So. [ FR ]

Chapitre 14 : Nightmares.

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Je me sens plus légère, moins lourde d'un seul coup, et je ne me rends pas encore compte que je suis en plein rêve. J'ai l'impression de voler, vers un autre univers, un autre endroit, loin du présent. 

Cela se passe toujours ainsi dans mes cauchemars et mes rêves. Je vis la scène que mon subconscient veut que je vois, comme si elle était réelle. Je distingue absolument chaque détail, et à chaque fois, je me souviens de tout à mon réveil. Mais malheureusement pour moi, ce ne sont pas la plupart du temps des simples songes que juste mon esprit vit.  Car ces moments ont déjà existé. 

Je me trouve dans mon salon de ma maison d'Orlando. Les odeurs de cannelle et d'orchidée chatouillent mon nez, m'emplissant de nostalgie. Je distingue deux têtes dépassant du canapé en cuir gris, en face de la télévision, où un match de football se déroule. Plus précisément de l'équipe de France. Mais ce n'est pas ça qui attire mon attention. 

Ce qu'il m'attire, c'est le fait de me voir petite fille, alors que je suis désormais une adolescente. Mon corps d'enfant est sur le parquet de la cuisine ouverte sur la pièce à vivre, et je me vois les genoux repliés contre mon torse, secouée de soubresauts et pleurant. Lorsque mon moi de petite fille lève la tête, je distingue une immense marque rouge sur ma joue droite. Mes bras sont remplis de feutres, et mes cheveux bouclés à l'époque comme décorés de morceaux de Scotch. 

Cette époque de mon existence sera sûrement la pire que j'ai vécu. 

Cette période où seuls les pleurs et la souffrance constituaient ma vie. 

Cette partie où je me faisais harceler par trois garçons de mon école, sous prétexte que j'étais trop petite et trop seule pour qu'ils ne le fassent pas. 

Mes parents n'étaient pas là à ces instants. Leurs boulots remplissaient leurs agendas à plein temps, et jamais ils ne se trouvaient à la maison. Et à aucun moment mes géniteurs ne se sont rendus compte que leur fille unique était la petite victime de trois garçons, et de parfois une classe entière lorsque ces derniers décidaient de les entraîner. 

 Je n'ai jamais su me défendre par moi-même. J'ai eu beau tenter, rien n'a marché. On dit toujours qu'il faut le dire aux adultes lorsque nous sommes victimes d'harcèlement, et que dans la plupart des cas, après l'avoir fait, tout se stoppe, mais cela n'a pas été mon cas. Les personnes majeures ont jugé ma souffrance comme "disputes d'enfants" et mes parents les ont cru, pas du tout alarmés par mes pleurs dans le bureau du directeur quand ils ont été convoqués. 

Alors les moqueries lorsque ma timidité refaisait surface au tableau en poésie, les morceaux de Scotch dans mes cheveux, mes bras qui étaient pris pour des feuilles à dessin et les claques à la récré, tout ça a duré. Presque pendant deux ans et demi.  

Cela a duré longtemps, plus précisément jusqu'à l'arrivée d'Alex et Clément dans mon école en CM2. Ces deux garçons déjà très grands et trop matures pour leurs âges, ces deux jumeaux qui réussissaient en tout, ceux deux-là étaient presque craints des trois mecs qui m'harcelaient. 

Tandis que mon petit corps est transporté dans un autre univers, je sais parfaitement ce que je vais revivre. La fois où mes deux meilleurs amis m'ont sauvée. 

***

Flash-back : 

Je suis assise sur mon banc brun à moitié cassé au fond de la cour, celui où jamais personne ne vient m'embêter en général. Il y a trop de buissons à affronter avant d'arriver ici sans aucune griffure. Les deux jumeaux Alex et Clément eux jouent pas très loin de moi au ballon de foot, mais je me fais toute petite pour qu'ils ne me voient pas. Je ne les connais pas, et je ne sais même pas si ils sont avec eux. Alors je me contente de manger mes trois biscuits au chocolat, sans tenter de les approcher. 

Mais ce n'est pas leurs avis. 

Les trois garçons viennent me voir, et je ne comprends pas pourquoi ils sont là aujourd'hui. Jamais ils ne parviennent à me trouver ici. 

"Salut la Minimoys ! 

Ils se mettent à côté de moi, sur le banc, et le plus grand, le brun, me pique mes biscuits. Je me laisse faire, et baisse la tête. Le blond quant à lui me regarde en souriant et l'autre, celui qui ne me fait jamais rien, se contente de fixer les deux jumeaux au loin. 

-Alors comment vas-tu aujourd'hui ? Très bon biscuits. 

-Ne...me touches pas. 

Le grand brun me pousse vers le bord du banc, pour que je tombe, mais je me raccroche. Par manque de force, je me retrouve dans l'herbe, mon pantalon blanc tâché d'herbe et de terre. Les larmes me montent aux yeux lorsqu'ils rient tous. Je ne m'en rends pas compte, mais Alex et Clément arrivent vers moi. Le plus méchant avec moi s'approche et se lève, me donnant un violent coup de pied dans le ventre. J'hurle, tentant d'appeler à l'aide, et je vois le brun se faire tirer en arrière. Derrière lui se trouve Alex, celui aux cheveux noirs. 

-Tu la lâches. Tout de suite. 

Je me relève, aidée de Clément, qui m'a prit les bras. 

-Et si je ne veux pas ? 

-Tu feras comme si t'en avais envie. 

Le regard d'Alex devient glacial, et j'ai presque peur à cet instant. Cette scène est vraiment mature, tout comme les paroles des deux jumeaux. Les deux acolytes du grand brun dont je ne connais pas le nom parce-qu'il n'est pas dans ma classe partent presque en courant, tandis que moi, je suis bloquée contre Clément, et que Alex est en confrontation avec celui qui m'harcèle. 

-Alors que fais-tu maintenant ? Tu vas continuer ? 

-Non. Que lorsque tu seras parti. 

-Tu n'as pas intérêt. 

-Pourquoi ? 

Clément me lâche, et je suis soulagée, mais Alex regarde avec méchanceté le brun. Clément me fait un câlin parce-que je tremble et lorsque je me retourne pour regarder Alex et mon harceleur, mon futur meilleur ami prononce des paroles qui vont changer le cours de ma vie. 

-Parce-que sinon on se battra à la loyal, Matt." 

***

Je me réveille en sursaut, perturbée par ce flash-back, et deux prunelles grises luisent dans l'obscurité de ma chambre. Qu'est-ce qu'il fait là ? 

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J'espère que ce chapitre vous a plu, il n'est pas pareil que les autres en tout cas !

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