pendant des mois j'ai essayé de me convaincre du contraire, en me répétant tous les jours comme un mantra que j'étais une survivante. D'un point de vue, oui, c'est vrai, j'ai survécu, je suis toujours en vie. Il est aussi vrai que je me bats pour combattre les souvenirs, notamment en voyant une fois par semaine la psy que mes parents m'ont trouvé il y a un mois. Mais... une survivante ne serait pas brisée comme moi, pas vrai? Elle saurait pointée son majeur vaillamment en direction de son passé, et se retourner sans même se poser de question. Pas moi. Mais j'espère un jour en être capable. Mais l'espoir s'effiloche au fil du temps qui passe. Et j'ai de plus en plus l'impression d'être constamment en apnée. D'autant plus quand des rêves aussi violents viennent assombrir le tableau. 

Je sortis de mes pensées quand j'entendis vaguement des pas se rapprocher. Je ne relevais même pas la tête, je me fichais complètement de savoir qui se rapprochait. De toute façon, pour ce que ça vaut... Je secouais furtivement la tête en retroussant le nez au moment où je fronçais les sourcils. J'avais presque l'impression d'être en train de planer, d'être dans un autre monde. Détachée de ces festivités entre amis, détachée de mes amis eux-mêmes, de mon petit-ami. En réalité, j'avais la sensation d'être détachée de mon corps et que mon esprit s'égarer sur des chemins conduisant tout droit vers la destruction et la désolation. Et c'est parce que je ne ressentais rien d'autre que le froid à cet instant, que je ne me fustigeais pas d'avoir des pensées aussi lugubre. Comme si, j'avais fini par me résigner. Alors même que je me revoyais dire à ma psy "oui, j'ai accepté ce qu'il m'est arrivé". Hein, hein. C'est faux. Totalement faux. Accepter quelque chose, c'est reconnaitre qu'une chose est arrivée et faire la paix avec ça en toute liberté. Se résigner, c'est reconnaitre qu'il s'est passé quelque chose, l'accepter sans aucune réelle volonté, et sans pouvoir passer à autre chose.  Et il me fallait bien reconnaitre que c'est ce que j'avais fais. Ma psy serait tellement heureuse de me l'entendre dire. Elle me dirait surement un truc du genre "le premier pas vers la guérison c'est de reconnaitre que tu n'es pas en paix avec ce qu'il t'est arrivé". Et elle aurait raison, merde. J'ai énormément de respect pour les psychologues, moi-même, avant tout ça, je rêvais d'en être une. Mais au vu des récents événements, et de ma façon de me conduire en séances, je doute d'en être un jour capable. 

My Dark AngelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant